"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Los Angeles, 1992. Ronny, bientôt 16 ans, rêve d'intégrer le 66 street gang.
Jacob, ancien marine, essaye de vivre honnêtement tout en s'efforçant de préserver son petit frère Billy de la brutalité de South Central. Chacun tente de vivre dans ce quartier rongé par la guerre des gangs. Mais un meurtre va suffire à plonger leurs trois vies dans une spirale de violence autodestructrice, et si en plus le Diable se mêle à la danse, alors il reste peu de place au « happy end ».
La couverture de cette BD aux allures de petit cahier annonce la couleur (et son contenu dépasse largement cette première impression !) : quatre personnages aux bras tatoués tirent avec leurs flingues dans la même direction, un méchant sourire aux lèvres. Et la suite est à l’avenant.
South Central stories nous immerge le temps de trois histoires reliées entre elles dans le quotidien ultra violent d’un quartier de Los Angeles, dans les années 90.
Dans la première partie, Ronny et Travis, deux jeunes garçons de quinze ans, se font tabasser et doivent supporter les coups : c’est un rite pour entrer dans le fameux « 66 street gang » qui les fait rêver. Mais leur initiation ne s’arrête pas là : ils doivent tuer un homme pour prouver leur vaillance…
On suit ensuite les pérégrinations de Jacob, ancien marine, qui tente de vivre honnêtement, à l’écart des douteuses exactions commises dans son quartier. Mais lorsque qu’il retrouve sa sœur assassinée, tout ce qui l’arrêtait auparavant s’effondre et sa vengeance sera terrible, surnaturelle et nimbée de fantastique.
« Ce putain de quartier, c’est le terrain de jeu du diable »
Enfin, dans la dernière partie, le diable en personne s’immisce dans l’histoire, ce qui n’est pas un gage de happy end…
En parcourant la BD, j’ai eu à de nombreuses reprises les cheveux qui se hérissaient sur ma tête ! Je ne suis pas habituée à lire de tels opus, emplis de fureur et de sang. Mais finalement, j’ai trouvé la BD très bien réalisée dans sa globalité : les dessins du jeune Neyef sont plutôt réalistes, tendance manga à certains moments, mais surtout ils vibrent d’une énergie (et d’une violence , je me répète !) assez incroyable. Mais si cet album est choquant à la fois esthétiquement et narrativement, il permet aussi de réfléchir à une réalité que nous ne pouvons ignorer. Le fait d’incorporer des pages documentaires avant chaque histoire, sur les signes distinctifs des gangs, sur la couleur des bandanas, sur des affaires judiciaires symboles de l’histoire récente des Etats-Unis (Rodney King, le procès de Simpson) nous invite à décaler notre regard sur les à côtés de cette violence et à réfléchir sur ses causes. Autre intérêt de l’album : trois histoires -qui n’en font qu’une finalement- excellemment menées, des dialogues aussi incisifs que les dessins. Un album étonnant, violent certes mais très intéressant pour la néophyte que je suis.
Et un mot sur l’inscription « Doggybags » : c’est le nom de la série chez Ankama : des petits opus rendant hommage aux comics des années 50…
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