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Miriam est tombée dans le coma après un accident. Andrea la connaît depuis peu, mais il est follement amoureux d'elle. Chaque jour désormais, il vient s'asseoir à ses côtés et lui parle, parce qu'il entend sa voix. Leurs paroles se font écho dans leurs esprits et dans les limbes où Miriam reconstruit ses souvenirs et où Andrea tente de la ramener à la vie. Autour du lit de la jeune fille défilent d'autres personnages, qui attendent son réveil : ses parents, Mara et Lucio, déjà affectés par une tragédie qui les a éloignés l'un de l'autre ; le prêtre Nanni, l'exorciste vénéré, qui s'efforce de faire d'Andrea son disciple tandis qu'il est persuadé que Miriam est possédée par le diable, au point de chercher à les éloigner l'un de l'autre à tout prix ; et enfin, Gabry, la meilleure amie de Miriam, qui lui envoie de longs messages depuis Bologne, où elle a déménagé. En sept jours, les histoires et les voix de ces personnages alternent et se répondent, bâtissant une intrigue où les questions de l'amour et de la mort se mêlent à celles du salut et du destin, tandis que la raison cède de plus en plus sa place à l'inconscient, jusqu'à ce que la réalité ne reprenne violemment le dessus.
Miriam est dans le coma après avoir été renversée par une voiture. Andrea, fou amoureux d'elle après une seule nuit ensemble, vient lui parler chaque jour, attendant qu'elle se réveille. Autour de ce duo gravitent d'autres personnages : la mère de la jeune femme, son père, sa meilleur amie.
Raconter ainsi, on peut se dire qu'on va être dans un bon gros mélo larmoyant. le roman est tout sauf ça. Bien plus, une tragédie lyrique, un conte noir très loin des canons habituels, qui tisse une histoire d'amour et de liens familiaux à la fois brute, cruelle et poétique.
« C'est comme si j'étais un truc en morceaux tout court, je me regarde dans la glace et je suis entièrement fait de trucs qui manquent, de membres fantômes. Je me regarde dans la glace et je vois ce truc plein de morceaux manquants : c'est comme si je n'étais pas moi – ou alors c'est tellement moi que j'arrive même pas à me reconnaître. (...) Comme si tu étais un fleuve de lumière dans l'entonnoir bizarre de mes journées – c'tait une colle chaude qui coulait dans tous les vides que j'ai en moi. (...) Tu es celle qui peut me sauver. (...) j'ai senti quelque chose monter en moi, une envie de crier mon nom : de dire, voilà putain, me voilà, je suis entier. Je me suis regardé dans le rétroviseur, cette nuit-là, pendant que tu t'allumais une cigarette sur le siège à côté de moi : aucun membre fantôme, aucun morceau manquant, aucune empreinte coupée. Un truc tout entier, un moi que je reconnaissais. Un truc comme ça. Et c'est toi qui as fait tout ça. C'est toi. Avec ton genou, l'espace entre tes incisives, tes ongles, le planétarium dans tes yeux et tous le reste. »
L'histoire d'amour est superbement décrite et m'a fait accepter un procédé que d'habitude je déteste : faire parler des personnes dans le coma ( ou des morts ). Miriam et Andrea se répondent, elle prisonnière des limbes entre lucidité et détachement, lui depuis le monde des vivants, tel un Orphée acharné voulant ramener son Eurydice.
Le roman a beau se dérouler sur sept jours, sa construction n'a rien de linéaire. L'auteur alterne les points de vue de ses personnages, distordant le temps entre dialogues et monologues à la première ou deuxième personne. On est face à un puzzle qui révèle attaches et filiations entre les personnages ainsi que les entrailles de leur passé tout en se projetant dans l'avenir et l'hypothétique réveil de Miriam. Ce n'est qu'à la toute fin que le lecteur, et lui seul, aura une vision panoramique du drame en cours qui s'est joué avant l'accident.
Et cela passe par des montagnes russes émotionnelles pleines d'excès et de fureur. On est tour à tour asphyxié, consterné, ému tant les personnages vomissent tous regrets, peurs, colères, obsessions, tourmentés par l'incomplétude de leur vie. Ils se perdent dans des souvenirs ou des fantômes qu'ils pensaient avoir enterrés et qui ressurgissent plus anguleux que jamais. L'auteur parvient à donner à chacun une voix stylistique propre, ce qui fait qu'on entend totalement leurs vibrations et les ressent très organiquement.
Un magnétisme puissant se dégage du texte, une tension permanente qui explose avec l'apparition du personnage le plus trouble du roman : le prêtre mi-exorciste mi-chaman qui est le mentor d'un Andrea sous emprise. L'auteur semble ainsi forer frénétiquement dans l'obscurité pour arracher un peu de lumière à cette tragédie qui mêle sacré et profane comme dans un match qui déterminerait si la pureté d'un amour peut vaincre le Mal.
Une expérience de lecture puissante et viscérale.
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