"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au terme de sa courte existence tumultueuse, le physicien Johann Wilhelm Ritter (1776-1810) eut le temps de publier un dernier livre, écrit « absolument pour personne, et même pas pour soi-même, mais seulement pour le sujet en soi ». Le « sujet » des énigmatiques Fragments posthumes pourrait bien être la rencontre avec soi dans la connaissance des choses. Une « aspiration infinie » dont Ritter, qui découvrit le rayonnement ultraviolet, note qu'elle « n'est pas autre chose que la lutte pour l'art d'aimer », soit un dessein au rebours du programme de mathématisation du monde, lequel se réalise depuis en domination féroce de la technique et de l'économie.
D'où le caractère personnel, intime, et pourtant théorique de ce texte, où l'on croise Herder, Novalis et d'autres proches du jeune physicien, dans un avant-propos aux airs de roman d'éducation que Walter Benjamin saluera comme le plus important morceau de prose autobiographique du romantisme allemand.
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