"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
742. C'est le nombre de plantes médicinales qui poussent dans la vallée de cette montagne bulgare à l'écosystème préservé. Des plantes de toutes tailles, formes et couleurs que nous retrouvons ensuite vendues dans l'Europe entière. Encore faut-il qu'il reste des hommes et des femmes capables de les trouver, les reconnaître, les cueillir.
Kapka Kassabova part à la rencontre des dernières personnes qui détiennent ce savoir oral ancestral et entretiennent une relation intime avec la montagne. Ils lui servent de guides dans sa quête de l'élixir au cours de laquelle elle croisera la route de voyants, poètes et guérisseurs. Elle rassemble leurs connaissances - recette de remèdes, mythologie des plantes et de la montagne, rituels magiques - dans une ode lumineuse à la nature qui est aussi une injonction à repenser notre rapport à la terre.
Un texte publié par les éditions Marchialy, et une nouvelle fois, une belle découverte (après la récente lecture de "Le Musée de la baleine (que vous ne verrez jamais) : Voyage chez les collectionneurs d'Islande de A. Kendra Greene)
Cette fois, nous allons partir en Bulgarie et plus particulièrement dans la Vallée de la Mesta, dans les Balkans.
Kapka Kassabova revient sur ses lieux d'enfance et va au grès de ses balades, de ses rencontres, nous raconter l'histoire de la région, riche en légendes, mythes, conflits. C'est une terre où essaient de se côtoyer Chrétiens, musulmans, tsiganes. Il y a des sorciers et des sorcières. Il y a surtout une nature très généreuse et plus ou moins préservée : il y aurait 742 espèces de plantes, fleurs et que l'on peut utiliser pour se nourrir, se soigner...
L'auteure a des souvenirs de ses balades avec sa grand mère à la recherche de plantes, de fruits et de recettes des femmes de sa famille, des sortes de sorcière !
Elle va nous raconter la recherche d'élixirs mais aussi leurs exploitation, passée mais aussi actuelle, la Bulgarie est toujours un pays exportateur de lavande, de paprika...
C'est une lecture riche en connaissance, moi qui suis une citadine, j'ai découvert pleins de noms de plantes, de fleurs et leur possible utilisation pour les hommes. Cette sorte de carnet de voyage est ample mais il est aussi un journal intime de l'auteure, de ses souvenirs, de ses ressentis et de la narration des nombreuses rencontres qu'elle fait au fils de ce son voyage.
On plonge dans la culture des Pomaks, ce peuple autochtone de religion musulmane au comportement laïque.
Une traduction parfaite de Morgane Saysana, car pas facile avec des termes locaux, des termes spécifiques et quasi scientifiques sur les différentes plantes.
C'est le premier livre que je lis de cette auteure mais vais m'empresser de lire les précédents. Et aussi continuer mes découvertes riches de cette maison d'édition qui nous emmène dans de sacrés voyages.
#Élixir #NetGalleyFrance
Kapka Kassabova, installée en Ecosse depuis 2005, revient sur ses terres natales bulgares, plus précisément dans la vallée de la Mesta, une région montagneuse des Balkans où la nature est encore relativement préservée. Dans ce sanctuaire où poussent, libres et folles, une multitude d’herbes et plantes médicinales (742, paraît-il), l’auteure part à la rencontre de ceux et celles (et ils sont peu nombreux, et âgés) qui connaissent encore les plantes. Une connaissance transmise depuis des générations, un savoir et un savoir-faire qui se sont perpétués malgré les tourbillons de l’Histoire, guerres, déplacements de populations et communisme en tête.
Bien plus qu’un guide de botanique ou d’herboristerie, ce livre aborde une foule d’autres sujets : l’histoire de la région et du peuple Pomak, les relations entre chrétiens, musulmans et Roms, la mythologie locale, l’alchimie, le mysticisme, la sorcellerie, l’anthropologie, les liens entre corps et esprit, l’opposition entre médecines classique et alternative. C’est aussi une ode à la Nature et un plaidoyer pour que l’Humain (et la médecine occidentale) s’y reconnecte de toute urgence, dans son propre intérêt vital, pour qu’il en protège la biodiversité et qu’il comprenne enfin qu’il n’en est qu’un élément parmi d’autres.
Tous ces thèmes s’entremêlent dans ce livre plein de charme mais un peu fouillis, qui ne suit pas de fil conducteur très clair. Cela a rendu ma lecture un peu laborieuse (et lire ce livre sur liseuse n’a pas aidé). Mais il faut reconnaître à l’auteure un vrai talent lorsqu’elle raconte ses rencontres avec les gens. Elle restitue ces moments de façon sincère, attachante, émouvante. On ressent son enthousiasme, son exaltation même, sa curiosité inépuisable, son émerveillement, son profond sentiment de joie et de bien-être à se trouver là. Elle donne envie d’aller découvrir cette région riche de nature et de culture. Et elle m’a convaincue d’essayer le thé grec des montagnes.
En partenariat avec les Editions Marchialy via Netgalley.
#Élixir #NetGalleyFrance
J’ai découvert cette autrice avec son précédent livre, Lisière, où elle s’interrogeait sur la notion de frontière en explorant les zones entre Bulgarie, Turquie et Grèce.
Cette fois-ci, elle explore le fleuve Mesta dans une autre optique : s’intéresser aux plantes qui soignent et à celles et ceux qui savent les utiliser.
Une étude des gens qui, malgré les aléas politiques qui secouèrent la région, conservent encore ce savoir ancestral.
Des connaissances qui, bien que vivaces, semble menacées par la destruction des écosystèmes, la corruption des dirigeants politiques.
Ce livre est très intéressant et donne envie de partir à la découverte des plantes qui poussent autour de chez soi, d’identifier leurs noms et leurs propriétés, de se connecter à cette nature qui est source de nombreux remèdes.
De façon plus globale, l’autrice offre de belles description de la nature, offrant ainsi un très bel hommage à ces montagnes qu’on ne peut que souhaiter explorer.
Et si la nature est au premier plan, l’autrice met en avant les belles rencontres qu’elle a pu faire, relatant avec bienveillance les parcours de ceux qui lui ont ouvert les portes de leurs foyers et de leurs connaissances.
J’ai été néanmoins un peu perdue par certains développements mystiques et regrette quelques longueurs.
Mais dans l’ensemble, c’est un livre que j’ai eu plaisir à découvrir.
livre reçu gratuitement, masse critique babelio
Elixir est présenté comme une balade naturaliste pour découvrir les plantes et leurs usages traditionnels en Bulgarie mais c’est tellement plus en fait. L’autrice est bulgare mais vit en Ecosse. Elle effectue un retour aux sources en passant du temps dans les zones les plus reculées de Bulgarie. C’est ce voyage qu’elle nous raconte pas uniquement les plantes même si elles sont le prétexte pour amener l’histoire et la culture des peuples bulgares. J’ai adoré me laisser porter par ce récit touffu et souvent fouillis. Les informations ne sont pas regroupées par thématique, elles arrivent au détour d’un chemin, en fonction des rencontres du moment. Ca pourrait donner un sentiment de passage du coq à l’âne, de frustration car il n’y a pas moyen de savoir quand la suite des vertus d’une plante sera à nouveau abordée mais c’est si bien fait qu’on se laisse porter.
Ce choix donne un aspect carnet de voyage d’une grande douceur. On voit les paysages, on imagine les plantes, on est avec l’autrice au milieu des montagnes avec des personnes qui font survivre une tradition par vocation ou par défaut.
L’écriture/la traduction est belle, il y a une poésie dans le texte qui fait écho à celles des paysages.
Avec la quatrième de couverture, je m’attendais à quelque chose de très guide naturaliste avec la description morphologique des plantes, leur répartition géographique… et ce n’est pas du tout ce qu’on a. Les plantes sont vues d’un point de vue de récolte et de vertu thérapeutique et surtout permettent de donner accès à la vie des gens. Découvrir la vie actuelle et passée de ce pays aux communautés plus variées que ce que j’imaginais.
C’est une magnifique découverte qui m’a fait voyager sans quitter mon fauteuil.
J’ai découvert il y a quelques années les Éditions Marchialy par le biais du premier titre de Kapka Kassabova Lisière qui m’avait enchanté, j’avais acheté sa publication suivante L’écho du Lac sans en avoir pris le temps de le lire. Quand j’ai lu que l’autrice d’origine bulgare sortait un troisième titre lors de cette rentrée d’hiver, je m’en suis réjouie. Et très enthousiaste quand Babelio m’a proposé de porter ma candidature afin que je le reçoive et le lise dans le cadre de l’une de ces Masses Critiques spéciales qu’ils organisent régulièrement. Avant de parler du texte par lui-même, il faut absolument s’arrêter quelques instants sur la couverture et le graphisme intérieur d’une beauté rare, que l’on doit au talent de Guillaume Guilpart : au premier regard posé sur la première de couverture, on sait immédiatement que Marchialy en sont les éditeurs. C’est en grande partie pour l’illustration de première de couverture que j’ai d’ailleurs découvert Lisière dans les rayons de la librairie et que je l’ai acheté.
Retour en Bulgarie, direction l’ouest du pays en direction des frontières grecque et macédonienne, au sein d’une vallée, le bassin de la Mesta, qui confine des coins de nature seuls connus par les autochtones et les curieux qui n’hésitent pas à délaisser grandes routes et lieux archi-touristiques pour s’aventurer dans l’arrière-pays bulgare. Kapka Kassabova se concentre cette fois-ci sur la flore locale, fruit de plusieurs séjours dans la région, qu’elle a décidé d’étudier en relevant les propriétés curatives de chacune des plantes médicinales qui poussent à l’écart des villes et autres formes de civilisation. Elle refait ses périples dans ce biotope exceptionnel aux côtés du lecteur, expliquant les particularités de son pays de naissance, qui compte parmi les plus importants exportateurs de plantes médicinales et culinaires. Du patrimoine précieux que constitue sa flore et sa faune (les forêts du pays sont peuplés par loups et ours), la Bulgarie compte un patrimoine géographique et historique d’une variété qui reste unique au sein du territoire européen.
Plus de cinq cents pages sur la botanique des sols bulgares, cela semble un poil exagéré, mais ce livre est bien plus que cela. Kapka Kassobova s’introduit dans le folklore balkanique par les plantes, la mémoire des lieux où elles croissent et s’épanouissent et les coutumes et légendes ancestrales qui y sont liées : tout ce qui a été, que l’on retrouve dans les murs des églises, des maisons, des ruines. J’ai débuté ce récit en me questionnant sur la capacité à remplir 500 pages sur le pouvoir des plantes et des fleurs, et pourtant cela fonctionne parfaitement, je me suis délectée du récit de Kapka Kassabova, quand bien même elle a consacré des pages à décrire et expliciter les qualités des plantes qu’elle a ramassées. Je ne suis pas spécialement portée sur la phytothérapie, je sais tout juste que la valériane possède des vertus sédatives et que le datura et la belladone ne sont pas à laisser entre toutes les mains, je dirais que je trouve cela un brin rébarbatif. Pourtant, cela devient passionnant à travers la voix de l’autrice, peut-être parce qu’elle-même est passionnée par la science des plantes qu’elle avoue utiliser au quotidien pour se soulager des maux dont elle est atteinte.
Une ode à la nature et à ce coin de Bulgarie, qui porte encore ses stigmates, visibles dès lors que l’on se donne la peine de chercher, qui porte son histoire comme on porte ses tatouages, certains visibles, d’autres cachés, affadis avec le temps, mais toujours ancrés dans la peau et dans la terre. Une terre fertile mais maltraitée par la surproduction, chérie par ses autochtones, eux-mêmes, une partie d’entre eux appartenant à l’ethnie des Pomak, musulmans des Balkans du Sud constamment persécutés, dont Kapka Kassabova nous relate morceau par morceau l’histoire entre deux balades phytologiques dans la vallée. On ne peut pas réduire ce texte à un simple traité de botanique car de fil en aiguille, l’évocation des plantes et des herbes de la vallée donne lieu à convoquer différents pans de l’histoire bulgare, notamment le fait que sa production a fait la richesse de groupes mafieux qui ont vite compris qu’au vu de la quantité et la qualité des plantes, il y avait de quoi se faire un bon pécule. La corruption du pays revient souvent dans le récit de l’autrice, comme en contrepoint à la pureté des lieux, parfois profanée par le communisme et autres avides peu consciencieux. Point femmes : C’est un récit qui célèbre particulièrement la population féminine qui peuple vallées et montagnes environnantes, des guérisseuses qu’on appelle Baba, consacrées le jour du Babinden au mois de janvier, de ces extralucides et autres femmes chamanes.
Ce titre possède exactement le même charme mystérieux que le premier récit Lisière, envoutant, magnétique, et même addictif à l’image de ces lieux presque oubliés de tous, des quelques témoins du passé qui y vivent encore (...)
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