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À trente ans, le futur romancier Robert Merle est un jeune père plein de projets, et un jeune professeur agrégé d'anglais très occupé par la thèse qu'il a décidé d'écrire. Mais la guerre éclate qui met fin à ces années heureuses. À partir de septembre 1939, Robert Merle est promu " agent de liaison ", en contact permanent avec l'armée anglaise, et pendant neuf longs mois il réalise un périple inattendu à travers la France : Bordeaux, des cantonnements dans des villes de garnison, un stationnement prolongé à Metz et pour finir un terminus improvisé à Zuydcoote, en juin 1940, à trois kilomètres de la frontière belge. Il en fera le sujet de son premier roman, qui obtiendra le prix Goncourt au lendemain de la guerre et marquera le début de sa carrière d'écrivain.
Débute alors pour le sergent-chef Merle un nouveau scénario en partie improvisé par le haut commandement allemand : un long voyage à travers le pays de l'envahisseur et la découverte effrayante de camps de transit. Tous ces soldats, si soudainement devenus prisonniers, sont parqués par milliers, entassés, mal nourris, incertains du lendemain, tout entiers accaparés par les stratégies obsédantes menées contre le premier des ennemis : la faim.
La destination finale est le stalag, un des coeurs de l'économie de guerre nazie : le soldat vaincu est transformé en ouvrier dans les usines allemandes. Robert Merle est amené à Dortmund, grosse ville industrielle située à l'extrémité est du bassin de la Ruhr, puis à partir de septembre 1942, il rejoint le camp de Stablack en Prusse-Orientale près de Königsberg. C'est au cours de sa captivité en stalag que Robert Merle a rédigé cet inédit, qui constitue sa première oeuvre littéraire.
Cet inédit, rédigé sur un cahier cartonné tamponné d'un cachet à l'encre rouge " Stalag 6D ", a été conservé par Robert Merle de 1943 à 2004, date de sa mort à la Malmaison, grande propriété située près de Montfort-l'Amaury dans les Yvelines. Jusqu'à son dernier emménagement en 1971, il a décidé de le conserver sans jamais lui donner une autre forme, le réécrire ou le prolonger.
Un texte de contrastes entre la dureté de l'univers carcéral et le souvenir lumineux des dernières heures de la paix, un livre grave, heureux et inquiet, rythmé par l'amour des mots et des personnages insolites, souvent privé d'histoire, pareil au destin d'un prisonnier.
Un texte flash-back, où le premier sujet - le camp de transit, le temps de la servitude - donne naissance au témoignage romancé d'une époque passée, la magnifique liberté de l'été 39.
Comme l'essentiel de l'oeuvre de Robert Merle, cet inédit est à la croisée d'une histoire singulière et de la grande Histoire, qui emprisonne dans ses filets chaque volonté individuelle et réduit celle-ci à n'être que l'instrument des événements. Robert Merle a toujours été fasciné par ce poids monstrueux des situations qui façonnent les heurs et les malheurs d'une existence.
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