Avec "État de nature", Jean-Baptiste de Froment signe un roman énergique qui convoque l'actualité à chaque instant
Qui n'a jamais rêvé d'être reconnu à sa juste valeur ? Claude est un homme qui a longtemps été discret. Il fait bien son travail, mais manque d'éclat. Quand la retraite de sa supérieure approche. Il se décide à briguer son poste. Mais une jeune femme dont la valeur est plus grande que le nombre de ses années, va se placer sur son chemin. C'est une histoire mille fois entendue : l'ambition contrariée.
Sauf que Claude n'est pas n'importe qui. C'est un des plus hauts personnages de l'Etat. Sa supérieure, c'est la présidente de la République. Et son ennemie, c'est une jeune préfète, séduisante et charismatique - son contraire en tous points. Commence alors un duel politique et médiatique pour le contrôle d'un pays, d'un peuple, d'un Etat.
Avec "État de nature", Jean-Baptiste de Froment signe un roman énergique qui convoque l'actualité à chaque instant
Fresque politique et romanesque !
Sur l’échiquier politique que Jean-Baptiste de Froment nous donne à voir dans ce roman il y a deux reines, l’une présidente de la République, la « Vieille », l’autre jeune, belle et extrêmement déterminée à prendre le pouvoir.
Et il y a les hommes, tout à tour petits rois, lieutenants, fous du roi, cavaliers. Et tous les pions, les citoyens français, manipulés ou rebelles.
Ce roman est féroce et jubilatoire à la fois. Est ce que ce « jeu » de pouvoirs est exagéré, je l’espère, mais je me suis régalée de ces portraits d’hommes et de femmes, avides, ridicules et dangereux.
Très bon premier roman,
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce roman est décapant. L'histoire ressemble tellement à une grotesque farce qu'elle en semble d'autant plus réelle. Les personnages sont cyniques, vulgaires, avides de pouvoirs et bien plus occupés par préserver leurs petits intérêts que par l'intérêt général. Et au milieu de tous ces requins, Barbara détonne. Barbara est une jeune préfète qui a envie de bien faire. Elle est envoyée dans la Douvre, département oublié de France, dans lequel elle excelle rapidement. Elle s'intéresse aux gens et a décidé de redynamiser le secteur. C'est en plus une jeune femme avec un physique qui fait tourner les têtes. Elle a le malheur d'attirer un peu trop la lumière et se fait limoger sous l'impulsion du baron local. Les habitants de la Douvre qui s'étaient attachés à elle, s'en offusquent sans que cela n'ait un quelconque effet.
Il y a Claude également, le "commandeur". Il occupe une place éminente au sommet de l'Etat mais cela ne lui suffit plus. Il veut désormais être calife à la place du calife et réunit son équipe pour réfléchir à la manière de se construire une image dans l'opinion. Les réunions qu'il organise avec ses conseillers, sont édifiantes et l'on finit par se demander s'il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Puis la décision de trop est prise et les Douvriens décident de se révolter. C'est la revanche des territoires, de la France du bas sur la France du haut et l'on ne peut s'empêcher de penser aux Gilets Jaunes...
Au-delà de l'image caricaturale (et désabusée ?) que "Etat de nature" nous renvoie de la vie politique et des hommes qui la font, c'est un roman fin, drôle et bien écrit. A découvrir !
Chronique complète sur https://riennesopposealalecture.blogspot.com/2020/05/etat-de-nature.html
Il est des romans qui m’embarquent dès les premières lignes, les premiers mots. Il en est d’autres où il m’est plus difficile d’en découvrir l’intérêt. Ce fut le cas pour "Etat de nature", le premier roman de Jean-Baptiste de Froment… L’effet confinement, je le crains.
A coup d’up and down, j’ai parfois eu la tentation de jeter l’éponge. Mais il n’est pas né celui qui me fera obéir au troisième commandement du lecteur selon Daniel Pennac "le droit de ne pas finir un livre", ni même au deuxième car je ne saute jamais une page. J’ai donc continué et bien m’en a pris. J’ai fini par apprécier, beaucoup, l’histoire de ce Claude, grand serviteur d’Etat et bras droit d’une Présidente de la République, plus très jeune. Au moment où il décide de se lancer à l’assaut du pouvoir, voilà que gronde la Douvre, petit département oublié du pays. C’est Barbara Vauvert, jeune, jolie et charismatique jeune femme qui subrepticement attise la colère de ses habitants…
Machiavélique, satirique, acerbe, ce texte est un peu tout ça. Et pourtant, pour avoir fréquenté de près, non pas des ministres, mais ce que l’on appelle aussi des hauts fonctionnaires d’Etat, je dois reconnaitre la grande part de vérité rapportée dans les propos de l’auteur. Et si parfois, la drôlerie affleure, si l’écriture est empreinte d’ironie, l’ensemble est tout de même noir qui nous décrit les coups bas, croc-en-jambe, et autres petits jeux démoniaques auxquels se livrent les "Grands" de la politique. J’ai trouvé les différents personnages parfaitement campés, leurs réparties foncièrement justes, les jeux de pouvoir totalement crédibles, de même que le manque de clairvoyance de certains. L’auteur à n’en pas douter connaît bien son monde.
En ces temps plus que troublés, ce roman apparaît beaucoup moins loufoque qu’on pourrait le penser au départ. On le sait bien, la réalité dépasse souvent la fiction.
https://memo-emoi.fr
Pas forcément emballé par la quatrième de couverture, cette lecture s'est avérée être une belle petite surprise !
L'auteur livre ici un roman uchronique qui nous plonge dans les arcanes du jeu politique. Rien ne sera épargné au lecteur, les coups bas, le piston, la communication politique, un club politique puissant, l'organisation de l'administration...
C'est un roman détaillé, soigné mais qui ne perd jamais le lecteur par des explications fumeuses ou par des longueurs ennuyantes. Non, ici, tout est parfaitement maîtrisé, l'écriture est franche et agréable et j'ai particulièrement apprécié de suivre ces différents personnages qui ont des parcours différents mais qui tous vont viser une certaine forme de pouvoir.
Ces personnages se révèlent d'ailleurs finalement attachants, même ceux qui paraissent plutôt très antipathique au début du récit. Chacun a ses forces et ses faiblesses. Le trait est parfois un peu forcé et on frôle un peu la caricature mais l'auteur reste toujours sur le fil et ne tombe jamais dans un piège grossier.
Bien souvent en politique, rien ne se passe comme prévu, la fin est donc assez surprenante et très éloignée de ce que j'imaginais, quelques évènements arrivent un peu trop brutalement et sont peu détaillés mais cela ne nuit finalement pas vraiment à la lecture.
Particulièrement original, bien écrit et tout à fait maîtrisé dans sa construction et son rythme, ce premier roman de l'auteur est très intéressant. Les personnages, le thème principal, tout est très bien traité, maîtrisé, c'est donc un bon roman et un auteur à suivre !
La couverture est sublime et la lecture en est pétillante .(rappelons que le coq est le seul animal capable de fanfaronner les pattes dans la boue)
On assiste à une description des rouages politiques des plus délicieux . On rit mais parfois on grince des dents également .
Quand la "Vieille" termine son 3eme septennat il est presque impératif de la pousser vers la sortie .(voir même dans l'escalier ..) Claude ,un des prétendants au poste se voit favori dans cette course au pouvoir mais l'ombre d'une autre candidate risque d'entacher son "exposition aux lumières" de la renommée . Barbara Vauvert dérange par son zèle et l'attachement sincère qu'elle éprouve pour les habitants de sa circonscription dit "du centre mou" (franchement !! Quelle drôle d'idée vraiment ) . A croire que ce zèle est une maladie honteuse ? (et le centre mou une maladie vénérienne)
Qu'à cela ne tienne,Barbara se verra virée sans préavis.
Claude partira de ce fait à la conquête du territoire sûr de son bon droit et prêt à reprendre le flambeau ,flambeau (et non pas flamby) qui mettra malheureusement le feu aux poudres . Les "bouseux " ne veulent pas d'un autre député et la révolte gronde dans la contrée jusque là tranquille . Les "bouseux "ne se laissent pas faire et l'Etat de nature devient un Etat sœur (qui ...bat la campagne et pas le beurre ) où les règles ne sont plus respectées ,où la révolte se précise ,où le centre devient le nombril d'une amorce de coup d'Etat puisqu'au milieu de tout ça un protagoniste ,Arthur Cann,égraine le concept d'un espace agricole unique qui pourrait devenir autosuffisant . Les alliances se soudent et deviennent caustiques quand la Vieille meurt d'une "Chlamydiose" (heu....c'est moi ou on est dans l'ironie pure ? ) et nomme dans son testament politique Barbara comme seule possible héritière de son poste .
On passe alors de Platon (l'homme est un animal politique ) à Epicure (de rappel ) "L'homme n'est PAS un animal politique ....et le destin se fige dans l'immuabilité tragique des affres de la jalousie d'une Mélusine (mise en faillite ) désabusée.
Avec ce premier roman J.B de Froment s'amuse de cet univers qu'il connait bien et qu'il maîtrise avec une belle plume trempée dans le vitriol mais pas dans l'encre qui fait tache . Et si la plume devient parfois flèche, c'est pour atteindre sa cible sans détour en nous honorant d'un verbe franc et léger malgré le sujet abordé .
Un premier roman qui a le goût d'un "pourvu qu'il récidive" !
La Vieille achève son troisième septennat. Tout le monde la croit immortelle depuis le temps.
Mais pour certain « le changement, c’est maintenant » et la course à la prise de pouvoir est lancée, discrètement, dans les coulisses afin de s’assurer les résultats bien avant le jour de l’élection.
Mais le casting va être un peu perturbé par les « bouseux » de « La Douvre », ce département dont tout le monde se fout, dont la population compte pour rien.
Le casting justement est travaillé en orfèvre, ces animaux politiques qui vont s’affronter, on y découvre en filigrane des visages connus sans pour autant tomber dans la caricature, La passionaria, le philosophe-écolo, l’énarque.
Pour son premier roman Jean-Baptiste de Froment parle de ce qu’il connaît, la politique. Mais il prend un recul qui fait oublier ses convictions personnelles et permet de se plonger sans états d’âme dans une fable socio-politique absolument réjouissante et savoureuse.
J’aurais aimé lui demander quand a t il mis un point final à son récit car il est très proche des évènements récents.
Et bravo aux équipes Aux Forges de Vulcain pour cette magnifique couverture comme toujours.
Subtil, relevé, « Etat de Nature » est un feu d’artifice. Colorée, vive, la première de couverture est explicite. On reconnaît la pavlovienne touche d’Elena Vieillard pour le plus grand plaisir. « Etat de Nature » est avant tout un roman particulier. Toutes les facettes littéraires se trouvent dans cet antre de clairvoyance. Il est à l’instar d’un sablier qui n’emprunte rien au temps mais à la délicate connaissance de chaque mot en devenir. D’un thème majeur, philosophique par Aristote « L’homme est un animal politique » on glisse vers Epicure « L’homme n’est pas un animal naturellement politique. » Le sablier se renverse vers l’incipit «Claude aimait se réveiller » Un grand moment de lecture réjouissante arrive dès la première majuscule. Ce roman est stable, mûr, pertinent. On sent les délices d’un parfait connaisseur des arcades politiciennes. Jean-Baptiste de Froment regarde par-dessus les épaules. Il est en capacité d’écrire son ressenti socio-politique sans dévoiler ses propres aspirations. Ce qui renforce ce roman magnifique, d’une justesse travaillée avec finesse. On pressent un auteur pragmatique, posé, rigoureux. Plus que son parcours personnel, c’est son empreinte digitale qui en filigrane renforce ce roman en sincérité. Il y a du « Baron noir » dans ces lignes, du Bourdieu, du Rousseau, un « Etat de Nature » est passe de se construire en visionnaire échappée. Je ne ferai pas l’amalgame avec l’évènementiel français couleur jaune. Même si. Ces évènements sont survenus après le point final du roman. Donc, laissons- lui cette gloire parfaite d’une anticipation de renom. Un roman réfléchi, élaboré avec cette maturité précise d’un auteur qui sait de quoi il parle. On aime les protagonistes qui en degrés divers rappellent au lecteur certains politiciens connus. Ce n’est pas une parodie, mais une fable déployée avec des outils d’aujourd’hui. On aime les combats. Claude et sa furieuse envie d’anéantir « la Vieille » Barbara et ses engagements. Arthur Cann et ses rêves écolos. « Etat de Nature » est avant tout l’idiosyncrasie d’un monde qui semble le nôtre. Dans une forme caricaturale, néanmoins édifiante de réalisme. Jean Baptiste de Froment est un grand auteur. Il n’écrit pas l’émotion mais la vérité. Il est en recul dans toutes les scènes de son roman et quelle prouesse !! Il démontre, prouve. Sa capacité est telle que c’est son intelligence, sa culture, ses expériences qui font une trame neuve, érudite dont on parlera longtemps encore. « Mais ce grand homme en devenir, il ne fallait pas le laisser seul. Le vrai génie est ignorant de lui-même… »Lorsque Mélusine et Arthur surgissent le pictural ancestral et emblématique est à son paroxysme. On est serré dans les lignes, on sourit, on est à l’aise. De plusieurs degrés de lecture, la matrice est la Douvre intérieure, l’emblème de la France des oubliés. Et là attention ! Barbara Vauvert rentre en scène. Le lecteur aime ce personnage attentionné, malin et altruiste. Ce roman est à l’instar d’un bambou. Il a fallu des racines douées, habiles et persévérantes avant l’échappée vers le ciel. Ici, c’est la même symbolique. Ce roman a du caractère, de la force. Il n’est pas né d’hier. Le lecteur suit la voie de cet auteur au beau devenir. Un premier roman né depuis des millénaires !! On sent la patte d’un auteur qui n’a pas dit son dernier mot, et c’est tant mieux ! Je suis sûre que « Etat de Nature » sera étudié par les étudiants un jour certain. Visionnaire et attentif à l’autre, ce roman est aussi consolant car il sait. Publié par Les Editions Aux forges de Vulcain qui « Espèrent plaire et instruire. Elles souhaitent changer la figure du monde ». Voilà c’est fait pari réussi !!.
Connaissez-vous la Douvre intérieure ? N'êtes-vous pas passé, cet été, en rentrant de vacances, par cette région « faite de hameaux », « le centre mou de la France » dont Chantaume est la capitale ? Non, ça ne vous dit rien ? Et pourtant, quelle belle région : du vert, du vert à perte de vue, des vallons, quelques maisons ici et là… Ah, on respire là-bas, loin de Paris !
Bon, c'est vrai, il ne s'y passe pas grand-chose, comme si l'Histoire avait oublié cet espace et ces gens qui vivent hors du temps… C'est une certaine Barbara Vauvert qui a hérité, on ne sait comment, du titre de préfète de la Douvre : au lieu de s'en plaindre, elle a pris son ouvrage à coeur. Très vite, elle s'est mêlée au peuple, est allée parler aux habitants de ces terres du bout du monde pour tenter de connaître leurs besoins, leurs craintes pour l'avenir, leur façon de voir les choses. Elle a compris qui ils étaient, a voulu connaître leur nom, l'a fait et à merveille. Elle a su se faire aimer et elle a des projets pour eux.
Elle n'est pas la seule : un certain Arthur Cann, une espèce de philosophe écolo, veut se servir de ce territoire pour mettre en œuvre une entreprise qui lui tient à coeur : il s'agit de créer un « vaste incubateur à ciel ouvert, un lieu d'expérimentation grandeur nature du monde à venir, à la fois numérique et écologique, enraciné et connecté », un espace « agricole numérique autosuffisant. »
Imaginez : « une mutualisation des biens et des services », chaque ferme produisant sa ressource d'énergie. Bon, pour cela, il faut une connexion ultra-haut débit, des panneaux solaires, des éoliennes… Pourquoi ce territoire ? Eh bien parce que selon Arthur, « le système n'a pas de prise sur ces gens de la Douvre, il glisse miraculeusement comme sur les plumes d'un oiseau. Ils ont beau vivre avec leur temps, la vérité est qu'ils n'ont jamais donné leur consentement à ce que les autres ont fait du monde. À leur manière invisible et taiseuse, ils n'ont cessé de résister. »
Donc, la Douvre est « comme l'Arche de Noé de notre temps, celle qui a survécu au déluge intellectuel et moral qui a dévasté le reste du pays. » Un espace protégé, pur d'une certaine façon. Un lieu à l'état de nature qui ne serait pas dépravé par la société ou la politique. D'ailleurs, selon Arthur Cann, dans cet espace autogéré, les hommes politiques n'ont plus de place. Il faut donc se débarrasser de ces gens-là. CQFD
Barbara et Arthur vont-ils s'entendre ? Là est la question !
Mais, là-haut, à Paris, cette préfète adulée par le peuple inquiète un peu les technocrates bien assis sur leur pouvoir… Alors qu'elle est plébiscitée par les habitants de la Douvre et accomplit un travail admirable, elle apprend par un simple coup de fil du ministre qu'elle est VIRÉE. Ciao bella, à une autre fois !
Eh oui, les gens brillants gênent aux entournures dans les hautes sphères…
Pas de souci, répond-elle, très pro. Mais décidée à ne pas se laisser faire.
À Paris, une momie surnommée La Vieille tient lieu de présidente et termine tranquillou son troisième septennat et un certain Claude, gouverneur ou commandeur, appartenant aux hautes sphères politiques, souhaite la renverser au plus vite pour profiter d'un fauteuil bien au chaud.
En attendant, il tente de faire peur aux grands bourgeois parisiens en leur expliquant « qu'il n'y a de pouvoir que s'il y a des gens pour obéir... Retirez cette obéissance, cette soumission, et tout s'écroule comme un château de cartes. L'organisation du pays peut être aussi sophistiquée et complexe que l'on puisse imaginer, cela ne change rien : si, à un moment donné, ceux qui le font fonctionner ne le veulent plus, c'est fini. Game over, hé, hé. »
« À tout moment, les gouvernés peuvent retirer leur consentement. Mes chers amis, n'est-ce pas effrayant de penser que l'ordre social - notre propre tranquillité - est ainsi suspendu au bon vouloir, au caprice de tous ces individus dispersés et qui n'ont pas, pour la plupart, tout leur bon sens ? » Claude évoque donc des « défections spontanées. » « Ce sont des gens sans histoire, des gens normaux, des gens qui, croyez-le bien, ne brillent pas par leur originalité… tout d'un coup… qui partent en vrille. Du jour au lendemain, ils cessent d'obtempérer. Ils refusent obstinément de se plier à la moindre consigne, de quelque autorité qu'elle vienne. « Vous me ferez cette note pour demain » - c'est non. « Chéri, tu veux bien tondre la pelouse ? - c'est encore non. « Seriez-vous assez aimable pour me rendre la monnaie ? » - c'est toujours non... Il n'y a pas de conjuration, en aucun cas ils ne se sont passé le mot. Et pourtant, aux quatre coins du pays, ils se comportent exactement de la même manière. C'est tout à fait étonnant. » Les bourgeois s'affolent. Et Claude espère bien un jour ou l'autre récupérer leurs voix… En attendant, on lui a demandé de débarrasser la Douvre intérieure de la jolie préfète charismatique : naïf, il n'imagine même pas les conséquences de son coup de balai… Car les Douvriens, s'ils se sont tus pendant des siècles, pourraient bien soudain avoir leur mot à dire.
Donc, d'un côté, le dangereux binôme Cann/Vauvert (et derrière la charismatique Vauvert, le peuple, ne l'oublions pas!), et de l'autre la clique magouilles-politiciennes-à-gogo des hauts fonctionnaires véreux qui jouent les uns avec les autres, se manipulant constamment à tel point qu'on ne sait même plus qui est la marionnette de l'autre !
Je n'avais lu que quelques pages de ce roman pour le moins prémonitoire et fort documenté sur les rouages de l'État que je m'interrogeais déjà sur l'auteur de cette fable corrosive à la Voltaire : « d'où » écrivait-il , cet auteur qui semblait si bien renseigné sur les méandres du pouvoir, les coups bas, les ruses politiciennes et tout le tralala, jusqu'à quasiment se faire prophète puisqu'il ne vous aura pas échappé que certains termes rappellent les révoltes actuelles des gilets jaunes ?
J'étais bluffée !
Le livre est sorti en janvier, les premières manifs datent du 17 nov… Mais QUAND a-t-il été écrit, ce texte ??? Même si la situation n'est évidemment pas la même, certains mots de ce livre sont tellement en phase avec l'actualité, tellement prémonitoires, que c'en est sidérant ! Moi je crois que ce gars-là a de véritables talents de prophète et à mon avis, il ne faut pas le lâcher, il peut servir !
Au fait, sachez quand même que Jean-Baptiste de Froment est normalien, agrégé de philo, camarade d'hypokhâgne et de khâgne d'Emmanuel Macron, qu'il était conseiller à l'Élysée sous Nicolas Sarkozy et qu'il est maintenant élu au Conseil de Paris. Bref, il a vécu tout ça de l'intérieur, connaît très bien la machine politique. N'empêche, prendre la liberté d'écrire un texte aussi corrosif sur la sphère politique : BRAVO !
Cette satire distille vraiment un humour décapant ! Assurément, il faut « en être » pour percevoir de manière aussi aiguë tous les travers des hommes politiques, leurs basses manœuvres machiavéliques, leurs hypocrisies de courtisans, leur ego surdimensionné. Très loin d'eux un éventuel dévouement pour la nation, en tout cas…
Un livre désopilant (certains passages sont de VRAIES scènes d'anthologie !) et en même temps bien sombre sur un monde politique très éloigné (physiquement et intellectuellement) des préoccupations profondes du peuple. Bien sûr, on est dans la caricature, l'outrance, bien sûr, bien sûr... mais l'on sent qu'au fond (et c'est ça qui est terrible!), on n'est peut-être pas si éloigné que ça du réel…
Courage fuyons !
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