Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Rina a vécu une enfance pleine de violence et de non-dits dans une famille différente des autres. Et pour cause : son père est le « parrain » d'une petite ville du centre de la Sicile. Autour d'elle, des hommes disparaissent, « bus par le soleil » ; les femmes sont des veuves impeccables qui portent avec orgueil l'uniforme du deuil ; les enfants sont des orphelins à qui l'on fait jurer vengeance dès le plus jeune âge. Lorsque le père de Rina est assassiné, le monde de la jeune fille s'effondre. Son frère, le seul homme encore vivant de la famille, est lui-même en sursis. Doit-elle se résigner à la mort ? Pour Rina, c'est hors de question. Au risque de faire voler sa vie en éclats, elle décide de mener sa propre vendetta. Elle va être soutenue dans sa démarche par le juge Paolo Borsellino. Mais on ne s'attaque pas impunément à la loi du silence...
Fille, sœur et amie de mafieux, Rina Abadia fait partie, malgré elle, de la Cosa Nostra sicilienne. Elle voue une admiration sans limites pour son père Giuseppe dit « le dottore » et aime passionnément son grand frère Nino. Et si, comme tout membre d’une famille de mafieux, elle sait que la vie dans le Milieu est bien fragile, elle va se révolter contre la fatalité. Elle décide alors de collaborer avec la justice italienne et devient à 17 ans, témoin de justice. Se servant de son journal intime, elle va dénoncer tout ce qu’elle sait et que son frère lui a raconté sur la mafia sicilienne.
S’inspirant de l’histoire vraie de Rita Atria, Carole Declercq choisit de raconter la vie de Rina à la première personne ce qui donne une dimension assez enfantine aux propos d’une fillette puis d’une adolescente. Au-delà du récit d’un quotidien qui intègre une violence ambiante, l’autrice n’entre jamais dans les évènements concrets concernant la mafia.
On se contente de quelques paroles entendues, d’une ambiance familiale stricte et peu aimante puis de faits réels comme l’assassinat des juges Falcone et Borsellino que l’on a lus dans les journaux. C’est vrai que Rina est attachante et que sa vie est tristement atypique mais on n’en saura pas plus que ce que l’on sait déjà du milieu de la Cosa Nostra.
La fin poétique est très touchante et l’on se met à la place de cette jeune fille qui aurait aimé faire partie "des gens normaux ».
Une lecture agréable mais superficielle qui me donne le sentiment d’être passée à côté du principal.
"Embrasser mes étoiles", très joli titre pour le nouveau roman de Carole Declercq. C’est le deuxième que je lis de cette auteure. Et, si j’avais eu du mal à entrer dans le premier, il n’en fut pas de même pour celui-ci. J’ai tout de suite plongé dans l’histoire de Rina, Renata Abadia de son vrai nom. Et j’ai beaucoup aimé.
Il faut dire que ça commence plutôt bien : "Mon premier souvenir est bleu. Bleu comme le liseré franc de l’horizon où le ciel et la mer, en Sicile, se rencontrent et fusionnent." Mais en Sicile, si le ciel et la mer sont bleus, si les paysages sont magnifiques et magnifiquement décrits par l’auteure, la vie n’en est pas pour autant un long fleuve tranquille. Et Rina va très rapidement en faire les frais. Elle a, en effet, onze ans quand on vient la chercher à l’école, en plein cours. Son père a été tué, exécuté, défiguré. C’était un "parrain". Elle se retrouve avec sa mère, qui ne l’aime guère – elle ne la désirait pas – son frère Nino qu’elle adore et sa belle-sœur Iolanda. Mais la Mafia n’a pas dit son dernier mot. Et Rina, non plus.
J’ai beaucoup aimé ce récit qui nous immergedans le mode de vie de la mafia sicilienne et les moyens mis en place pour l’éradiquer. Carole Declercq sait raconter à hauteur d’une petite fille de sept ans au début du roman, puis d’une jeune fille. Elle use d’une écriture limpide, aisée à lire mais en même temps extrêmement belle. Elle réussit aussi bien à sublimer les paysages qu’elle décrit, que les personnages qu’elle brosse avec beaucoup de précision ou encore les actions qu’elle retrace avec force détails. Il s’agit là, à la fois de l’étude explicite d’un milieu et en même temps – et c’est ce que j’ai préféré – du portrait d’une toute jeune fille hors du commun et d’un courage exemplaire. Rina est, en effet, jeune, très jeune, quand elle décide de s’adresser à la justice pour raconter ce qu’elle sait, et devenir ainsi témoin de justice avec tous les dangers que cela comporte. Et savoir que ce roman est inspiré d’un fait réel ajoute à l’empathie et au respect ressentis pour Rina, mais aussi sa belle-sœur.
"Embrasser mes étoiles" est un très beau roman.
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