"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour rembourser son prêt étudiant, Kate n'a guère le choix : elle doit quitter sa Nouvelle-Écosse natale pour aller travailler à l'autre bout du Canada, dans l'ouest lointain, là où l'on extrait le pétrole des sables bitumineux. Souvent isolée, naviguant de site en site, la jeune femme découvre un monde marqué par le harcèlement quotidien et le sexisme de nombreux collègues masculins. Sans se départir de son empathie ni de son humour, soutenue par des allié.e.s de confiance, Kate s'interroge sur la violence de son univers professionnel, qu'il s'agisse des relations humaines ou de l'exploitation forcenée des ressources naturelles. A-t-elle mis les pieds dans un univers parallèle, ou cette violence n'est-elle que le reflet de notre société ?
Cette BD en tonalité noir et blanc raconte l'histoire de l'autrice. Ayant suivi des études de sciences humaines, elle se retrouve avec un crédit étudiant très élevé et peu de possibilités pour trouver un poste dans la région canadienne d'où elle est originaire.
La solution qui s'offre à elle est d'aller travailler dans un site de forage de pétrole à l'autre bout du pays. C'est un choc pour elle car elle se retrouve dans un environnement fermé et très masculin. Elle s'en sort au début grâce à sa répartie et à son côté cynique mais très vite la réalité la dépasse et elle subit de plein fouet les violences ordinaires et développe des troubles mentaux.
Cette lecture est forte car elle montre comment un environnement peut conditionner l'être humain. Mais aussi, comment un individu peut se faire broyer par un système lorsqu'il n'est pas aidé ou préparé. L'autrice réussit à prendre du recul sur son expérience et à montrer que cette situation n'est pas prévisible. C'est un travail à la fois de reconstruction suite à ce qu'elle a vécu avec un côté très anthropologique.
Kate Beaton s'est fait connaître par ses strips humoristiques, elle nous propose un premier roman graphique sur un sujet nettement plus sérieux. Le résultat est impeccable sur la forme : que ce soit dans la mise en scène, les choix de mise en page, la gestion du rythme, l'autrice maîtrise totalement sa narration sur plus de 400 pages avec une grande fluidité. Son dessin d'apparence simple s'avère très expressif, avec juste ce qu'il faut de détails dans les décors.
Mais c'est sur le fond que ce livre est le plus impressionnant : Kate Beaton raconte le désastre écologique et social de l'exploitation des sables bitumineux, et dépeint de manière édifiante le quotidien d'une femme dans un monde d'hommes. Alors que les formations sur la pyramide des dangers reviennent périodiquement au fil de son expérience, on ne peut que constater l'absence de considération pour les risques sociaux, et l'escalade progressive depuis les simples incivilités jusqu'au pire… Loin de se contenter d'un simple témoignage, Kate Beaton livre une vraie réflexion sur les causes et l'impact des comportements toxiques.
Un livre très puissant, et un grand coup de cœur pour moi !
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Cette bd autobiographique raconte l'expérience de Kate, originaire de Nouvelle-Ecosse au Canada, tout juste diplômée en anthropologie et surtout endettée par un énorme prêt étudiant. Afin de le rembourser au plus vite, elle décide d'aller travailler en Alberta dans une usine de sable bitumineux. Sur place les conditions sont très dures : isolement du reste de la ville car les ouvriers logent tous dans un camp, solitude, sexisme et misogynie quotidienne, harcèlement, alcool, etc. Il y a très peu de femmes alors Katie est rapidement la cible des railleries.
L'héroïne essaie de quitter cet emploi pour une courte expérience à Victoria, en Colombie Britannique. Mais c'est trop précaire, alors elle doit se résoudre à retourner dans un camp pour économiser plus rapidement.
Deux années qui la transforment de façon permanente. Tout n'est pas blanc ou noir. Dans un sens, ces usines sont une aubaine financière pour des familles entières, malgré les conditions. Et en même temps, c'est un contexte déshumanisant et un désastre sanitaire.
Une bd dense mais passionnante, pas manichéenne, qui a su trouver le bon ton entre reportage et récit personnel, émouvant par moments ; surtout édifiant à la lecture de tous les dialogues rapportés.
C EST un énorme pavé de 400 pages que n on relache pas son étreinte. La canadienne kate beaton au dessin et au scenario, raconte ses deux anes passés en alberta ( canada) . Pour rembourser son pret étudiant , elel a travaillé dans une compagnie qui extrait du pétrole dans les sables bitumineux. L OUVRAGE fait moins reference au desastre ecologique qu a l univers oppressant de ce camp de travailleurs isolés de leurs familles pendant de longues semaines. Par touche subtile , l auteure decrit la compléxité de ce monde où la domination masculine se conjugue à une profonde detresse, sans que l une ne justifie l autre. Quelques personnages, hommes et femmes s accrochent heureusement à leur dignité pour donner du relief à ce chef d oeuvre
Originaire de Cap-Breton, une île de Nouvelle-Écosse à l'est du Canada, l'un des coins les plus pauvres du pays, Kate, part travailler à l'ouest, là où l'on extrait le pétrole des sables bitumeux. Elle n'a pas le choix, elle doit gagner de l'argent pour rembourser son prêt étudiant.
Elle se retrouve dans un univers très masculin, sexiste, machiste. Les remarques, la drague plus que lourde, le harcèlement sont son quotidien.
Très gros roman graphique dans lequel Kate Beaton raconte son parcours : elle arrête ses études à 21 ans et se retrouve dans ce monde inconnu et brutal. J'ai beaucoup appris sur les sables bitumeux, je n'y connaissais rien. Extraction particulièrement anti-écologique, qui empoisonne les populations autochtones sans aucun scrupule, par profit. J'ai aussi appris sur la dure vie des gens qui bossent dans ces mines : des longues, très longues journées, du repos qui ne permet pas de rentrer chez soi, car beaucoup de travailleurs viennent de l'est du Canada. Ils restent donc sur place, ne voient que rarement leurs familles.
Kate Beaton raconte le harcèlement quotidien, qui commence par des petits noms dont certains l'affublent, puis par des remarques, des réflexions, des allusions voire carrément des demandes directes "Tu baises ?". Être une femme dans ce milieu est éprouvant d'abord parce que le travail l'est et ensuite parce qu'il faut subir tout cela et être constamment en alerte. Toujours s'opposer est exténuant, donc, elles laissent passer, laissant la porte entrouverte à des brutes qui la poussent violemment.
Malgré le thème difficile, le dessin de Kate Beaton est doux, dans les tons gris-bleutés, bicolores, mais aussi dans les traits de ses personnages. L'autrice n'est pas manichéenne, elle ne dit pas que tous les hommes l'ont harcelée ou embêtée, elle s'est très bien entendu avec certains qui ont su l'écouter, la soutenir. La dureté du travail, l'éloignement des familles, la connerie humaine peut expliquer sans excuser le comportement de certains, c'est une des théories qu'avance Kate pour tenter de vivre normalement. Elle témoigne dans cet album très fort de deux ans de sa vie (entre 2005 et 2008), de deux ans de souffrances au travail, celle qu'elle a vécu et celle dont elle a été le témoin.
Il paraîtrait que ce serait le roman graphique préféré de Barack Obama en 2022, je ne sais pas si c'est un critère qui fait vendre, mais force est de constater que cet homme à bon goût. 435 pages passionnantes, édifiantes et un peu flippantes quand même sur le comportement de certains hommes, sur ce qu'ils se permettent vis-à-vis des femmes, simplement parce qu'elle sont femmes. "Un témoignage rare, porté par une voix profonde" (4ème de couverture). Absolument !
Bienvenue en Alberta dans l'ouest du Canada ! Ici on extrait le pétrole et le bitume en très grand quantité dans des exploitations à fort impact environnemental. Y travailler est pour Kate, 21 ans, la seule possibilité de rembourser rapidement son prêt étudiant.
Elle y passera 2 ans, entre 2005 et 2008, travaillant pour différentes entreprises à différents postes, vivant parfois dans des camps de travailleurs. C'est le témoignage de cette expérience qu'elle nous offre dans cet album. Un récit puissant, succession de scènes vécues, entre documentaire, sociologie et télé-réalité d'enfermement. Car dans ces mines où travaillent 50 fois plus d'hommes que de femmes, la solitude, la promiscuité mais aussi la drogue et l'alcool, font des ravages.
Et pour une femme, c'est un monde hostile, vulgaire où le harcèlement est quasi quotidien, où il est impossible de dire ce que l'on ressent, où l'isolement pèse et influe sur le comportement de chacun, où le viol est un répit à l'ennui. Un traitement aussi néfaste pour l'environnement que pour l'humain, nié par les dirigeants d'entreprise ou les politiques. Kate Beaton livre ici un témoignage fort et rare qu'il faut lire et digérer, tant la nausée est parfois proche.
Son dessin caricatural en nuances de gris permet d'éviter la lourdeur et l'apitoiement. On voit d'ailleurs l'évolution de l'attitude de Kate qui parvient petit à petit à traiter ces situations avec humour, distance et même à en comprendre les ressorts au moment de quitter les lieux, alors qu'elle pense se concentrer sur le dessin et espère en vivre.
Ces 437 pages ne se lisent pas d'une traite. Mais elles pèsent lourd et méritent d'être lues et partagées. Il est probable que ce qu'a vécu Kate Beaton est transférable à quantité d'autres domaines ou entreprises... raison de plus pour ne pas laisser le silence s'installer.
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