"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«C'est pour trois jours!» «Nous sommes le 19 janvier 2005. Tu viens d'en prendre pour cinq ans, mais tu ne le sais pas. Nous non plus. Tu refuses ton admission dans cette maison de repos. Catégoriquement.» Rien ne nous prépare à jouer le rôle de parents de nos propres parents. Comment incarner cette nouvelle posture à leur égard, affronter leurs demandes impossibles, leurs refus, leurs silences, la vieillesse implacable, les incompréhensions des institutions? Comment préserver ce qui peut l'être? Si possible, jusqu'au bout.
En 10 lignes, max! (Présentation du livre par Frconstant)
Avec des mots choisis, pesés, réfléchis, François Tefnin nous partage son expérience de parentalité inversée. Il a dû prendre la décision de placer sa maman dans une maison de repos alors qu'elle voulait rester chez elle. Il assume son choix et chemine avec elle, avec lui… avec nous si nous le voulons. Avec un oeil à l'écoute des coeurs, l'auteur s'interroge sur cette bascule de la vie. Il observe avec tendresse, colère, lucidité et incompréhension ce dernier tronçon du parcours qui risque d'occulter tous ceux qui ont précédé. Ce livre est bourré de mots qui font sourire, qui interpellent, questionnent, rassurent ou dérangent. Mais, toujours, il invite à un au-delà à explorer.
Ma critique:
« Est-ce que tu as la clé ? » est un émouvant récit de François Tefnin. Ce livre, d’une densité nourricière, partage au lecteur les réflexions, observations, interrogations et tentatives de réponses que l’auteur a pu vivre lorsque, pour lui, les rôles de parent et d’enfant ont basculé, lentement précipités par l’usure du temps.
Maman, celle qui façonne le quotidien, le bien-être offert à l’enfant au-delà de son insouciance. Omniprésente, sans rien réclamer, elle n’a que des journées trop courtes pour simplement être présente à l’enfant, au mari, à la famille. Durant des années, elle assure et rassure.
Et puis, un jour, c’est à l’enfant à prendre la décision d’assurer le quotidien de sa maman. La présence est devenue absence, la longueur des jours s’est noyée dans la perte des repères et la gestion du confort, du bien-être doit être déléguée à l’institution. ‘Maman’ a donc été placée en maison de repos… Sa vie chavire, l’inquiétude surgit, la question est lancinante : Est-ce que tu as la clé ? … je veux rentrer à la maison !
« C’est pour trois jours ! Nous sommes le 19 janvier 2005. Tu viens d’en prendre pour cinq ans, mais tu ne le sais pas. Nous non plus. » C’est dans ces mots que l’auteur entame cet écrit qu’il envoie à sa maman, comme aux lecteurs. Il pose ce témoignage, en toute lucidité. On le sent, il est important pour lui de s’octroyer une pause, de prendre le temps de comprendre. Transformer les incidents critiques, drôles ou dramatiques mais toujours vitaux, qu’il a vécus durant ces cinq ans en incitants critiques pour mieux accompagner sa maman, interpeller l’institution, s’interroger sur la vie, son sens, les buts et les moyens à se donner dans l’agir.
François Tefnin, ne joue pas avec les mots, il ne les manipule, avec doigté, que pour mieux les faire résonner et nous permettre de raisonner.
‘Je t’écris. Je décris… Je - tes cris !’ Et, à travers cette lecture touchante de la vie, de la parentalité à l’envers, de la perte de ‘repaire’ et du voile d’oubli qui tendrait à faire croire que tout peut se confondre, François Tefnin nous réaffirme l’unicité, la singularité de sa maman, le merveilleux engagement de sa vie et l’importance de pouvoir reconnaître, en l’autre, un être d’exception.
Ce livre, je le recommande à tous. Il recoupe, bien sûr, quelques thèmes abordés dans ‘Tu verras Maman, tu seras bien’ de Jean Arcelin (critique du 10 avril 2019). Mais avec ‘Est-ce que tu as la clé ?’ François Tefnin va bien au-delà de la problématique des institutions pour personnes âgées. Il y a un supplément d’âme, de fond, de recherche de vérité. Les nombreuses citations mises en exergue des différents chapitres soulignent à la perfection ce souffle d’humanité présent dans ce livre que j’ai reçu ‘comme une invitation à s’emparer des clés requises pour gagner l’au-delà de pertes qui donnent accès à bien des cheminements à explorer encore…’ selon les propres mots de la dédicace de l’auteur. Merci, monsieur François !
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