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De Platon à Nietzsche, l'histoire des rapports entre fiction et philosophie repose sur un malentendu auquel le dix-huitième siècle français a tenté d'obvier en inventant ce qu'il est convenu d'appeler une littérature éclairée.
Mais alors que de nombreux épigones se contentent de mettre la création au service des idées dans un geste qui suscitera bientôt une rébellion des romantiques allemands, Diderot ne cesse de travailler à leur synthèse dynamique.
Cette parfaite compénétration de la littérature et de la philosophie, Diderot y parvient par l'invention constamment renouvelée d'une figure de philosophe qui assure la médiation entre la représentation et le concept, la fiction et le logos.
C'est du moins l'hypothèse herméneutique dont procède cet essai, qui se propose de relire sous cet angle la plupart des grands textes diderotiens, de la Lettre sur les aveugles à Jacques le fataliste, des Salons au Neveu de Rameau en passant par Le Rêve d'Alembert et le Supplément au voyage de Bougainville. Diderot y apparaît exemplairement comme l'artiste-philosophe dont l'oeuvre parvient à conjuguer, sous le signe du comique et pour le plus grand plaisir du lecteur, les exigences contradictoirement impliquées par la notion de littérature éclairée : celles, concomitantes, de la lucidité critique et de l'enchantement poétique.
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