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« Filigrane est le fruit de plusieurs années de travail. J'ai tenté, par ce poème narratif, chronique de la vie d'un jeune homme au xxie siècle, de trouver les fils souterrains qui nous rattachent au monde. Des vers « en liberté » nous conduisent de poème en poème, brisant ainsi la logique de « recueil » et donnant aussi une assise à la diversité formelle de chacun des poèmes : vers comptés et rimés, vers libres, rondeaux, poésie informatique, calligrammes, expérimentations visuelles, poèmes politiques, poèmes « geek », balades nocturnes... Tout mon projet, en fin de compte, peut se résumer en quelques mots : essayer de révéler ce qui se cache au plus profond du langage, sur la blancheur de la page, faire ressortir ce qui est tu et ce qu'on tait, sans trahir le caractère d'effacement de ce qui est enfoui. Se maintenir dans cet entre-deux du dit et du non-dit. D'où les effets de transparence qu'on lira dans le texte et que l'oeuvre de Bernard Moninot en couverture rend admirablement. Ces secrets, ces voyelles que la prosodie classique efface et que j'ai tâché de faire sonner, sont pour moi le filigrane de nos vies. »Victor Blanc.
« J'entends dans ses écrits une voix à nulle autre pareille, un ton qui lui appartient en propre et signe son chant : "Je donne de la voix à ce qui n'a bouche / Ni langage Ni corps Le vent L'air / À ce qu'on dit transparent / Ce qui vient mourir en fin de vers / Ce que le papier recèle et cache en sa blancheur / Filigrane des coeurs / Tissé dans ma poitrine." [...] Victor Blanc est un nouveau piéton de Paris, enlaçant « le torse des rues », par exemple, « sous le ciel de Pigalle », traînant « au soir / De bar en bar en quête De boissons rares ». Il partage avec Aragon, « le vieux Louis des nuits bachiques », le goût des errances nocturnes où le rêve a la beauté lugubre de la Seine. »
Extrait de la préface de Jean Ristat
Dès le prologue, Victor Blanc nous intime :
« Prenez mes vers comme un flingue à la brocante
Dansez. Tirez en l’air.
Vous ! »
Mais comme le laisse sous-entendre le titre « En filigrane », il faut savoir lire les vers du poète entre les lignes pour y débusquer la pensée secrète nichée dans son cœur.
Dans ce recueil, il convoque tous les poètes aimés, admirés,
Ses vers épousent toutes les formes, il y a de la recherche, parfois à tâtons, en suivant les traces de ses prestigieux prédécesseurs.
Les poètes anciens ne sont pas de reste, il les nomme pour mieux les tordre et les distordre pour en tirer un air nouveau quitte à bousculer les traditions.
« J’ai rimé Verlaine en verlan
Et rimé l’averse à l’envers
Pour découvrir par de vers lents
L’avers des mots L’amont L’enfer. »
A la suite d’Apollinaire, il invente des calligrammes audacieux. Il fait son miel de tout comme le montre ce texte de Jehan Rabustel daté de 1455 et qui parle des Coquillards. Et Victor Blanc dans « la coquille rouge » de rameuter les gens ainsi : « Baragouins et baragouines/ qui bredouillez dans les baraques ! » Textes déjantés et dont la pétulance, l’exubérance sont accentuées par l’utilisation de polices différentes, en gras ou en majuscule.
Le recueil est ainsi parsemé de nombreuses formes poétiques, pas toujours heureuses, auxquelles il s’essaie.
Poèmes écrits à l’ordinateur ou sur une table à repasser, (chant du hasard) ses poèmes sont foutraques et parfois rétifs à la page dont ils s’émancipent à travers les calligrammes.
L’auteur est un rebelle, sa prose insoumise le prouve. C’est aussi un inventeur, il nous propose « le juke-box des mensonges, une hécatombe romanesque » fabriquée à partir d’incipit de romans.
La parole du poète, jusqu’à la logorrhée, nous poursuit jusqu’aux derniers feux :
« Un feu brule sans cesse dans ma gorge
Et tous les mots ne sont que cendre dans ma bouche. »
Un recueil poétique comme une bizarrerie qui dérange ou agace parfois, des pages à lire entre les lignes, mais nous étions prévenus en ouvrant « filigrane » !
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