C'est à ce moment qu'un groupe d'hommes se met en marche. Depuis le début de la cérémonie ils se sont tenus à l'écart. Respectueux. Ils n'ont pas serré les mains. Ils ne sont pas là pour leur patron. Ils ne sont venus que pour Fanny. Ils l'arrêtent dans sa marche. Ne font pas de discours. Avec des mots simples, maladroits, ils lui disent leur peine. Fanny sort brusquement de sa torpeur. Elle les écoute avec attention. Ils sont partis de Bellac juste avant le jour. Ils sont venus par groupes de cinq à six, parfois plus, dans des transports de fortune, un char à boeufs, une bétaillère, des charrettes attelées. Fanny fait un effort. Elle les reconnaît. Ceux des ateliers de "décochage", les maquettistes, ceux de la fusion ... alors toute l'émotion refoulée jusque-là afflue, l'envahit, la submerge. Elle s'assoit sur une tombe, relève son voile noir et elle pleure.
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