"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce n'est pas la première fois que je lis un roman d'Alice Ferney. Je suis toujours restée dubitative, prise entre deux : j'aime la plume, mais je n'accroche pas au roman. Avec celui-ci c'était différent. Sans surprise j'ai tout de suite adhéré au style d'écriture. Une plume fluide, légère sans un mot de trop. Une écriture qui vous transporte.
Et puis cette histoire ! Quelle histoire ! La vie des gitans sans fioriture, sans pathos non plus. Mais leur mode de vie, leurs difficultés étalés devant nos yeux. Les enfants et leur innocence, les femmes et leur condition de vie, les hommes et leur impuissance. Il y a l'amour, la joie, mais il y a aussi le rejet, la honte.
Et puis il y a les livres. La puissance des livres, des histoires pour se sortir de ce monde englué. La lecture qui permet une ouverture culturelle, mais aussi un lien vers les autres. La lecture, elle rassemble, les livres acceptent tout le monde.
J'ai été profondément émue.
Grâce et dénuement est le premier titre d Alice Ferney que j'ai découvert. C'est celui qui m'a fait tomber amoureuse, il a donc forcément une place particulière dans mon cœur.
La communauté gitane.
Je n'y connaissais rien, là, j'ai eu l'impression de lire au coin du feu, à Sainte-Marie de la mer.
C'est une histoire de rencontre impossible, improbable.
Celle d'Esther, une bibliothécaire qui croit que lire des histoires à des enfants, c'est les armer pour la vie.
Et celle d'Angeline et de ses gosses libres et sans mots, sans évasion possible.
Un livre magnifique, qui se lit vite, puis se relit, pour savourer une mélodie, encore et encore.
Il est certaines rencontres qu'on n'oublie pas. Esther, cette gadje bibliothécaire qui s'invite dans un camp de gitans, va marquer la vie de ces derniers. A travers elle, on découvre le quotidien d'une population souvent décriée, parce que mal connue. Comme Angeline et sa famille, on éprouve ce sentiment d'être en dehors de ce monde, étranger aux codes et aux règles qui le régissent. L'auteur décrit avec pudeur chacun des membres de la famille, ses désirs, ses craintes. Une réalité belle, parfois cruelle, qu'on effleure et qui touche en plein cœur.
Rarement un roman a si bien porté son titre...
Une famille de gitans : la Vieille, ses 5 fils, les belles-filles et les petits enfants. Un camp improvisé sur un terrain vague, la liberté, la précarité, la vie, l’amour, la mort...
Et Esther la gadjé qui vient tous les mercredis lire des livres aux enfants, qui croit au pouvoir des mots et des histoires, que ceux-ci permettent d’entrer en relation, d’ouvrir la communication, de provoquer l’émerveillement et la curiosité....
Après la méfiance et le scepticisme, ces moments de lecture suscitent l’intérêt et l’impatience...
Un magnifique texte bourré d’humanité et de délicatesse, qui me convainc une fois de plus de la beauté de l’écriture d’Alice Ferney.
J'ai eu un immense coup de cœur pour le film Éternité, adapté du roman L'élégance des veuves d'Alice Ferney.
J'avais très envie de découvrir son écriture et on m'avait vivement conseillé de lire Grâce et dénuement.
La sensibilité de cette auteure est sûrement ce qui me touche le plus.
Ces textes transpirent de cet amour qui me happe tant : l'amour maternel.
Cette capacité de m'émouvoir irrémédiablement, de cette beauté de raconter aux lecteurs, les sentiments les plus forts que l'on porte à nos enfants et à notre famille sont d'une justesse remarquable.
Comme dans l'élégance des veuves, ce sont les femmes qui sont à l'honneur dans ce très beau roman Grâce et dénuement.
Ici, nous allons suivre le parcours de plusieurs femmes.
Elles sont fortes et combattantes, luttant contre les adversités de la vie qui ne les épargne pas.
Leurs priorités sont la famille, les enfants et la survie.
"Parce que l'amour des enfants, dit-elle, on le sent vivant dans sa poitrine et dans son ventre. C'est là qu'il habite, dit-elle en mettant la mais à plat sur son gros ventre."
La puissance de ces femmes qui portent à bout de bras toute une communauté.
Leurs dignités sans faille, leurs honneurs, leurs douleurs dans les cris, dans les larmes et dans les silences.
C'est beau,
C'est fort,
C'est juste.
Et dans ce récit, je l'ai ressenti intensément, Alice Ferney nous raconte cette histoire d'une manière incroyablement belle et intense et à la fois tellement percutante que j'ai été captivée par ces personnages et ces destins si malmenés par la vie.
Malgré des sujets qui n'ont rien de légers comme la pauvreté, la misère sociale, l'illettrisme, la violence, c'est un roman SOLAIRE !
Une ode à l'espoir et à la tolérance, pleine d'humanité qui m'a beaucoup touchée.
C'est un roman fort, puissant et d'une grande générosité.
C'est un livre comme je les aime.
Sincère, vrai et entier.
Je vous le conseille vivement.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2018/11/grace-et-denuement.html
Ils n'ont aucun papier, ils occupent un terrain sans autorisation, les parents sont illettrés, leur dernier enfant n'a pas été déclaré à la mairie. Ils sont des gitans de France, des cinq fils aucun n'aurait songé à quitter leur mère Angéline, cela aurait été un déshonneur. Ils vivent donc avec leur femme et leurs enfants sur un terrain privé appartenant à une vieille institutrice. le ravitaillement sans argent, l'eau que l'on puise à la pompe, les sources occasionnelles de revenu, voilà leur quotidien. Et puis, un jour apparaît Esther, elle compte sur les livres pour les apprivoiser.
« C'était la responsable d'une bibliothèque. Elle pensait que les livres sont nécessaires comme le gîte et le couvert. »
Et peu à peu les femmes se confient, les enfants s'attachent et les hommes observent dont Angelo le seul célibataire qui se retrouve amoureux avant même de comprendre ce qui lui arrive. Cette femme là, marié, mère de trois garçons, n'est pas pour lui, il faut s'empêcher de tomber dans des amours impossibles.
Grand merci à notre amie Colette de nous avoir offert ce petit bijou. Publié en 1997, je n'avais jamais eu l'occasion de lire. J'ai tout de suite été emporté par la qualité littéraire de ce roman. Alice Ferney nous introduit au coeur d'un camp de gitans sédentarisés en banlieue parisienne. Elle évoque avec beaucoup de pudeur l'exclusion, l'illettrisme, l'intolérance, les rapports hommes-femmes, l'importance de l'éducation, la place de l'école et des livres.
« Le mariage tzigane c'est sur l'honneur, une femme tzigane elle supporte le mari comme il est, elle a de la chance quand il ne la bat pas et que sa belle-mère est gentille. »
Chaque groupe de personnages a son importance, les femmes bien sûr, dont Angéline la matriarche, mères avant tout, « Si les promesses sont sacrées, celles faites aux enfants le sont plus que les autres. » Les hommes et leur fierté « Rares sont les gitans qui acceptent d'être tenus pour pauvre, et nombreux pourtant ceux qui le sont », et les enfants naïfs et sensibles « Ils n'avaient pas les jouets que reçoivent d'ordinaire les enfants, mais ils avaient la liberté. Ils faisaient un butin de tout ce qu'ils ramassaient. Ils allaient et venaient comme bon leur semblait. » Et au milieu Esther, la bibliothécaire qui va leur faire découvrir Jean de la Fontaine, Babar, Perrault, Andersen et Saint-Exupéry.
C'est donc bien le quotidien de cette tribu que l'auteur nous invite à partager, les naissances, les décès, les fêtes, les violences et l'amour.
Les dernières pages où Angéline a décidé d'arrêter la route de sa vie et convoque une à une ses belles-filles pour leur transmettre le sens de leur vie sont absolument magnifiques. Un roman rempli d'humanité où l'auteur sait à merveille nous faire entendre les sentiments inavoués, les désirs brimés et surtout que la grâce peut se trouver dans le dénuement absolu.
Ce roman nous parle de la rencontre entre une famille gitane et Esther, une bibliothécaire.
Cette famille, composée de la matriarche, Angéline, de ses 5 fils, de ses 4 belles filles et de ses petits enfants, a posé ses caravanes sur un terrain privé, sans eau sans électricité, appartenant à une institutrice à la retraite, avec pour seules richesses l'amour qu'ils se portent et la fierté de ce qu'ils sont.
Esther, ancienne infirmière reconvertie en bibliothécaire, mariée et mère, décide d'initier les enfants à la lecture en venant chaque mercredi matin
Au fil du temps, des liens forts et tendres vont se tisser entre les gitans et la "gadjé" comme ils l'appellent. Il y aura des interrogations sur sa présence, sur ce qui la motive à faire la lecture et à les aider.
Mais cette présence reste ambivalente car d'un côté elle apporte une bouffée d'oxygène à ces enfants et à ces femmes, les hommes restant toujours en retrait mais d'un autre elle est prise de conscience de leur condition de "paria", de vie en marge de la société et d'analphabétisme .
Au delà de cette relation, il est question du regard et de l'attention portés par notre société sur ceux qui vivent en marge de celle-ci et sur la difficulté qu'ils peuvent rencontrer pour essayer de s'y intégrer car dans l'inconscient collectif qui dit gitan, dit voleur, dit fainéant, dit sale.
Je le recommande car il est très bien écrit et Esther développe beaucoup d'empathie pour ces personnes qui sous des airs rustres sont fort attachantes.
Immersion totale au sein d’une famille de gitans : Angéline, veuve et vieille avant l’âge, a la main mise sur ses cinq fils (Lulu, Angelo, Antonio, Simon et Moustique) et ses quatre belle-filles (Misia, Helena, Milena et Nadia), de même que sur sa dizaine de petits-enfants (Anita, Sandro, Carla, Mélanie, Mickaël, Hana, Joseph, Priscilla et le bébé Djumbo).
Esther, bibliothécaire dans la ville où ils se sont installés, va les apprivoiser les uns après les autres, en apportant des livres chaque mercredi, leur faisant la lecture, et s’intéressant à la rudesse de leur vie. Angelo, le seul célibataire tombera follement amoureux d’elle, tout en sachant cet amour impossible : la gadjé est mariée et a trois fils !
Esther se battra pour leur donner accès à la culture, à l’école. Ne pourra hélas pas éviter leur expulsion du terrain mais ne les perdra jamais de vue.
Amour, violence, désir, jalousie, drame et mort, Alice Ferney nous décrit ses moeurs tziganes avec une belle lucidité, en utilisant toujours les mots justes, et une très grande délicatesse. Un roman magnifique et digne.
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