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Chanson de geste crétoise en cinq parties ou chants de plus de dix-mille vers, écrite au XVII° siècle, peu avant que la Crète, après une résistance farouche, ne passe sous la domination turque, l'EROTOCRITOS est, non seulement pour la Crète, mais pour la Grèce, un poème fondateur, à la fois populaire et nourri de culture savante. Son auteur, Vitzentzos CORNAROS, noble crétois ou vénitien, est manifestement l'héritier de la tradition lyrique des troubadours et des chansons de geste françaises et italiennes, et son oeuvre se situe dans l'immense mouvement de translation créatrice en langues vulgaires de ce qui constitue le fonds de la culture et de la civilisation occidentale, à la fin du Moyen-Age et durant toute la Renaissance. Ce qui est cependant remarquable, c'est que cette oeuvre écrite ait été jusqu'à nos jours relayée par la tradition orale, au point que de larges passages en sont connus par coeur par de simples paysans, aussi bien que par des universitaires, et que les membres de toutes les couches de la société semblent se reconnaître et communier en elle. Il est de ce point de vue frappant de constater combien son rythme même - le vers iambique de quinze syllabes - a imprégné la diction et le phrasé de la langue communément parlée. Tous les grands poètes grecs, de Solomos à Séféris, ont célébré ce poème et dit ce qu'ils lui devaient. Que ces dix-mille vers n'effraient pas : il conte les amours contrariées d'Erotocritos pour Aréthuse, fille de roi. Lui sera exilé, elle sera emprisonnée. Sur fond de tournois de chevalerie, de combats héroïques, et de métamorphoses jusqu'aux retrouvailles, ce long poème aux accents raciniens, se lit comme un roman de cape et d'épée. Cette traduction, sous l'égide de l'Atelier Européen de la traduction et de la Scène Nationale d'Orléans, s'est faite à partir du texte grec, tel qu'il a été établi et annoté par Stylianos ALEXIOU. Elle est le fruit d'un collectif qui réunit trois personnes, Louisa MITSAKOU, Klairi MITSOTAKI et Constantin BOBAS, grecques de langue et d'origine - dont une crétoise - aux compétences multiples et reconnues, ainsi qu'un poète et traducteur français, Robert DAVREU qui par sa formation, est à même de lire le grec et de reconnaître, sur le plan lexical et sémantique, l'étymologie (ce qui veut dire aussi nombre d'arrière -plans culturels et philosophiques) sous la langue du XVII° siècle. Ce dernier a été chargé, à partir d'un mot à mot rigoureux, de donner à lire et à entendre en français une version définitive qui, au-delà d'un document, soit un poème. Le texte sera accompagné d'un CD où il sera donné à entendre Erotocritos tel qu'il est chanté, aujourd'hui encore en Crète par les bergers.
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