"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le cadre d'un jeu de téléréalité, Gaspard de Ronsard doit traverser l'Asie en stop. Son périple tourne court lorsqu'il chute d'un pick-up et échoue au fond d'un fossé...
La suite se déroule entre Paris et un village égaré dans les rizières du Nord Vietnam. On y rencontrera une brocanteuse cartomancienne, un détective fleur bleue, un diariste fantasque, des producteurs de télé affolés, et une vieille chef de tribu acariâtre, My Hiên.
Celle-ci n'a qu'une idée en tête : obliger Gaspard à sauver son peuple d'un danger imminent.
Parviendra-t-il à rentrer chez lui ?
Dans ce roman drôle et déluré, chacun cherche quelque chose à l'autre bout du monde, pour le meilleur comme pour le pire. Mais il faut peut-être accepter de tout perdre si l'on veut se retrouver...
« Gaspard ne répond plus »…Un conseil, n’insistez pas, ne le rappelez pas, oubliez-le !
Son histoire, qualifiée en quatrième de couverture, de « roman multicolore, multiculturel, multifacettes», ne m’évoque qu’un long, très long, beaucoup trop long filet d’eau tiède dont une bonne partie (le journal retrouvé dans la malle) me fait penser à un recyclage « multi-fourre-tout » de chroniques sans liens évidents avec ce récit. On n’oublie pas que l’auteur est aussi chroniqueuse de télévision et on imagine ainsi que ces petites tranches de vie ou blagounettes (si on veut se référer à un petit homme qui eut, lui aussi, son quart d’heure de gloire) furent utilisées avec succès à la télévision. Il était tentant de les réutiliser à l’écrit mais, sans rires enregistrés, l’effet se dilue quelque peu. On subit ensuite un fabliau écologico-décroissant sur la perversion du progrès (en clair l’électrification du hameau) auquel une courageuse villageoise s’oppose contre tous ses voisins (la vérité, seule contre tous, que c’est beau !), avant de pouvoir déguster l’apothéose finale où tout le monde s’embrasse et se congratule avec, cerise sur le gâteau, la bonne nouvelle qu’on attendra encore pour électrifier le village !
Que de stéréotypes et de caricatures !
Le viticulteur de St Pourçain (Meursault ou Vosnes Romanée, ça n’aurait pas marché, pas assez « beauf »), qui prend Gaspard en stop, a fait la guerre d’Algérie et forcément « cassé du bicot et croqué des p’tites pieds-noirs plus chaudes que la braise…ses propos me donnant la nausée,… ».
Le provincial mal dégrossi, « bête comme le foin » (il le reconnaît lui-même), se faisant « balader » dans Paris par un taxi malhonnête qui lui fait rater sa correspondance sncf.
Des Français « venus vendre au Nigeria deux tonnes de médicaments périmés (puis) protégés d’un lynchage par une population outrée d’être ainsi dupée par des Français sans vergogne.»
La candidate de téléréalité ayant transféré son cerveau dans son corsage, prête à tout pour passer à l’antenne.
La Grande Journaliste d’Investigation assumant tous les risques et avançant masquée pour dénoncer l’imposture de la téléréalité.
Des exagérations et des facilités de langage : « quand il eut la peau aussi douce que les fesses d’un bébé » (on lui a rasé la barbe),…puis quand un autre se promène dans la circulation intense et indisciplinée d’Hanoï, cela donne « j’ai manqué me faire tuer à mille reprises. Dieu merci, j’ai encore quelques réflexes mais il s’en est fallu d’un cheveu chaque fois ». On apprend que la capitale est assez peuplée « il y a un million de piétons au mètre carré » et quand il se réveille, c’est « en proie à mille pensées macabres ». Six lignes plus bas, « mille questions l’assaillaient ». Plus loin, « c’est moi qui ai failli me tuer mille fois ». On imagine, dans le cadre d’une reconstitution franchouillarde de la France des années 60-70 dont l’auteur semble se délecter, faire banco avec le jeu des « Mille francs ». Presque déçu, on croit y échapper…en fait non, il suffisait d’aller une centaine de pages plus loin. Pour une prochaine édition, je propose de situer le jeu en Limousin, sur le plateau de… Millevaches.
Je dois préciser que je ne suis allé au bout de cette lecture que parce que je m’y étais engagé tout comme à donner un avis sincère. Il l’est, même s’il paraîtra sûrement trop sévère, j’en conviens. Gageons que, comme tout produit bien « marketé », cette publication saura trouver son public dont il est évident que je ne suis pas.
Un livre plutôt drôle et agréable à lire.
Bien travaillé, le roman nous fait découvrir les intrigues en alternant récit, dialogue, journal intime pour suivre la vie de quelques personnages (les parents morts, la tribu où il est enfermé, le staff de l'émission de télé réalité...) autour du héros ou de l'anti héros qu'est Gaspard qui subit surtout. Différents univers sont ainsi dépeints : le monde de la téléréalité n'est pas épargné : un monde sans foi ni loi pour le seul gain d'audimat et d'argent. e récit oscille entre une enquête : retrouver Gaspard et une quête : Gaspard qui veut connaître la mort de ses parents.
Petit bémol :Je trouve aussi que les personnages féminins sont stéréotypés : toutes victimes des hommes, ayant subi des violences et des coups du sort , elles ont toutes un problème comportemental et la plupart sont manipulatrices et hystériques.
L'ensemble se laisse lire facilement. C'est un bon moment de plaisir.
Lorsque Anne-Marie Revol, journaliste à France 2, m’a demandé si j’acceptais de me pencher sur le cas de son Gaspard, j’ai de suite senti une certaine affinité. Pas de regrets, ce premier roman a le dynamisme du court message de son auteur.
Gaspard de Ronsard, instituteur de vingt-quatre ans, plutôt couvé par Eulalie, sa mère adoptive participe à un jeu de télé réalité, » Un jour j’irai à Shanghai avec toi« , programme de Sparkle TV qui consiste à traverser l’Asie avec seulement cent euros en poche. Ce jeune homme n’a rien d’un aventurier mais voit en ce voyage l’occasion de fouler la terre de Saïgon où ses parents, ethnologues ont perdu la vie dans un accident d’avion.
Lors d’un transfert nocturne avec Cindy sa coéquipière, Gaspard tombe du pick-up et se retrouve avec les deux jambes cassées dans une rizière. Deux vietnamiens le transportent dans un village isolé où la chef My Hiên le recueille et le fait soigner par Khoa.
En France, les équipes de Sparkle TV s’affole. Il faut tout faire pour retrouver Gaspard avant que la Presse ne s’empare de cette affaire. Marcel, un ancien de la DST est envoyé sur place.
Gaspard, immobile sur le seul lit du village, découvre les effets personnels d’Hubert Butillon, un français qui avait ramené My Hiên en son pays, mort d’une fausse route en avalant une sardine.
My Hiên, refusant que son village soit vicié par l’asphalte et l’électricité, demande à Gaspard de reprendre le rôle de conteur d’Hubert. Ces veillées occupent et divertissent les membres de la tribu qui, ainsi ne réclament pas le progrès.
Gaspard lit donc chaque soir le journal d’Hubert, découvrant petit à petit la vie de cet homme et de My Hiên mais aussi de surprenantes révélations.
Anne-Marie Revol construit une histoire rebondissante où chaque personnage est travaillé. Et curieusement, avec beaucoup de diversions qui nous permettent de découvrir des bribes de passé de chacun, ce qui, chaque fois nous emplit de bonheur tant les personnages sont hauts en couleur, les liens se font, l’histoire se recoupe et prend sens.
Avec en toile de fond, l’opposition entre le monde surfait des médias et la candeur d’un peuple isolé de tout progrès, nous suivons avec plaisir les tribulations de chaque personnage. Humour et aventure sont les deux ingrédients principaux de cette histoire, ce qui m’a agréablement fait penser aux romans d’Arto Paasilinna.
Olivia de Lambertie, dans une interview sur Telematin (vous pouvez la retrouver sur le site de l’éditeur en cliquant sur la couverture du livre) conseille Gaspard ne répond plus en roman de l’été où chacun trouvera son personnage préféré. S’il faut n’en choisir qu’un, ce qui est difficile, pour moi, ce sera Eulalie.
Voici un premier roman qui vous divertira cet été. Mais Anne-Marie Revol n’en est pas à son premier succès puisqu’elle est l’auteur d’un récit très remarqué paru en 2010 chez Stock : Nos étoiles ont filé.
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