"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mina et Jonathan Martin ont fui la ville et sa fureur consumériste pour une vie plus simple sur les bords du canal du Berry. Un jour, leur nouveau voisin frappe à la porte. Élégant, riche, spirituel, il se prénomme Vladimir et porte le même patronyme qu'eux. Une coïncidence qui amuse le couple. Seulement, Vladimir Martin a un comportement étrange : il copie le mode de vie des Martin, couvre leur fils et Mina de cadeaux, adopte l'allure de Jonathan, s'achète la même voiture, décore sa maison à l'identique... Jonathan se méfie, sa femme n'y voit que du feu. Le nouveau venu ne leur veut-il que du bien ?
Avec un art maîtrisé du suspense, Dernier désir interroge nos aspirations secrètes dans une société de bonheurs factices.
C'est un livre qu'on ne lâche pas une fois qu'on l'a ouvert.
Florence Bouchy, Le Monde des livres.
Mina et Jonathan Martin, jeune couple trentenaire, ont fini par se lasser et remettre en question le mode de vie que leurs emplois respectifs et surtout la vie parisienne avaient fini par façonner au fil du temps. Se croiser seulement le matin et, avec un peu de chance, le soir à cause d'emplois du temps surchargés, les repas pris sur le pouce, et surtout ce consumérisme effréné qui les menait à acheter les dernières nouveautés (robots ménagers, accessoires, vêtements, smartphones, etc) sans qu'ils en aient forcément besoin, tout ça ne parvenait plus à masquer cette espèce de vide, de superficialité qui peu à peu s'était installée dans leur vie quotidienne.
Cette impression de n'être que des machines à consommer, de ne pas vivre réellement épanouis, les avait mené à opter pour un changement radical pendant qu'il était encore temps, avant d'atteindre un stade et un âge où la possibilité même de changer de vie se serait évanouie.
Alors tant pis si leur train de vie doit être drastiquement revu à la baisse, si leurs revenus vont les obliger à se contenter... de l'essentiel. Et puis, après tout, Jonathan sait travailler de ses mains, et Mina pourra sans doute mettre à profit ses études de l'Histoire. Après avoir craqué pour une ancienne ferme à restaurer près d'un fleuve dans le Berry, le couple emménage donc avec leur petit garçon et c'est une année après, une fois que chacun a pu prendre ses repères et que Jonathan a fini quasiment seul les travaux nécessaires que l'auteur installe son focus.
Lui est devenu menuisier, elle travaille au château du coin où elle sert de guide aux touristes lors des visites. Grâce à leur potager, au fleuve où le père a initié son jeune fils à la pêche, ils ne dépensent presque rien en nourriture. En plus des meubles qu'il fabrique à la demande et vend et des divers travaux qu'il réalise, la petite famille a finalement trouvé son équilibre financier. Leur budget est modeste, évidemment, mais leur qualité de vie s'est nettement améliorée : la nature, les paysages, la tranquillité, n'est-ce pas ce qu'il désirait ?
Un jour, ils apprennent que la maison abandonnée juste à côté de chez eux a été vendue. Peu après, un inconnu sonne à leur porte et se présente : Vladimir Martin, leur nouveau voisin. Il porte le même nom de famille qu'eux, la coïncidence les amuse et, très vite, le rapprochement s'opère. Vlad est un homme affable, cultivé, visiblement fortuné, mais rien d'ostentatoire. Ils sympathisent et à force de s'inviter à la ferme notamment au moment des repas en ramenant de bonnes bouteilles ou des petits cadeaux, du statut de voisin il devient vite un ami du couple. Après tout, eux qui avaient une vie sociale très riche à Paris ne se sentent-ils pas parfois un peu seuls ? À vrai dire, c'est surtout le cas de Mina, Jonathan lui apprécie assez la solitude de ses travaux manuels. Quant à leur fils, certes il a des copains à l'école, mais il n'y a pas d'autres enfants là où ils habitent et Vlad qui ne travaille pas prend vite une place équivalente à celle du meilleur ami ; non seulement il peut l'emmener pêcher des après-midi entiers, mais en plus les cadeaux qu'il lui fait aussi le font passer pour un véritable père Noël quotidien.
Des cadeaux de plus en plus gros, jusqu'à la fameuse Playstation que tous ses copains d'école ont et qu'il réclamait depuis si longtemps à ses parents. Jusque là, ceux-ci ne voulaient pas lui en offrir une, notamment de peur qu'il passe trop de temps devant les jeux vidéos, et si Jonathan s'apprêtait à refuser lorsque Vlad a offert la console à son fils, Mina a finalement accepté...
Dernier désir est un roman fascinant qui mêle au suspense du thriller psychologique une passionnante étude de caractères. Olivier Bordaçarre est au plus près de ses personnages et dissèque leur vie, leurs envies et leur évolution au fil des évènements avec une justesse déconcertante.
De la petite famille idéale, du couple qui s'est enfin retrouvé grâce à une vie plus sereine à la campagne au contact des choses simples mais essentielles qui font les petits bonheurs d'une vie, il va pointer les dissonances qui vont peu à peu éclore en eux face à la nouveauté, au désir, et finalement à la tentation.
Car le personnage énigmatique de Vlad porte en fait dans ce roman une double casquette : il incarne à la fois la tentation et la séduction dans tous les domaines et par conséquent fait figure de diable, tout comme il incarne aussi une espèce de vampire, autant par son mimétisme inquiétant et jusqu'au-boutiste - d'ailleurs, jusqu'où ira t-il ? - que par la place de plus en plus grande, de plus en plus envahissante qu'il occupe au sein de cette famille.
Comme si c'était l'âme même de la famille puis du couple qu'il aspirait petit à petit pour opérer un transfert - le sien.
À partir de là, suivre les réactions des différents personnages face à cette apparition et cette intrusion, certes consentie et pourtant presque maléfique, voir ce père prendre peu à peu conscience du danger, tenter d'en convaincre sa femme en plein déni, c'est anticiper les dommages d'existences broyées par un engrenage subtilement pervers et pourtant dramatiquement simple. Et c'est déchirant.
Ce roman noir d'une grande subtilité, aussi oppressant qu'addictif et porté par la très belle écriture de Bordaçarre, élégante et superbement fluide, prendra même des allures de conte à la limite du fantastique lorsqu'au bout du tragique et éprouvant crescendo qu'il orchestre, l'épilogue terrassera le lecteur d'un ultime uppercut.
De quoi émerger avec la gueule de bois, et des questions plein la tête.
Inutile de dire que je me suis précipité sur "Accidents", le nouveau roman d'Olivier Bordaçarre paru chez Phébus.
Commencé à 10h terminé à 160 de pulsations ! Avec un style efficace,des phrases ciselées au scalpel Oliver Bordaçarre nous livre une analyse très objective de notre rapport à la possession ....à tous les niveaux ! Un jour ,un homme frappe à votre porte et ....c'est le "vert" qui entre dans la pomme (oui "vert", ...ça se passe à la campagne !)
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