Buenos Aires, Argentine, au 38 de la Calle del Primer Dia.
Elle est là immobile, sans bouche, sans oreilles, sans yeux. Les engins carnassiers vont bientôt la dévorer. Alors, inquiète de devoir abandonner les souvenirs qu'elle protège depuis si longtemps, la maison décide de parler et déploie en coulisses du décor une autre réalité, transparente et secrète. Elle qui abrite l'histoire de sa ville, depuis les premiers matins jusqu'aux heures noires de la dictature. La tragédie de Soledad Salvador, sa propriétaire, aussi. Parce que l'histoire ne s'écrit pas dans les livres, elle se respire. Et pour que jaillisse enfin la vérité.
Un livre formidable !
Michel Drucker - Vivement dimanche Vous allez être happé par le destin de Soledad Salvador.
Biba Cet ouvrage a reçu le prix Folire et le prix Hisler-Even @ Disponible chez 12-21 L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE Cet ouvrage a reçu le Prix FOLIRE.
Quelle poésie pour raconter une maison.
Quel talent pour transcrire ce que nous faisons bien trop souvent subir aux objets. C'est eux qui donnent densité à nos vies et nous n'y pensons que rarement.
Dans "Je suis la maman du bourreau", David Lelait-Helo m'avait fasciné par sa capacité à mettre en mots ce que des humains un peu hors normes éprouvaient. Et de fait je suis entrain de lire plusieurs de ses oeuvres aux thèmes très différents. Tous nous font entrer dans un monde que l'on croit un peu onirique en début de livre, mais qui très vite dévoilent la face obscure des êtres.
Dans celui-ci, si on ne lit pas la 4ème de couv., on est persuadé que c'est un être humain qui s'exprime. Puis on réalise que ces perceptions sont celles d'une maison qui va être démolie. Au lieu de gémir, elle dit simplement avoir besoin de dire ce qui s'y est joué, de dévoiler le drame de son passé. Ses souffrances, sa vie sont comme un conte, conte à double face.
Ses confidences sont touchantes à tel point que, sans la connaitre, j'en ai été quasi culpabilisée moi-même. Culpabilisée de la savoir maltraitée, négligée, sous-estimée et blessée. Pourtant elle ne nous blâme pas ; elle a tant aimé sa ville Buenos Aires, son pays l'Argentine, sa langue l'espagnol.
Son chemin de vie l'a grandie. Ses souvenirs remontent à la surface d'une "ville assommée de tourments", comme dit l'auteur. "Soledad Salvador, au 38 de la Colle del Primer Dias, était reine en son château".
Cette maison rugit littéralement à la vie.
Depuis la "mode" de l'écologie à l'échelle planétaire, bien des auteurs devraient lire cette ode à la vie, cette leçon que l'on se prend en pleine figure de la part d'un objet.
David Lelait-Helo a écrit des contes, des biographies, des récits, ce qui explique certainement qu'il écrive aussi, et si merveilleusement, des romans.
Juste une citation pour mettre l'eau à la bouche :
"Vous avez des yeux, j'ai des fenêtres.
Vous avez des paupières, j'ai des persiennes.
Vous avez des rides, j'ai des fissures.
Vous avez de l'âme, j'ai des miroirs.
Vous avez des secrets, j'ai des caves enfouies.
Vous avez des larmes, j'ai des la pluie.
Vous avez le sang, j'ai l'eau.
Vous avez la fièvre, j'ai la flamme.
Vous respirez, je m'aère.
Vous naissez, je m'élève.
Vous mourrez, je tombe.
Vous êtes un cadavre, je suis une ruine.
Vous avez des chagrins, j'ai les vôtres. »
j'ai adoré ce livre paru en 2014 et l'histoire de " Aucune pierre ne brise la nuit " de Fréderic Couderc paru le 3 mai 2018 lui ressemble étrangement ..........
C'est une maison de Buenos Aires, qui, au moment d'être détruite se rappelle tous ses habitants, leurs vies, leurs histoires, leurs secrets, leurs traitrises ......... et c'est surtout sa dernière propriétaire qu'elle a le plus aimé et ceci réciproquement.
Soledad est âgée de 17 ans lorsqu'elle s'enfuit de la maison familiale en Pantagonie. Son parcours en autobus la conduit à Buenos Aires où elle tombe amoureuse d'une maison fermée depuis quelques dizaines d'années et décide de s'y installer.
C'est dans cette maison qu'elle donne naissance à sa fille Elena et qu'elle va l'élever seule puisque le père, un riche industriel de Patagonie , les a rejetées toutes les deux.
Elena devient une belle jeune fille , rencontre Esteban, un étudiant de sa classe et s'installe avec lui.
Arrive alors en Argentine , la dictature et le couple, trahi par un voisin, est enlevé, torturé, jeté dans une cave et leur enfant, né pendant leur détention est " adopté " ......... les parents disparus à jamais dans le fleuve.
Soledad est loin de s'imaginer tout ce qui se trame et vit dans l'attente jusqu'au moment où elle va apprendre la vérité et s'éffondrer.
Un très bon moment de lecture ....... de plus le retour à la naissance de la ville de buenos Aires est très bien documenté au niveau historique.
Merveilleux style
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