En 2005 à Bagdad, un chiffonnier à moitié fou nommé Hadi raconte à qui veut bien l'entendre qu'une créature faite des morceaux de corps des innocents tués dans les attentats de la ville écume les rues pour se venger. Un portrait pétrifiant de la ville occupée, oscillant entre réalité sordide, conte fantastique et croyances religieuses...
Bagdad / Quartier de Badawin. Au coeur du chaos qu'est cette ville, Hadi le chiffonnier scrute avec avidité les lieux des explosions. Au delà des objets, Hadi convoitise quelque chose de particulier: des membres humains. En effet, il a à coeur de rafistoler le cadavre qu'il détient et qu'il nomme Trucmuche. "Je l'ai rafistolé pour qu'on l'traite pas comme un vulgaire déchet...pour qu'on l'respecte comme les autres, et qu'on l'enterre, chef!" Mais, un jour à son retour Trucmuche a disparu...
Non loin de là, Hasib Mohammed Jaafar le garde d'un hôtel, perd la vie lors d'un attentat suicide. Son âme doit trouver un corps et c'est celui de Trucmuche qu'elle prendra... Dès lors, dans ce nouveau corps, l'âme de cet homme n'a qu'un seul souhait: assouvir sa vengeance mais aussi celle de tous les morts qui composent son corps. ''Il avait été crée pour les sauver et les venger". Les cadavres s'ammoncelent... Jusqu'où ira cette folie meurtrière? Comment capturer ou même tuer un homme qui est déjà mort? "Je vengerai les innocents qui n'ont d'autre secours que les frémissements de leur âme qui en appelle à refouler la mort et à l'entraver." Mais de vengeur à assassin, n'y-t-il pas qu'un pas?
L'auteur nous amène au coeur d'un pays ravagé par la guerre, par les bombes, les attentats...C'est un livre un brin surnaturel mais qui est bien ancré dans la réalité de la ville de Bagdad et de la guerre. C'est un livre sur la liberté, la justice et qui nous amène à nous poser des questions sur la notion du bien et du mal et ce, sur fond de croyances, de superstitions et de corruption. L'auteur a su à merveille intégrer dans son récit le célèbre Frankenstein de Mary Shelley. L'écriture est belle, poétique et dans la noirceur et la violence, le récit est teinté d'humour. Le seul point négatif que j'ai trouvé est que la lecture un peu difficile parfois peut-être par le fait qu'il y ait beaucoup de personnages et que je m'emmêlais dans les noms (arabes) de chacun. Bref, c'est une lecture étonnante et déroutante mais emplie de vérité et d'humanité et qui reflète tellement bien notre monde en déroute.
http://auchapitre.canalblog.com/archives/2017/11/24/35892082.html
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