Des découvertes littéraires qui ont illuminé votre fin d'année
Adam a découvert en France un endroit où l'on peut tuer sans conséquences.
" UN INCONTESTABLE TALENT. " Pascale Frey, ELLE ( Surtensions) " UN ÉCRIVAIN, POLICIER DE MÉTIER, AUTEUR DE TALENT. " Gérard Collard, LCI ( Territoires) " L'ÉLECTROCHOC ! " Julie Malaure, Le Point ( Territoires) " DU GRAND ART DE POLAR. " Delphine Peras, L'Express ( Code 93) " ON RESSORT BLUFFÉ. " Bruno Corty, Le Figaro littéraire ( Code 93)
Des découvertes littéraires qui ont illuminé votre fin d'année
Un flingue et une plume, ou la bibliothèque d'un flic auteur !
Le romancier et ancien policier Olivier Norek répond aux questions de la communauté
Vous avez adoré ses romans, vous voulez lui poser toutes vos questions ? Venez rencontrez Olivier Norek le 6 mars.
J'ai lu "Entre deux mondes" juste après "Au plaisir de Dieu" de Jean d'Ormesson, ce qui ne crée probablement pas les meilleurs conditions pour apprécier l'oeuvre d'Olivier Norek.
L'écriture est ici beaucoup plus simple et direct, mais elle fait très bien passer les émotions ressenties par les personnages, allant de la peur la plus violente, à d'intenses mais rares moments de joie.
L'histoire m'a paru crédible et bien documentée, presque vécue. Evidemment, les coïncidences qui font se rencontrer certains personnages (Adam retrouve par pur hasard dans la jungle de Calais l'enfant noir qui avait tenté de protéger son épouse sur le bateau de migrants...) sont improbables ; mais j'ai usé du même artifice dans un de mes textes, alors...
Surtout, Olivier Norek sait très bien faire vivre ses personnages : on peut se mettre dans leur peau, comprendre leurs tourments, pleurer ou rire (rarement) avec eux.
J'ai lu le livre en temps un peu contraint : j'avais cinq jours pour cela, un seul a suffit. Et ce fut un grand plaisir !
Cet ovni qui échappe aux catégories littéraires, est à l'image de son auteur, qui nous interpelle ici sur l'ambivalence de la condition humaine. Peut-on être que d’un seul côté de la frontière ? Est-ce que c’est vraiment mieux ailleurs ? Comment faire pour se reconstruire après avoir traversé des étapes où votre corps se déchire un peu plus à chaque étape ? Quel avenir donner à un jeune garçon, grimé avec des attributs de mille couleurs dans un monde sombre et froid alors qu'il ne parle pas et qui pourtant vos protège? La démarcation entre les deux camps migrants/forces de l’ordre très vite s’efface pour laisser place à un homme qui refuse de laisser son statut de flic prendre le pas sur son humanité.
Entre deux mondes, nous bouleversent entre deux genres, entre deux émotions à la recherche d’un fragile équilibre forcé… On attend le prochain opus d'Olivier Norek quelle qu’en soit la forme avec impatience !
La rencontre avec l'auteur a été une telle révélation que j'ai dévoré ses autres titres!!!!
Un livre qui donne à réfléchir sur un thème d’actualité, bouleversant et tellement vrai
Dès les premiers mots, nous sommes piégés. Les premières lignes de cette histoire sont terrifiantes et pourtant si vraies, malheureusement de trop nombreuses fois.
Nora et sa fille Maya tentent de fuir leur pays, anéanti, détruit par la guerre. La Syrie. Cette fuite que son mari Adam a minutieusement organisée. D’abord, elles, il les rejoindra après. Les protéger, les mettre à l’abri, les faire partir toutes les deux. Destination la France, dans ce camp d’accueil pour les migrants : « La Jungle de Calais ».
« Attends-moi comme on avait dit, à l’endroit le plus sûr, les baraquements pour femmes de la jungle de Calais. Je te retrouverai, je te promets que je vous retrouverai ! C’est notre nouvelle vie, Nora. Notre nouvelle vie ! »
Et puis un jour, c’est au tour d’Adam, de quitter sa terre. Pour les retrouver… Mais lorsqu’il arrive sur place, il y découvre une véritable zone de non-droit, de désolation… Ousmane l’accueille, il sera son protecteur ; de suite, il cernera Adam, qui n’est pas comme les autres et le surnommera « Military Man ». Adam cherche sa famille, mais à leur point de rendez-vous, Nora et Maya n’y sont pas…
« Il leur montrerait bientôt, à tous, les amours de sa vie et ils fuiraient ensemble ce purgatoire entre deux mondes, l’enfer syrien et le paradis anglais. »
Lorsque Bastien arrive à son tour à Calais, pour occuper son nouveau poste de lieutenant de Police, il ne sait pas ce qui l’attend. S’imprégner des lieux. Intégrer une nouvelle équipe. S’acclimater. Ce qui ne sera pas chose aisée, ni pour lui, ni pour sa famille. Il prend ses marques, ses repères, tout comme Adam, dans une autre mesure et des environnements diamétralement différents.
Adam était « flic », lui aussi, dans son pays. Et très vite, cet instinct « de défense » refait surface au sein du camp…
« Coincés entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes. »
Quand une nuit il entend hurler à la mort, il sort de sa tente « de fortune »… au péril de sa vie, pour porter secours à celui à l’origine de ces cris… Kilani. Un jeune soudanais, victime de sévices corporels sexuels, à répétition… Adam va alors le prendre sous son aile… Ils ne se quitteront plus.
Commence alors pour eux une véritable quête « de survie ». L’aide apportée par Adam à Kilani le met lui-même en danger. Mortellement. Les menaces et intimidations tombent. Ils doivent se cacher. Bastien fait irruption sur leur chemin et va même jusqu’à solliciter les talents policiers d’Adam. Sa présence sur le terrain peut faciliter l’avancée d’une enquête en-cours. Cette « réquisition » donne lieu à une négociation, « donnant donnant », non pas pour servir Adam mais pour sauver Kilani… lui venir en aide pour son passage outre-manche. Destination « Youké ». Une relation d’amitié va s’installer au cœur de ce trio… jusqu’à toucher la propre famille de Bastien.
Adam va-t-il retrouver sa femme et sa fille ? Kilani arrivera-t-il à atteindre son objectif ? Bastien sera-t-il à la hauteur ?
Ne pas trop vous en dire, pour vous laisser le découvrir. Dans son dernier opus, Olivier Norek sort des murs du 93. Changement de décor, de cadre, d’environnement, de concept… Mais son talent d’écriture reste bel et bien intact et présent. Sa capacité à manier le suspense et l’émotion est encore plus forte dans « Entre deux mondes ». La dimension humaine y tient aussi une place conséquente, prenant à la limite le pas sur l’aspect « Polar ».
On s’attache aux personnages, on ouvre les yeux, le regard et la perception changent, sur l’image qu’on a sur cette triste réalité, les histoires de ces êtres humains, qui fuient la terreur, leurs conditions de survie, le niveau d’accueil…
Olivier Norek nous guide sur ses propres pas, bien loin d’être un voyage poétique, plutôt initiatique… A mettre entre toutes les mains, porteur de nombreux messages, pour tous les lecteurs, au fil de ses pages.
Cette lecture fut un nouveau coup de cœur « Norekien », une claque absolue…
Je remercie les Editions Michel Lafon ainsi qu’Alain De Roudilhe pour cette belle découverte, mais également Lecteurs.com pour la sympathique rencontre organisée avec l’auteur. Et bien évidemment, le bouquet final de remerciements à Olivier Norek pour cet excellent moment de lecture, un pur bonheur, bluffant. Bravo, joli tour de force !
Dans la rubrique des remerciements, j’ai beaucoup aimé ceux adressés aux blogueurs, que je partage ici avec vous et pour lesquels je remercie encore Olivier Norek pour ce sincère clin d’œil.
« Les blogueurs. Pour les petits blogs, les grands, ceux avec de l’émotion, ceux avec des fautes, ceux avec du cœur, ceux avec de la poésie, ceux qui deviennent plus que de simples connaissances, ceux qui parlent de tous les auteurs, ceux qui font tenir leurs murs avec des PAL, ceux qui te disent quand c’est mauvais et ceux qui t’accompagnent sur les Salons. Les vrais journalistes chroniqueurs du polar, c’est vous ! »
Les mots de l’auteur…
- Qu’est ce qui vous a poussé à sortir du 93 ?
J’étais un auteur, « flicard », du 93. Ecrire toujours sur le même endroit, décrire les mêmes paysages, peuvent créer de la lassitude. Comme un besoin de sortir, suivre une autre ligne de vie, en toute crédibilité et sans caricature. J’aime les décors, y installer mes histoires. Il devenait nécessaire de décrire autre chose, changer. « Entre deux mondes » est un véritable « après », totalement différent de la précédente trilogie, poser un nouveau décor hors les murs des cités déjà au cœur des trois premiers livres. Peut-être qu’un quatrième tome sera envisageable pour tourner véritablement la page avec Coste… A voir.
- Pourquoi ce thème ?
Pour parler de la vérité. De l’accueil qui n’est pas, qui n’est qu’une vitrine. Parler de l’humain. Et surtout parce que ça pourrait aussi nous arriver. Et que dans la même situation, on ferait certainement tous la même chose…
- Vous avez été en immersion, sur place, pendant plusieurs semaines. Quelle est la part de réel versus fiction dans cette histoire ?
En effet, je suis parti, avec mon sac à dos, pendant trois semaines, sur les lieux. Ousmane était un véritable garde du corps, une personne exceptionnelle. Les personnages du livre sont des fictions de personnes réellement rencontrées. Je me suis présenté comme un écrivain. Ils ont d’abord été surpris par ma démarche. Et puis, finalement : « Un livre ? OK, c’est une bonne manière de parler de la Jungle…. Sûrement la meilleure façon de parler de nous… ». L’accueil et la relation furent assez intéressées…
Dans mon rôle, j’avais besoin d’être une éponge. Pour toucher. Mettre mes propres mots.
Par la promotion de mon livre, j’aimerais rendre hommage et mettre à l’honneur Ousmane. Porter cette histoire dans les écoles, les collèges, les lycées. Faire comprendre au plus grand nombre le message « Vous auriez fait exactement la même chose ». Porter le livre ailleurs… lui donner une autre dimension, une nouvelle impulsion…
- A quel personnage policier vous identifiez-vous ?
Un mélange de Bastien et Passaro. Eviter de rentrer dans les clichés du héros. Un personnage à l’image de mes débuts dans la police. Chef de groupe. Paternel.
Changer la perception des lecteurs. Etre moins considéré comme un « flic » qui écrit des « polars », mais plus comme un auteur. Etre un écrivain. Me consacrer plus à l’écriture.
Sortir 15ème de sa promo et choisir le 93 comme 1er choix immédiat, ce n’est pas banal. Avoir pour objectif d’y apprendre mon métier, vite et bien. Voilà pourquoi ce terrain. Et ce fut le cas.
En tant qu’écrivain, on se doit d’être très fidèle à la réalité, pour ne pas être pointé du doigt. Etre factuel. Ne pas se tromper. C’est comme un devoir, une nécessité.
Bluffant. Joli tour de force : https://littelecture.wordpress.com/2018/03/13/entre-deux-mondes-de-olivier-norek/
Waouhhh… Ce livre est bluffant de sincérité, de vérité et l’auteur m’a complètement embarqué dans son intrigue… Une intrigue qui colle à la réalité et à l’actualité…
Entre deux mondes vous transporte dans un univers à part, dans un monde à part… Et pourtant, c’est un monde que nous avons contribué, peut-être en partie, à créer…
Je dois dire, qu’en me lançant dans cette lecture, j’y allais à reculons, pas trop fan de l’auteur, dont je n’ai lu que « code 93″… Mais qui n’avait pas réussi à me convaincre, malgré une intrigue intéressante. Pour autant, quelques conseils de blogueurs plus tard… Et surtout un retour à faire à Yvan
«J'ai lu Entre deux mondes avec rage et parfois des pleurs. C'est un roman magistral. Je suis à terre, je n'arrête pas d'y penser» a dit Joann Sfar à Olivier Norek sur le plateau de la Grande Librairie. Je crois que cette phrase résume mon sentiment sur ce livre. Un véritable coup de poing, entre dénonciation et témoignage, un état des lieux criant de vérité dans un roman habilement construit autour d'une enquête policière. Une plongée au coeur de la Jungle de Calais (et on sent le vécu), où des migrants de toutes origines attendent de passer en Angleterre et terreau de recrutement de Daech. Un no man's land où la police ne peut pas mettre les pieds, où l'on tue et l'on viole impunément. « le purgatoire entre deux mondes, l'enfer syrien et le paradis anglais ».
Olivier Norek nous prend à la gorge et nous interroge sur notre peur face aux migrants. Il nous livre ici sans doute son meilleur roman.
Encore un nouvel avis sur ce roman, bien sûr je ne suis ni la première et encore moins la dernière à vous dire combien il faut lire cette histoire.
C'est vrai qu'on attend toujours avec impatience le nouveau roman d'un auteur qu'on apprécie, qu'on est juste émerveillé de le recevoir en avant-première (encore merci à la maison d'éditions et à Olivier Norek) et qu'on a, à la fois, envie de le dévorer mais aussi de le déguster pour mieux en apprécier les saveurs.
Et ce roman est juste tellement fort qu'on ne peut que recommander sa lecture à tous,
Olivier Norek a posé ses bagages en pleine "jungle' de Calais (il faut lire l’explication de ce terme) et nous emmène à la découverte de personnages que nous ne sommes pas prêts d'oublier.
Adam a envoyé sa femme et sa fille en France à Calais, pour leur permettre de fuir le feu de la guerre et le régime sanguinaire syrien en leur promettant de venir les rejoindre très vite. Nous suivons donc Nora et Maya pendant le douloureux parcours qu’elles devront emprunter pour parvenir dans cette jungle... jungle qu'elles n'atteindront jamais.
Adam lui parvient à arriver en France et se met donc à la recherche de sa famille. Dans ce laps de temps où il va perdre l'espoir de les retrouver petit à petit il va découvrir un monde "entre deux mondes", celui où l'espoir le plus fou se mêle au désespoir, à la misère, à la haine, à l'exclusion etc...
C'est dans des circonstances terribles qu'il va rencontrer et sauver Kilani un petit garçon qui en a vu de toutes les couleurs pour son jeune âge. Ensemble ils vont tenter de survivre dans cet endroit inimaginable.
Quand des meurtres vont être commis dans la jungle, Adam, ancien policier va s'investir et tenter d'aider Bastien le flic français dans cette enquête qui va se révéler vraiment difficile à résoudre dans ces lieux de non-droits où la police française ne met pas les pieds et ne peut donc vraiment enquêter.
Bastien, Adam, et tous ceux qui gravitent dans leur entourage nous offrent des images bien contrastées d'une vision sur cet enfer, ce camp de réfugiés dont personne ne veut mais qu'on empêche de partir.
Ce roman est simplement terriblement humain, on y côtoie la misère, l’espoir d'une vie meilleure ailleurs, la peur, la terreur, les relations humaines, la vie associative, la violence, l'autorité et au milieu de tout cela des êtres humains qui ont tout quitté, un pays en guerre, la misère la plus noire, qui ont laissé leur famille, leur maison, leur métier pour tenter de sauver leur vie et qui ont simplement l'espoir de se rebâtir une existence digne dans un autre pays.
L'auteur nous offre simplement un regard sur ces situations terribles qui se passent si près de chez nous.
Tout sent la réalité du terrain, la vérité crue et c'est vraiment le plus terrible.
De sa plume toujours aussi affutée, Olivier Norek nous met la larme à l'œil, nous émeut, nous indigne et nous propose un roman véritablement abouti qu'on ne peut que recommander à tous les lecteurs et lectrices de France et d'ailleurs.
A la page 138, une phrase m'a interpellée car elle se rapproche totalement du sentiment que j'ai eu en lisant 'je suis migrant et je souris» (un petit recueil que je vous recommande de lire)
. Je vous la livre, vous ressentirez surement la même émotion que celle que j'ai ressenti en la lisant :
"Des gamins, des jeunes, des adultes. Uniquement des hommes. De la pauvreté. De la misère. De la dignité pourtant. Pas de tristesse. "
Encore une immense réussite d'Olivier Norek qui à chaque nouveau roman nous emporte de plus en plus loin dans nos lectures et nous fait ressentir tellement d'émotions et de sentiments divers et variés.
A vous maintenant de vous plonger dans cette histoire terriblement émouvante et forte…
Waouh… c'est du très bon, n'y allons pas par quatre chemins. Quelle maîtrise, Monsieur Norek ! Je suis bluffée comme on dit. Sont réunis ici tous les ingrédients qui font un excellent polar : une construction au millimètre, une langue fluide et des dialogues dynamiques, du suspense (impossible de reposer le bouquin), une plongée dans un univers, des personnages émouvants et très attachants… Tout y est : vraiment j'ai adoré !
Bon, que je vous raconte un peu : si je vous dis « Calais », vous allez penser à quoi ? Son beffroi de 78 mètres, ses fameux bourgeois immortalisés par Rodin, son port, sa plage ?
Pas vraiment, me direz-vous… Les mots qui vous viendront à l'esprit sont La Jungle, les migrants, le rêve du passage vers l'Angleterre (Youké, comprenez UK), la survie sous une tente, le froid, la faim, la misère, la violence, la mort.
Et c'est là qu'Olivier Norek donne rendez-vous à ses personnages, dans ce lieu qui n'en est pas un, dans cet espace où la police ne met pas les pieds, le plus grand bidonville d'Europe : « vous y allez souvent ? - Aux abords tous les jours. A l'entrée, quand il le faut. Mais dedans, rarement. C'est à la fois une zone de non-droit et un bidonville » où des enfants, des femmes, des hommes tentent de survivre comme ils peuvent, épuisés par un voyage qu'aucun de nous ne ferait. Bref, un endroit à la marge, « entre deux mondes », une espèce de no man's land avec des hommes, enfin, ce qu'il en reste. Pour une plongée, c'est une plongée (l'auteur a partagé trois semaines la vie des réfugiés mais il a rencontré aussi les policiers, les politiques, les journalistes, les calaisiens...) et vous verrez, quand vous entendrez parler de Calais et des migrants, vous n'envisagerez plus tout à fait les choses de la même façon… et pour cause…
Extrait d'une discussion entre flics en faction de nuit à Calais :
« -C'est comme dans les films d'horreur, tu sais, quand la nana court dans la forêt, qu'elle se casse la gueule tous les trois mètres et que l'assassin la suit, tranquille en marchant.
- Je vois pas le rapport.
- Mais si, attends. Bon, elle a réussi à sortir de la forêt et elle tombe sur une petite maison. Elle cogne à la porte, elle dit qu'elle va se faire égorger, qu'un fou la suit et tout et tout. Là, le proprio, s'il ouvre pas, les spectateurs le traitent d'enfoiré. Normal, non ?
- Ouais. Non-assistance à personne en danger. Mais je vois toujours pas le rapport.
- Le rapport c'est qu'on fait exactement la même chose. Tous ces migrants, là, c'est comme s'ils fuyaient un assassin en série, qu'ils frappaient à notre porte et que nous, on faisait semblant de pas entendre.
- D'accord, sauf qu'ils sont dix mille à toquer. Et avec le phénomène d'aspiration, si on ouvre pour ceux-là, dix mille autres se présenteront, puis dix mille autres.
- Je sais, mathématiquement, ça tient, mais humainement, ça bloque toujours... »
Bon, un peu longue ma citation, mais elle pose en quelques mots toute la complexité d'un problème quasi insoluble dont Olivier Norek nous dresse, sans manichéisme aucun, un état des lieux… A nous de nous interroger...
Adam Sarkis, ancien membre de l'Armée syrienne libre, recherché dans son pays pour trahison, se retrouve là, à Calais. Il attend sa femme Nora et sa fille Maya qui sont parties avant lui, pour plus de prudence. De Damas, elles doivent passer par Beyrouth, Amman, Tripoli, Pozzalo, puis… Calais. Voilà ce qui est prévu. Ils sont censés maintenant se retrouver. Après, ils verront. Mais pour le moment, elles ne sont pas encore là...
Arrive aussi, à peu près au même moment, un flic, le lieutenant Bastien Miller affecté à la brigade de sûreté urbaine de Calais. On le prévient tout de suite, Calais, ce n'est pas une sinécure. Poids lourds pris d'assaut, agressions en tous genres, barrages sur l'autoroute, morts de migrants, vengeances, magouilles, meurtres, viols, tensions entre communautés (comme le dit Ousmane, un réfugié : « Tu dois faire attention aux Afghans. Ils ne sont pas pires que les autres, mais comme ce sont les plus nombreux, ils essaient de faire la loi. C'est naturel. C'est la survie. Nous devenons tous des monstres quand l'Histoire nous le propose. ») Présence, aussi, des recruteurs pour Daech. Et, bien sûr, des humanitaires débordés. De plus, la cohabitation est ultra-tendue avec les Calaisiens : des bagarres sont à déplorer, la ville perd ses touristes, les magasins ferment, le taux de chômage grimpe, les maisons ne valent plus rien… Il faut gérer ça au quotidien. Bref, Bastien est prévenu. Ses collègues n'en peuvent plus : dépressions, tentatives de suicide, arrêts-maladie, problèmes de couple et impossible de muter : quand on y est, on y reste.
Et puis, il y a un problème dans cette Jungle (qui doit son nom au fait que les migrants iraniens ont appelé ce secteur boisé « La forêt » à savoir « jangal » en persan : or, tout le monde a cru entendre « jungle »...), difficile d'intervenir comme l'expliquent les collègues de Bastien : « … tous ces types dans la Jungle fuient la guerre ou la famine. On n'est pas sur une simple migration économique mais sur un exil forcé. Ce serait un peu inhumain de leur coller une procédure d'infraction à la législation sur les étrangers et de les renvoyer chez eux. On passerait pour quoi ? Mais d'un autre côté, c'est plutôt évident que personne ne veut se soucier de leur accueil puisqu'on les laisse dans une décharge aux limites de la ville. Alors on leur a créé le statut de « réfugiés potentiels ». Un statut qui n'existe qu'à Calais : avec cette appellation de réfugiés potentiels, ni on ne les arrête, ni on ne les aide. On les laisse juste moisir tranquilles en espérant qu'ils partiront d'eux-mêmes. »
Des gens que l’État français refuse de faire entrer dans son système judiciaire, ce qui reviendrait d'une certaine façon, à les intégrer. Et de ça, pas question... Alors, tout se passe comme s'ils n'existaient pas, n'avaient pas vraiment de statut, d'identité. Une zone de non-droit habitée par des fantômes qu'on espère de passage. Et le pire peut y arriver.
Donc, tous les soirs, ça recommence, c'est l'assaut des camions, les grenades lacrymogènes en quantité qu'il faut jeter pour aveugler tout le monde, l'hélico qui survole et repère, les chiens surexcités, la trouille des chauffeurs et des migrants prêts à tout pour passer. Le cauchemar. Au quotidien.
Enfin, Bastien sera prévenu : « -Réfléchissez pas trop lieutenant. C'est pas une bonne idée. Ce job, il se fait en apnée. Tentez pas de respirer sous l'eau. »
Mais, comme vous l'imaginez, ce n'est pas forcément son genre au gars Bastien de ne rien dire et de ne rien voir… Trop humain pour fermer les yeux.
« A la fin il faudra regarder tout ce qu'on a accepté de faire. Et ce jour-là, j'ai peur de me dégoûter. »
Encore une fois, un polar rythmé, efficace, très bien documenté (une année d'enquête et six mois d'écriture) qui va vous faire découvrir un monde que vous n'imaginez même pas dans vos pires cauchemars ! Et des personnages que vous ne serez pas près d'oublier…
A lire absolument !
LIREAULIT http://lireaulit.blogspot.fr/
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