Dans un Paris qui se prêtait encore aux errances merveilleuses, Les génies de la Bastille, assoiffés de lectures, d'alcools et de liberté, qui regardaient vers Lisbonne et ses oeillets, avaient su faire de leur quotidien une fête lucide. Le ronronnement du solex de Clonck, dans les rues du douzième arrondissement, la mousse des chopes de la brasserie Pschorr et l'ombre tutélaire du génie de la Bastille au-dessus d'eux, Glenn au piano jouant Monk's mood, les doigts de Pedro assemblant en un cône parfait trois feuilles de papier à cigarette, l'éclair vert du regard de Liz, le feuillage à la fenêtre du squat de Dinah... Et Lisbonne, enfin, alanguie, merveilleuse, toni-truante dans la brume de chaleur l'enveloppant, quelques années plus tard, quand tout fut perdu. Restituer cet " air du temps " intact, plein de cette générosité, de cette disponibilité à l'utopie, c'est la grande réussite de ce livre, sans nostalgie ni amertume.
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