"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nietzsche inspire aujourd'hui les artistes aussi bien que les chefs d'entreprises, les libertaires comme les réactionnaires. Chez lui, volonté de puissance et soif de liberté se conjuguent pour offrir à l'homme moderne une vision « cruelle » de l'existence où l'Autre - avec un petit ou un grand « a » - semble n'avoir pas droit de cité. Nous vivons en effet une époque que l'on pourrait qualifier de nietzschéenne : culte de l'individualisme, apologie du relativisme et glorification du corps. Mais d'où vient cette audace ? Elle prend sa source dans un meurtre, le meurtre de Dieu. La civilisation occidentale contemporaine a été bâtie sur la mort de Dieu proclamée par Nietzsche. D'où vient cette pensée, comment a-t-elle pris naissance, sur quel fondement a-t-elle pu s'élaborer ? Ne risque-t-elle pas de voir apparaître, comme au dernier acte du Don Giovanni de Mozart, le spectre du Commandeur venu demander des comptes à son assassin ? La question que pose Alain Durel dans ce petit livre limpide et très documenté est la suivante : d'où Nietzsche tient-il que le christianisme soit la négation de la vie ? Ne serait-ce pas de son vieux maître ? En « tuant le père », Nietzsche croit tuer Dieu mais il ne fait que renverser une idole pour en ériger une plus redoutable : le Surhomme, dont nous connaissons aujourd'hui les sinistres figures
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