"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Reporter-randonneur, Patrice Teisseire-Dufour nous entraîne dans sa « Montagne Noire, Montagne de l’âme ». Que ce soit dans la Galoube, sur les rives du Lampy ou de Saint-Ferréol ou encore sur la route des Cammazes, le poète marcheur trouve « l’illumination ».
L’aventure commence au pied de la forêt « pour ranimer la mémoire des pierres ».
« Dors mon haut pays
Dors sous l’échine des arbres.
Ne fais plus un geste »
Les paysages défilent sous nos yeux éblouis de tant de beauté, de tant de lumière. Ils sont bien là dans les mots du poète et les clichés de la photographe Brigitte Fort.
Il y a une véritable imbrication entre images et poèmes, et l’on retrouve les mêmes chatoiements de l’eau, la même énergie de vie.
Cet album recèle de mystérieuses photos, vitraux délicats, kaléidoscopes surréalistes. On se noie dans des tons de bleus et de bruns dorés, et on leur trouve des ressemblances avec des vitraux de Chagall. La nature et plus particulièrement l’eau, magnifiées par la photographie qui les transforme en peintures impressionnistes.
Les couleurs, elles éclatent aussi sous la plume du poète : les bleus camaïeux de la forêt, et le noir lumière quand « la nuit se pavane » et « quand la banderole de couleurs devient un psaume. »
« Kandinsky et moi
Avons accepté la connivence des éblouissements
Partagé l’ouverture de l’espace aux rebelles
Jour après jour. »
La lumière est noire nous dit le poète tandis que la photographe capte de sombres brillances. On pense à Pierre Soulage et son noir couleur si lumineux.
« On te dit Noire
Mais tu es plus qu’une couleur
Une variation de tons
L’imprécation d’un veilleur. »
Rien qu’en se penchant sur les reflets de l’eau, on peut partir pour des voyages lointains et étonnants, dépaysement garanti.
« Des pagodes de silence franchissaient
Mon territoire sacré
Et j’allais d’un bon pas
Le cœur en bandoulière
Dans les rizières du ciel. »
Les 19 poèmes qui émaillent ce recueil font entendre la voix enfouie de ces reflets d’eaux et c’est bien le murmure des torrents, des lacs et des rivières qui nous accompagne tout au long de cette lecture qui nous ravit et nous apaise.
Bien que je n'ai pas encore repris les randonnées dans les Pyrénées, car en fait l'été et le temps des balades sont encore loin même si le temps est incroyablement chaud et beau, je me suis régalée à lire ces récits.
Alors j'ai embarqué dans les montagnes, les gîtes, les villages. Transhumance, soupe chaude qui refroidit pendant que les bavards échangent sur les bonnes idées de balades, cabannes et bergers, oiseaux de nuit ou isards, tous sont là.
Ariège, Catalogne, Béarn ou Pyrénées-Orientales, l'auteur nous emmène partout où ses chaussures de marche l'ont entraîné, et je pars avec lui dans ces montagnes si belles que j'aurai bien envie de vous y entraîner à mon tour.
Aujourd'hui j'ai fait une grande boucle en passant par Jaca, en Espagne, avec un retour par la Pierre Saint Martin, et forcément ce livre m'a accompagnée.
N'hésitez pas à vous y plonger avant vos vacances à la montagne, que vous alliez dans les Pyrénées ou ailleurs. Une lecture qui vous mettra joyeusement du baume au cœur en attendant de gravir ces montagnes et de découvrir tous ces beaux paysages.
Ce que j'ai aimé ? Les courts récits de ces événements décrits avec beaucoup d'humour et de réalisme, en une ou deux pages, juste ce qu'il faut pour tout dire et nous faire sourire.
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