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Lou est hospitalisée en psychiatrie. Elle ne sait ni pourquoi ni comment elle est arrivée dans ce «lieu où l'humanité a été avalée par les horloges».
Louiza a tout quitté pour se consacrer à la photographie. Au Vietnam elle rencontre Nils, apprenti diplomate. Tout les sépare et pourtant cette rencontre marque le début d'une histoire qui, du Vietnam à Paris en passant par la Bretagne et Malte, les conduira au coeur d'une nuit qui fera basculer leurs vies.
Cinq années séparent Lou et Louiza. Cinq années que la mémoire de Lou a effacées et que le lecteur va redécouvrir avec elle.
Avec les tableaux de Chagall en toile de fond, se dessine un parcours initiatique et poétique dans un univers à fleur de peau où les émotions se mélangent au gré des révélations. Ce roman nous offre une réflexion sur l'altérité, la normalité, l'enfermement et la frontière entre passion amoureuse et folie. Sur la résilience aussi.
Un livre poétique en clair-obscur explorant la frontière entre passion amoureuse et folie.
Lou est hospitalisée en psychiatrie, elle ne sait ni pourquoi ni comment, elle est arrivée dans ce lieu avec si peu d'humanité, Louiza va nous conter son histoire d'amour avec Niels . 5 années séparent Lou et Louiza ou la mémoire de lou as été effacées, c'est un parcours initiatique qu'elle devras accomplir avec les toiles de Chagall.
Le roman est construit en deux parties, le vécu d'hospitalisation de Lou et l'histoire d'amour de Louiza avec Niels, un chapitre sur deux on découvre ce même personnage dans deux périodes de sa vie.
Il y a des passages difficiles, mais je pense qu'ils étaient utiles pour la lectrice que je suis pour comprendre ce que je sais d'être dans un institut de psychiatrie, malgré cela, la poésie des tableaux du Chagall décrit subtilement par l'autrice rend cette lecture moins difficile qu'on peut l'imaginer.
Et puis cette histoire d'amour m'a emmené dans un tourbillon d'émotions et de sensations incroyable, tellement je l'ai ressenti réelle.
Et puis j'avançais dans ma lecture, plus je m'attachais à ce personnage, extrêmement complexe, c'est vraiment un voyage dans la tête du personnage, et c'est vraiment troublant mais tellement fascinant.
Mais dans le contexte poétique de l'art de Chagall, c'est tellement beau, et cela pousse à tourner les pages et puis cette fin qui m'as laissée complétement béat.
Ce livre est vraiment une pépite que j'ai lue en deux jours, j'ai vraiment énormément apprécié cette lecture qui est vraiment différente ce qu'on peut lire sur le sujet.
Je commence cette lecture intriguée. Enthousiasmée par le titre, prête à plonger au coeur des couleurs de Chagal.
Je découvre Lou, blessée mais pas morte. Hospitalisée en psychiatrie. Sanglée chimiquement, parfois physiquement.
Pourquoi elle est là, Lou ? Quel traumatisme ? Quel passé ?
En parallèle, Louiza.
Quelques années auparavant. Photographe au Vietnam. Qui tombe éperdument amoureuse d'un homme plus jeune. Farouche, enclin à toutes les fuites. A toutes les fautes. Aimer à la folie, le prendre aux pieds de la lettre, envisager que Louiza et Lou ne soient qu'une.
L'envisager.
Louiza. Ou sa soeur Lou-Anne, qui sait.
Le premier quart du livre, je traînasse, je survole, je ne parviens pas à m'ancrer dans le roman. Je me casse les ongles à tenter de me fixer. Je commence tout doucement à accepter que, peut-etre, je vais devoir abandonner ...
Et puis, subitement, la plume se libère. Exactement comme on dit de la parole. L'auteure m'envoie de la poésie, du rythme. Ne s'accommode plus d'ecriture, de petites descriptions inutiles, de belles tournures, de poudre aux yeux. Voilà les mots qui tranchent, qui crient, qui ne tergiversent plus, ne font plus de compromis.
La lumière change. Les couleurs. Voilà Chagall. le bleu, ce bleu comme une bulle. Et du rouge qui éblouit, et on voudrait que l'histoire ne s'arrête plus.
Pari gagné !
Heureuse de ne pas avoir renoncé trop vite.
« Quand j'étais petite, je voulais vivre dans un tableau de Chagall barbouillée de couleurs au milieu des chevaux ailés, des soleils bleus et des musiciens acrobates....... je crois qu'au fond c'est toujours le cas. »
« Une certitude s'accroche à elle en cet instant : elle veut vivre, vivre comme dans un tableau de Chagall, enivrée de couleur, légère, émerveillée, dans un ciel habité par tout ce qu'exhale la terre »
« Depuis, le Caravage me fascine autant qu'il m'effraie, il est la face sombre et visionnaire, le négatif de mes envies d'éternité, de fuite onirique et colorée dont Chagall est l'incarnation. »
Premier chapitre :
un couple sur un lit.
Elle, entreprenante, amoureuse .
Lui, silencieux, comme absent.
Où est passé leur amour ?
Elle, c'est Lou
2005 : elle est dans un hôpital psychiatrique.
Pourquoi ?
Cette question permanente tout au long du récit.
Puis on passe en 2000, au Vietnam.
Emploi du « tu » déroutant au départ, qui s'adresse à Nils, qui travaille à l'ambassade.
C'est certainement lui l'homme du lit.
Je dois être de la vieille école, ça m'agace un peu ces romans où l'on passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à l 'autre, d'un pronom narratif à l'autre.
Mais l'écriture est si belle que je continue.
Chaque chapitre commence par une magnifique citation, le plus souvent de Chagall.
Lou est fascinée par Chagall.
Depuis l'enfance elle s'imagine vivre dans un de ses tableaux.
Ayant vu une splendide exposition sur Chagall à Landernau, je ne peux que la comprendre.
Lou est fragile.
Lou perd pied.
Elle voulait vivre Lou.
Elle rêvait des couleurs de Chagall, des couleurs de la vie.
Elle aimait Lou.
Elle aimait tellement Nils.
Elle tombe Lou, dans un puits sans fond, dans cet HP où elle ne sait ce qu'elle fait, pourquoi elle y est.
Se relèvera-telle Lou ?
Cette histoire est magnifique.
L'écriture est somptueuse.
Poétique, sensuelle, intelligente, lumineuse, profonde.......
les nombreuses références à des peintres enrichissent le récit.
le livre est terminée mais j'y suis encore, émerveillée.
Pour une fois, pas envie de me plonger dans un autre tout de suite, ne pas perdre cette ambiance magique.
Les sauts dans le temps et dans les personnages qui m'ont agacée au début font partie intégrante de cette histoire.
Elle aurait perdu beaucoup à être racontée d'une manière chronologique.
C'est un premier roman, mais quel roman.
Mon vœu le plus cher est qu'il soit suivi d'autres.
Les Gaëlle sont de bonnes surprises en littérature.
Après Gaëlle Nohant, Gaëlle Josse, voici venue Gaëlle Fondlupt, et pour longtemps j'espère.
Merci infiniment pour ce roman.
Mais quel amour cette Finette!
Mais quel amour ce Remo !
Ah c'est une bien belle histoire que leur histoire d'amour.
Mais qu'est-ce qui arrive à Finette ?
Elle si joueuse, si gourmande, si voleuse, si dormeuse, plus rien ne l'intéresse.
Elle est carrément déprimée.
Et tout est super bien rendu tant par les textes que par les aquarelles de Remo Forlani.
Je me demande juste pourquoi il lui a fait un nez pointu, mais bon, ce n'est pas grave.
En tout cas, j'ai passé un excellent moment en leur compagnie, le sourire aux lèvres.
Fleur est divorcée et vit avec son fils de 14 ans
Merlin est veuf et vit avec sa fille de 14 ans et leur chat Newton.
Newton se sauve régulièrement chez Fleur et s'est ainsi qu'ils font connaissance puis décident assez rapidement de se marier.
Pas n'importe où, sur l'île de Groix où se situe l'action d'un roman qu'ils ont lu tous les deux.
Et nous voilà partis pour une belle histoire à l'eau de rose.
Que de clichés dans ce livre !
Que de grosses ficelles !
Quelques personnages sont plutôt sympathiques, certes.
L'histoire peut nous divertir quelques heures.
Mais l'écriture est des plus basiques, le ton convenu ;les situations plus ou moins prévisibles
Franchement, je ne sais pas quoi écrire sur ce livre.
Rien ne me vient, si ce n'est que je ne lui ai pas trouvé grande originalité ni grand intérêt.
Après six ans passés à Paris, Soizic revient à St Malo pour l'enterrement de sa grand-mère et renoue avec sa famille à qui elle n'avait plus donné signe de vie.
Insipide et sans saveur.
Un roman comme il en existe des milliers et des milliers et qui n'apporte rien.
C'est écrit comme une rédaction d'un élève de CM qui serait bon en français.
Je ne sais plus où j'ai lu qu'un roman comportant beaucoup de dialogues masquait une insuffisance littéraire.
Là tout n'est pratiquement que dialogues.
C'est dire !
Ce qu'il y a de bien avec Jean-Louis Fournier, c'est qu'il nous offre des petits moments de plaisir et d'humour.
En plus c'est toujours court et écrit gros, du coup on n'a pas le temps de se lasser.
Ici il change un peu de registre, ce n'est pas autobiographique si ce n'est qu'il part de son nom , Fournier, comme Alain-Fournier.
Il raconte la vie du petit frère du grand Meaulnes, lequel admire et subit son frère fantasque.
On retrouve un petit côté JeanTeulé, mais beaucoup plus gentil et humoristique et surtout beaucoup moins gore.
Ce n'est pas mon préféré de ses livres, mais ce fut un bon petit moment de détente.
Jean-Louis se sent seul.
Désespérément seul.
Il guette les volets de ses voisins, attend les coups de téléphone....
Sa femme, son chat, la plupart de ses amis sont morts.
Un livre doux-amer qui fout un peu le bourdon.
Il y a d'ailleurs un peu moins d'humour que dans ses précédents livres.
On a envie de l'appeler, d'aller lui rendre visite.
Ne pas le laisser seul comme ça.
Et dire que tous ces confinements n'ont rien dû arranger.
La majeure partie de sa vie, Jean-Louis Fournier a été impatient.
Aller vite, passer à autre chose, avancer..............
Et plus le temps passe, plus il apprécie la patience.
A quoi bon se presser, devancer les choses.
Toujours le même style, toujours le même humour.
Pourtant ce texte me semble plus court, un peu moins complet.
Mais c'est toujours un plaisir de lire cet auteur.
Pendant un quart du livre, je me demandais bien où Irène Frain voulait en venir.
Elle nous raconte un fait divers abominable : une vieille dame se fait sauvagement assassiner chez elle.
Certes c’est atroce mais pourquoi tant expliquer, délayer.
Ce n’est qu’à la page 60 qu’on comprend enfin, cette vieille dame, c’est sa sœur.
Et le silence qui s’est installé autour de cette mort, silence de la police, silence de la justice, silence de la famille, la mine au plus profond d’elle-même.
Il aura fallu ces lignes, ce livre pour que s’apaise un peu sa colère.
Les sentiments qu’elle traverse sont magnifiquement traduits.
Ses souvenirs, ceux de cette sœur aimée qu’elle avait perdue de vue aussi.
Irène Frain a une belle écriture, elle sait mener ses récits.
Ici, elle m’a particulièrement touchée et je l’espère sincèrement plus apaisée, presque deux ans après cet horrible drame.
Après un séjour en Sardaigne avec Milena Angus, me voici partie en voyage avec Philippe Fusaro pour un tour d'Italie.
Quel bonheur, deux romans de suite dans ce pays magique.
Sandro vient de se faire mettre à la porte par sa femme.
Elle a, dit-elle, besoin de prendre ses distances.
Comme ce sont les vacances, il part alors avec son fils en Italie pour un voyage sans but précis à bord de son Alpha Roméo décapotable.
Chaussures et vêtements ont une grande place dans l'histoire.
D'ailleurs, le petit Marino ne quitte pas son costume de cosmonaute, offert par son grand-père.
Ils vont de ville en ville, descendant vers le sud.
Que ces deux personnages, le père et le fils, sont beaux et attendrissants.
Et Dolores qui apparaît vers la fin du livre est une toute aussi attachante personne.
Le texte est émaillé de répétitions qui résonnent comme des ritournelles poétiques.
C'est doux, envoûtant, mélodieux.
A la magie de l'Italie, se mêle la magie de l'histoire.
Que de tendresse, de complicité.
Que de tristesse et de joie.
La confiance et l'amour entre le grand et son petit sont émouvantes.
C'est qu'il en comprend des choses Marino malgré son jeune âge.
J'ai franchement passé un délicieux moment avec ce roman si délicatement écrit.
Moins qui ne suis pas férue de sport, encore moins de boxe, qui m'eût dit que je lirais un jour la biographie d'un boxeur.
Pourquoi le choix de ce livre ?
Parce que j'ai lu récemment une livre de Philippe Fusaro que j'ai beaucoup aimé et j'avais envie de continuer à le découvrir.
Je ne m'attendais pas du tout à ça.
Et bien figurez-vous que j'ai aimé.
Primo Carnera, paysan pauvre du Frioul part en France et commence à boxer.
Il deviendra champion du monde en 1933 et fera aussi du cinéma.
C'est un homme simple, bon, généreux, honnête.
Il se fera exploiter par ses entraîneurs et par le Duce.
L'auteur en a fait un très beau portrait.
Si je me suis tant intéressée à cette histoire, c'est qu'elle est diablement bien racontée.
Les narrateurs sont multiples, ce qui évite toute monotonie.
Il y a Primo Carnera lui-même, son entraîneur, ses amis, sa femme, sa fille, le Duce.......
Les moments écrits par le héros sont savoureux parce qu'à son discours se mêlent des mots italiens qui vont de soi.
Un personnage qui gagnait certainement à être connu et que je suis contente d'avoir découvert.
Les chapitres alternent entre deux points de vue, celui de Lou hospitalisée en psychiatrie en 2005 et celui de Louiza photographe au Vietnam en 2000. On progresse au même rythme dans les deux histoires.
Lou raconte son quotidien dans l’hôpital psychiatrique où elle est internée. Elle ne se souvient de rien, ne sait pas pourquoi elle est là. Elle veut sortir, qu’on lui réduise ses médicaments qui la rendent vaseuse et l’empêchent de se souvenir de ses rêves. Son esprit rebelle la mène souvent en isolement. Une voix l’accompagne dans sa tête et la déstabilise, « Jetedis ». Il y a les loups qui rôdent et l’effraient. Elle appelle le personnel soignant « les lapins blancs », toujours à courir comme le lapin blanc dans Alice au pays des merveilles. Parmi eux, il y a Geneviève pleine de bienveillance : « Elle a cette voix de laine chaude qui rassure Lou comme un pull de grand-mère. » Et puis elle trouvera un allié dans Guilhem, le seul qui arrive à la calmer quand les loups approchent. C’est Lou qui donne le titre au roman.
« Une certitude s’accroche en elle à cet instant : elle veut vivre, vivre comme dans un tableau de Chagall, enivrée de couleur, légère, émerveillée, dans un ciel habité par tout ce qu’exhale la Terre.
Elle a 19 ans alors. Aujourd’hui elle en a le double. 38 ans, un corps amolli par la camisole chimique et une nausée qui la fauche avec la force déferlante d’une lame de fond. »
On suit le terrible quotidien de Louiza. On s’attache à elle. On a envie de savoir pourquoi elle est là et surtout si elle va s’en sortir malgré toutes les difficultés rencontrées. Alors on tourne les pages…
Louiza est expatriée au Vietnam. Elle raconte sa rencontre avec Nils, plus jeune qu’elle, sortant de l’ENA et venu faire un stage à l’ambassade. Elle utilise le tutoiement quand elle parle de lui, comme une observatrice ou une narratrice.
« Comme à chaque fois que je te vois depuis le vernissage, je suis partagée entre une tendresse teintée de fascination et l’envie de te distribuer une paire de claque. Je me dis que la vie s’en chargera. A 23 ans, c’est même possible. »
Louiza et Nils que tout oppose s’attirent.
« Nous deux, c’est sans lendemain. Tout nous sépare : l’âge, le passé, la sphère sociale, les ambitions, les convictions. Notre façon d’être au monde et dans le monde diverge en tout point. »
Mais une fois que leur corps se seront trouvés, ils ne se quitteront plus, comme deux aimants. Une histoire d’amour extraordinaire, très romanesque et sensuelle. Jusqu’à ce qu’un événement imprévu bouleverse leur idylle. Là encore, l’autrice sait ménager le suspense, le lecteur veut connaître la suite, impossible d’abandonner Louiza et Nils.
Ce roman fait partie de la sélection du prix Hors Concours 2021. Quand j’ai lu l’extrait, qui se trouve être les premières pages du roman, j’ai beaucoup aimé l’écriture poétique de l’autrice. Chaque chapitre est introduit par une citation qui donne l’ambiance du chapitre.
Ce livre pose des questions sur le traitement des patients en hôpital psychiatrique. Il nous permet un instant de se mettre à la place d’une femme « folle » et nous pousse à nous interroger sur différents sujets comme l’enfermement, la normalité, la résilience.
Une belle découverte, éditée par une maison d’édition atypique puisqu’elle est associative, à but non lucratif pour la défense des droits des auteurs. Gaëlle Fonlupt est finaliste du concours Kobo/Fnac Les Talents de demain 2020. La première version portait le titre "Je voulais vivre dans un tableau de Chagall". Le texte a été retravaillé et publié par les éditions d'Avallon. J’espère pouvoir lire un deuxième roman de cette autrice et retrouver sa magnifique plume.
Merci aux éditions d’Avallon pour l’envoi de ce roman
Émouvant, « Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall » est un kaléidoscope pictural empreint de sollicitude. L’histoire a plusieurs rives. Entrelac et lever du voile sur les hôtes des pages, tous dans les mouvances d’une vie en quête de sens et de reconnaissance. Ils ont cet âge commun de l’ampleur des intériorités. Le point du centre de l’infinie expérience qui change de couleur selon les jours et les amplitudes d’espoir. Tableau de Chagall :
« Quand j’étais petite, je voulais vivre dans un tableau de Chagall, barbouillée de couleurs au milieu des cheveux ailés, des soleils bleus et des musiciens acrobates. Je crois qu’au fond, c’est toujours le cas. »
Lou est malade. Très. L’écueil qui se heurte au corps, à la mémoire arrachée de son ciel. Les draps blancs d’une psychiatrie sont trop froids et lisses pour qu’elle s’abreuve à la source des guérisons. Incompréhension, soins anonymes, la folie guette Lou qui, pourtant est notre semblable croisée sur la route. Faut-il que les turbulences de sa vie brisent les barreaux de sa prison mentale ? Chagall pleure, l’humanité est un orage, perdition. S’échapper de cet enclos où la peur crisse et les gestes d’apaisement ne sont que des diktats, des épreuves. Les murs qui l’entourent ne peuvent rien faire. C’est le mythe de Sisyphe. Ils sont nommés pour exécuter les frontières. Les soignants pris en tenailles entre le soin et la compassion et la brutalité des indifférences. Gaëlle Fonlupt écrit avec la beauté des couleurs. Chagall retient subrepticement pour elle et nous lecteurs, le passage d’une écriture époustouflante et empreinte de cette humanité qui ne se voit pas au croisement des routes ordinaires. Ici, c’est la vie qui est socle. Rien ne peut être coutumier et banal. Les rencontres sont les lois des attitudes et des secrets enfouis. Louiza et Nils… Formes et flous, Chagall s’éloigne et cède sa place à la photographie. La belle Louiza est photographe, en errance. Le Vietnam pour toile de fond. Nils est lui aussi dans ce pays aux mille variétés et paraboles. Autre quête, autre espoir ambitieux. Diplomate, jouant des coudes dans la cour des grands, dans cet espace où l’idiosyncrasie politique, culturelle et sociologique va lui apprendre à tenir le pinceau en main.
« Tes ambitions diplomatiques, mes errances ce photographe ratée, mes déceptions ratées. Puis je te demande ce que tu veux faire plus tard. -Victor Hugo ou rien. »
Le récit rassemble l’épars. Il travaille avec de l’or et cette formidable capacité à entrevoir le fond des choses, des êtres et des cheminements où le hasard n’a aucune place. Juste celui de dévoiler le filigrane en advenir. « Elle voulait vivre dans un tableau de Chagall » est un clair de lune. Chagall ouvre la voie et délivre le message des hommes et des femmes dont les vies sont des recherches essentialistes. Gaëlle Fonlupt vit son livre à l’orée d’un sous-bois, les clefs des existences à renouer immanquablement. Ce livre est interlude et force vive. Et bien au-delà de son bleu-nuit il est magistral. Un tableau a accroché pour renaître. Finaliste du concours Les talents de demain 2020 et aussi en lice pour le prix Hors Concours 2021. Publié par les Éditions D’Avallon.
MERCI gaelle_fonlupt, ce livre est un bijou, il est plein de poésie, de gravité, onirique et glaçant à la fois. Merci de nous raconter sans filtre, sans artifices le secteur hospitalier, de ne pas mentir sur ce qu'il s'y passe aussi glaçant que ce soit, de ne pas cacher le manque de temps, de moyen et parfois seulement de patience pour des soignants à bout.
Merci pour toutes ses nombreuses références culturelles, s'il est question de tableau de CHAGALL j'ai été aussi de par les descriptions envahie de flash de tableaux de Turner pour ses brumes, de Van Gogh pour ses nuits bleues étoilées. Louiza est authentique, fragile. Tant comme Louiza où elle ne raconte son histoire qu'à travers un ''tu'' adressé à Nils qu'en tant que Lou ou c'est le pronom ''elle'' qui est utilisée, elle est là mais plus vraiment non plus.
J'ai été happée par ce roman, j'y ai plongée comme je me perds en contemplation dans le tableau ''Marine'' (1763) de Joseph Vernet au musée de ma ville. Ce livre est un tableau dans lequel j'ai aimé vivre. Si Louiza veut vivre dans un tableau de Chagall je veux bien pour ma part vivre dans un tableau/roman de
gaelle_fonlupt.
(même si Nils représente tout ce que je n'aime pas chez un être humain!)
Louiza et Niels dansent un ballet au milieu des eaux vietnamiennes que la terre peine à boire. Entre chaque étreinte, ils s’éloignent, l’un en costume cravate vers le quai d’Orsay, l’autre appareil photo à la main, vers les rites ancestraux qu’elle cherche à immortaliser. Elle a vécu, il a encore les épaules d’un adolescent. Un amour sans avenir dans lequel elle se laisse immerger.
Il y a aussi Lou, que les soignants abrutissent de médicaments. Qui doit cacher sa révolte pour être délivré des sangles qui l’enserrent. Plier, pour pouvoir errer entre des murs immaculés.
Dans un récit peint d’images et de métaphores, qui convoque les paysages des côtes bretonnes et ceux de la multiplicité des quartiers d’Hanoï, l’autrice manie le tu avec brio pour nous laisser entrer dans la tête du personnage. Avec son écriture travaillée qui ne laisse apparaître qu’une impression de déroutante facilité, elle donne à voir la solitude, la résignation et la perte. À lire et à offrir.
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