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« On ne sait pas où elle va. Elle, ne le sait sans doute pas non plus. Elle est maintenant dans la rue, son sac sur l'épaule. Elle marche, non pas comme on a l'habitude de la voir marcher dans son habituelle frénésie, non, elle marche d'un pas nouveau, décidé et calme. Elle est dans la rue. Elle a commis l'impensable et pourtant elle paraît légère comme jamais elle ne l'a été. Elle est une princesse se réveillant d'un sommeil de cent ans. » Elle est l'aînée et, depuis toujours, ne s'est jamais comportée en enfant. Elle s'occupe de ses frères et soeurs, de son père et de sa mère. Elle est la maîtresse de maison. C'est le rôle qu'elle tient et dans lequel elle s'est enfermée.
Elle est fascinée, depuis son premier regard, par l'amour inusable qui lie ses parents. Elle-même est solitaire. Un jour, pourtant, il lui faudra quitter les siens.
Des mots jamais dits est un conte. Avec sensibilité, Violaine Bérot explore les liens mystérieux qui unissent une famille et les blessures vives de l'enfance.
Des mots comme « maman » ou « mon bébé » ?
Drôle de roman et drôle de fille.
Celle qui n'a pas de nom que l'on appelle l'aînée.
Ses parents s'adorent, n'ont d'yeux que l'un pour l'autre.
Elle, elle s'occupe de tous ses petits frères et de toutes ses petites sœurs.
Elle est la fée de son père.
Sa mère ne la voit pas.
Devenue grande, elle quittera la maison, prendra un logement, un travail, aura un premier amant, Jean, auquel elle n'est pas attachée puis un deuxième Tom avec lequel elle vit un amour passionné.
Mais elle est seule, toujours, désespérément seule.
A part les deux amant, aucun personnage n'est nommé.
Mais ce qui est le plus troublant, c'est que ce soit « on » qui raconte cette histoire.
Et dans ce « on », il y a l'auteur et nous les lecteurs.
On est les otages de ce roman, les témoins directs.
Et des témoins impuissants de la vie saccagée de cette aînée.
L'amour mutuel fusionnel de ses parents, ses responsabilités envers ses frères et sœurs en ont fait cette fille sans enfance, cette fille perdue qui rayonne ou s'éteint.
Et c'est tellement beau quand elle rayonne, et tellement triste quand elle s'éteint.
Impression de conte contemporain.
Violaine Berot réussit encore un roman poignant et sensible qui ne laisse pas indifférent.
Etrange fable/conte où les personnages n'ont pas de nom, c'est "elle", "le père", "la mère", "les frères et soeurs", seuls les amants sont nommés, et encore n'ont-ils qu'un rôle accessoire. La narratrice se pose en voyeur de ce personnage central qu'est l'aînée, et c'est à travers ses yeux qu'on suit l'existence perturbée de cette enfant, qui n'a jamais réellement eu le statut d'enfant puisque c'est elle qui a dû remplacer une mère défaillante. Comment dans ces conditions avoir une vie de femme normale, en essayant de reproduire l'image du père et de la mère, faisant abstraction de ses propres désirs. Je suis tentée de dire : "pauvre fille", peut-être qu'un jour tous ces mots jamais dits arriveront à passer et apaiser son existence.
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