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Dure Mère est le monologue intérieur d'une femme qui va commettre un suicide en couches.
Natalie est une parturiente primipare de 44 ans, ce qui fait d'elle en langage médical une « grossesse gériatrique ». C'est sa pensée que l'on suit tout au long du travail, jusqu'à la césarienne, qui en sera le dénouement.
Les actes médicaux et les sensations éprouvées appellent les souvenirs liés à la découverte du sexe, à l'enfance, à la relation aux hommes et au père de l'enfant à naître.
Natalie n'a jamais voulu être mère et, en cet instant de vérité, s'en souvient plus que jamais.
Natalie n'a jamais voulu avoir d'enfant. A cause de son enfance chaotique, du désespoir de ses jeunes années sûrement. De la négation de son être par des parents immatures, beaucoup trop jeunes pour lui donner la vie et pourvoir à son éducation.
Et pourtant Natalie est là, à souffrir le martyre sur la table d'accouchement, pour donner naissance à cet enfant qui lui est imposé, dont elle a nié la présence en elle et qui à présent semble se refuser à naître.
Natalie est ce que la médecine obstétrique appelle une parturiente gériatrique. Elle a 44 ans et accouche de son premier enfant. Et comme "le travail", si justement nommé, ne va pas de soi, une césarienne est décidée.
Ce court premier roman de Jeanne Bername est paru aux éditions Lunatique. Ce qui m'a attiré de prime abord, c'est sa couverture. D'une simplicité déconcertante. Un dessin d'enfant. Sa présentation en quatrième de couv m'a ensuite donné fortement envie de faire connaissance avec Natalie. Elle, la primipare (quel mot horrible!) Moi, la mère de 5 enfants.
Ce récit, c'est celui de Natalie. De ses réflexions alors qu'elle se trouve sur la table d'accouchement, qu'on la prépare pour la césarienne et pendant l'intervention censée la délivrer. Car il s'agit bien là de délivrance, ne nous leurrons pas.
Qu'est-ce qui a pu pousser cette quadragénaire à tomber (encore une fois le verbe sonne terriblement juste) enceinte alors que sa vie est bien installée, un travail, des sorties... et qu'elle a tiré un trait définitif sur son passé de souffrances, de douleurs et d'incompréhensions. L'amour?
Même pas. C'est comme si cet enfant était là pour lui rappeler et l'obliger à se confronter à ce qu'elle s'est efforcée à cacher toute sa vie. Son refus de maternité, de materner.
Tout au long de ces quelques heures passées à ses côtés, on suit ses réflexions, ses souvenirs, tout ce qui a constitué sa vie jusqu'à ce moment précis. Ses relations aux autres, ses parents, leurs conjoints et enfants respectifs, le futur père, sa belle-famille. C'est très troublant et en même temps d'une grande finesse, d'une profonde authenticité et sincérité. Les mots, les pensées de Natalie heurtent notre sensibilité (tout au moins la mienne). On a envie de la plaindre, de la rassurer, de la consoler. Mais quelque chose nous freine, nous retient. Il y a cet enfant qui va naître et on ne peut en faire abstraction même si sa mère occupe le devant de la scène. On sait qu'il y aura un après.
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