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Ici l'oeil écoute l'eau. Dans les rivières de la Montagne Noire, la photographe Brigitte Fort célèbre l'élément aquatique comme une forme de narration visuelle. Au détour des torrents, des lacs, des ruisseaux, elle capte des reflets déclencheurs d'histoires auxquelles l'écrivain Patrice Teisseire-Dufour donne chair et mots à travers dix-neuf poèmes. Patrice Teisseire-Dufour observe et sublime la nature et ses torrents tumultueux dans lesquels il voit une métaphore de tout ce qui fait la vie. Brigitte Fort, quant à elle, se consacre depuis des années à la capture des effets de la lumière sur la surface des eaux. Son travail nous offre un vrai spectacle de nature haute en couleur.
Reporter-randonneur, Patrice Teisseire-Dufour nous entraîne dans sa « Montagne Noire, Montagne de l’âme ». Que ce soit dans la Galoube, sur les rives du Lampy ou de Saint-Ferréol ou encore sur la route des Cammazes, le poète marcheur trouve « l’illumination ».
L’aventure commence au pied de la forêt « pour ranimer la mémoire des pierres ».
« Dors mon haut pays
Dors sous l’échine des arbres.
Ne fais plus un geste »
Les paysages défilent sous nos yeux éblouis de tant de beauté, de tant de lumière. Ils sont bien là dans les mots du poète et les clichés de la photographe Brigitte Fort.
Il y a une véritable imbrication entre images et poèmes, et l’on retrouve les mêmes chatoiements de l’eau, la même énergie de vie.
Cet album recèle de mystérieuses photos, vitraux délicats, kaléidoscopes surréalistes. On se noie dans des tons de bleus et de bruns dorés, et on leur trouve des ressemblances avec des vitraux de Chagall. La nature et plus particulièrement l’eau, magnifiées par la photographie qui les transforme en peintures impressionnistes.
Les couleurs, elles éclatent aussi sous la plume du poète : les bleus camaïeux de la forêt, et le noir lumière quand « la nuit se pavane » et « quand la banderole de couleurs devient un psaume. »
« Kandinsky et moi
Avons accepté la connivence des éblouissements
Partagé l’ouverture de l’espace aux rebelles
Jour après jour. »
La lumière est noire nous dit le poète tandis que la photographe capte de sombres brillances. On pense à Pierre Soulage et son noir couleur si lumineux.
« On te dit Noire
Mais tu es plus qu’une couleur
Une variation de tons
L’imprécation d’un veilleur. »
Rien qu’en se penchant sur les reflets de l’eau, on peut partir pour des voyages lointains et étonnants, dépaysement garanti.
« Des pagodes de silence franchissaient
Mon territoire sacré
Et j’allais d’un bon pas
Le cœur en bandoulière
Dans les rizières du ciel. »
Les 19 poèmes qui émaillent ce recueil font entendre la voix enfouie de ces reflets d’eaux et c’est bien le murmure des torrents, des lacs et des rivières qui nous accompagne tout au long de cette lecture qui nous ravit et nous apaise.
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