Rendez-vous le mercredi 16 octobre à 19h sur le site « Un endroit où aller »
En 2004, soit trois ans avant son suicide, Édouard Levé rapporte d'un séjour aux États-Unis la série de photos Amérique. Il s'agit, à première vue, de paysages urbains et de portraits, ceux-ci toujours frontaux, inexpressifs, ceux-là étranges en raison de leur banalité même et des noms que portent les villes photographiées : Florence, Berlin, Oxford, Delhi, Bagdad... Or à regarder de plus près cette Amérique-là on s'aperçoit que s'y trouve surtout mise en scène l'obsession prémonitoire de la mort, et qu'il s'agit en réalité d'autoportraits de l'artiste en quelqu'un d'autre, ou en décor, ou en objet, tous figés de quelque manière entre la présence et l'absence, le quelque chose et le rien.
Gérard Gavarry a pris appui sur cent de ces photos. À chacune, dont il a emprunté le titre, il a substitué trois énoncés fragmentaires, amputés de leur début comme de leur fin. Textes de la sorte serrés entre deux abîmes, par lesquels il entendait, rendant hommage à l'oeuvre source, explorer de biais cela qui non plus que le soleil - La Rochefoucauld le dit en ses Maximes - ne se peut regarder fixement.
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