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" Gueule cassée. " Expression inventée après la Première Guerre mondiale. " Mutilé de guerre blessé au visage ". Pensez à " Gueules noires ". De fait, il s'agit de visages qui n'en sont plus, que l'on ne nomme plus de ce nom.
Car si le corps mutilé est une chose terrible, qu'en est-il du visage ?
Quand le corps est mutilé, on ne regarde pas le lieu de la mutilation de l'autre. On pose les yeux ailleurs. Sur le visage avant tout, justement ; on le privilégie même, pour le regarder en face, là où il est quelqu'un, où c'est bien lui ; on le regarde au lieu par excellence de la rencontre, manière de lui dire qu'on le reconnaît. Mais une gueule cassée ?
Celle du clandestin qui tente la traversée, celle de l'enfant qui mendie pour survivre, celle de l'ouvrier dont on " tue " le haut fourneau, celle du cadavre sans nom, celle du bébé parqué devant une télé " faite pour lui ", celle de l'Afrique qui meurt de soif...
Les récits de Nicole Malinconi parlent du malheur de l'homme - celui qui est tout proche, celui que nous pourrions être, celui qui nous émeut.
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