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un linguiste nommé budaï s'endort dans l'avion qui le mène à helsinki pour un congrès.
mystérieusement, l'appareil atterrit ailleurs, dans une ville immense et inconnue de lui. surtout, la langue qu'on y parle lui est parfaitement inintelligible. ni la science de budaï - il maîtrise plusieurs dizaines de langues - ni ses méthodes de déchiffrement les plus éprouvées ne lui permettent de saisir un traître mot du parler local. tandis qu'il cherche désespérément à retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre.
sous les apparences familières d'une grande cité moderne, tout paraît étrange et inhumain. au plus profond de l'incommunicabilité, budaï fait un séjour en prison, connaît des amours éphémères et participe même à une insurrection à laquelle il ne comprend décidément rien. cauchemar oppressant et férocement drôle, épépé réveille en nous la plus forte des hantises : devenir étrangers au monde qui nous est le plus familier.
" au fil du temps, épépé devrait prendre la place qui lui revient dans la bibliothèque vivante du xxe siècle, sur la même étagère que le procès ou 1984. " g. o. châteaureynaud.
Zulma réédite ce livre de Ferenc Karinthy, auteur hongrois (1921-1992), écrit en 1970 et initialement paru chez Denoël presque trente ans plus tard. Préfacé par Emmanuel Carrère qui explique pourquoi ce roman est grand livre et comment il l'a rencontré : je lis rarement les préfaces, mais j'ai pris du temps pour icelle qui permet de rentrer dans le roman avec quelques billes et les envies que les lignes d'E. Carrère suscitent.
Et nous voilà dans cette ville surpeuplée où les files d'attente sont présentes à tous les coins de rues et dans tous les bâtiments, à la conciergerie de l'hôtel, devant les magasins, devant les cabines téléphoniques. On pourrait hâtivement faire un rapprochement avec les ex-dictatures des pays de l'est, mais Ferenc Karinthy, s'il s'en est forcément inspiré, a exagéré le trait jusqu'à faire des habitants de ce pays de véritables robots, innombrables et toujours en mouvement ne se comprenant qu'entre eux. Toutes les interprétations sont possibles, parce que l'auteur crée également une société aux multiples origines : des blancs, des noirs, des asiatiques, des peaux de toutes les teintes qui cohabitent ("pour reprendre ici le cri du crapaud en rut", selon Pierre Desproges). On peut même y voir un constat de la mondialisation, 30 ou 40 ans avant qu'on en parle quotidiennement : "Les aliments vendus à l'épicerie ne révèlent pas grand-chose du climat local, c'est comme partout ailleurs, des viandes, des charcuteries, des fromages, pommes, citrons, oranges, bananes, des conserves et des bocaux, des jus de fruits, du café, des sucreries, des poissons de mer : mais comment déterminer ce qui est produit local et ce qui est importé ? La mode ne dévie pas significativement des standards du monde civilisé, les différences entre les boutiques de couture et le prêt-à-porter résident dans la qualité, tandis que les autres articles répondent aux normes internationales." (p.44) C'est un bouquin à la fois drôle, absurde et terriblement angoissant : quoi de pire que de se retrouver dans une telle situation ubuesque dont il semble impossible de sortir ?
Une fois que j'ai dit tout cela, je me dois de signaler également que le bouquin est parfois empreint de longueurs : la situation de Budaï n'évolue pas et Ferenc Karinthy tourne un peu autour du pot, si je puis me permettre cette expression. Beaucoup de redites, de répétitions dont je pourrais me passer, moi qui aime les romans qui vont droit au but. Mais que mes remarques ne vous empêchent pas de découvrir ce que certains qualifient de roman culte, et qui, si ce mot est très largement galvaudé en général, est sans aucun doute marquant. D'ailleurs, rien ne dit qu'un roman marquant -ou culte- doive être lu de bout en bout sans ressentir de longueurs ; par exemple et sans comparaison entre les deux livres, j'ai lu et relu ce qui est mon roman préféré en en passant des pages et des pages, et à chaque fois, en le trouvant admirable. Les Misérables de Victor Hugo.
Épépé est un roman qui touche et qui marque par la situation qu'il décrit et par cet homme Budaï totalement englué dans ce pays dont il veut absolument sortir. Un roman qu'il faut avoir lu ou qu'il faut lire.
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