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Dès juin 1932, au café Mampe à Berlin, Joseph Roth déclare à un ami : « Il est temps de partir. Ils brûleront nos livres et c'est nous qui serons visés. Quiconque répond au nom de Wassermann, Döblin ou Roth ne doit plus tarder. Il nous faut partir afin que seuls nos livres soient la proie des flammes.»
Le 30 janvier 1933, jour où Hitler est nommé chancelier du Reich, Roth s'exile définitivement à Paris. Les six années qui lui restent à vivre seront incroyablement fécondes. Une bonne moitié de ses romans et nouvelles voient le jour, notamment Tarabas, Notre assassin, La Crypte des capucins, La Légende du saint buveur. Mais surtout il rédige nombre d'essais percutants et lucides, destinés à mettre en garde contre les méfaits du nazisme.
Dans La Filiale de l'enfer, nous avons réuni un choix de 26 articles et chroniques politiques parus entre août 1933 et avril 1939 dans des journaux destinés aux émigrants germanophones vivant en France (principalement Das Neue Tage-Buch, Die Pariser Tageszeitung). En effet, il a mis un terme
à sa collaboration au Frankfurter Zeitung, entamée en 1923, tout comme il refuse de voir ses romans publiés en Allemagne (Je renonce).
Avec un courage hors du commun sous-tendu par une verve brillante, drôle, mélancolique, l'exilé attaque le Troisième Reich, le parti nazi, ses effets pervers et ses mensonges, ses adhérents, ses politiciens. Les titres sont autant de condamnations sans appel : Le Troisième Reich filiale terrestre de l'enfer, L'ennemi de tous les peuples, (le Juif responsable de tous les maux, selon Goebbels). Il met en garde les Européens contre « l'indifférence qui nuit à tous les peuples », contre les dangers d'une propagande et d'un wagnérisme mal compris (Le Mythe de l'âme allemande) et les informe sur les souffrances de l'écrivain, la culture allemande condamnée par la barbarie nazie (La
Mort de la littérature allemande, La muselière des auteurs allemands).
Il évoque le sort de son ancienne patrie, l'Autriche après l'Anschluss (Lettre à un gouverneur, L'Exécution de l'Autriche). Légitimiste impénitent, il garde une foi naïve en la monarchie habsbourgeoise selon lui seule capable de sauver l'Europe. De même, seule la langue allemande parlée par les Autrichiens et les adversaires du nazisme, a échappé à la langue de bois. Elle est le "Verbe vrai" et tient lieu de patrie à ceux qui n'en ont plus (À la fin est le verbe).
Mais le quotidien n'est jamais loin. La détresse de l'écrivain apparaît souvent à l'arrière-plan, parfois plus explicitement : son épouse Friedl, schizophrène, internée en Autriche, (Certificat de filiation et chambre d'isolement), les tracas financiers permanents, le délabrement physique, l'alcool comme unique moyen de rendre l'existence supportable. En juin 1938, il assiste rue de Tournon à la démolition de l'hôtel Foyot, sa résidence permanente : « On perd une patrie après l'autre. Ici, je m'appuie sur mon bâton d'exilé, les pieds meurtris, le coeur las, les yeux secs. La misère se tapit à mes côtés, ne cesse de s'adoucir et de grandir, la douleur reste là, devient violente, bienveillante, et quand l'horreur fait irruption, elle est incapable de faire horreur. Et c'est bien ce qui est désolant.» (Instant de répit face à la destruction).
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