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« Allez travailler aux champs, et s'il n'y a pas assez de mains, qu'on déterre les morts », le commandant El Toro ne va pas être déçu : en ce Jour des Morts, les calaveras, pendus, fusillés, mitraillés de la Révolution mexicaine de 1910, sortent de leurs tombes et comptent bien en découdre avec leurs tortionnaires. À leur tête, Emiliano, petit balayeur de cimetière, meurt d'envie de venger son père, révolutionnaire notoire, des grands propriétaires terriens blancs qui l'ont tué, qui exploitent la force de travail des prolétaires métis, et à qui sa fiancée, la belle Indienne Malinche, vend son corps.
Bourgeois, militaires, religieux, gouverneurs... Courez ! Cette année, la Fête des Morts va être explosive !
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
C’est la deuxième BD en quelques mois, à ma connaissance du moins, qui sort sur ce thème de la fameuse Fête des morts au Mexique. Mais attention, pas n’importe quel Mexique, le Mexique colonial des années 1920 où, malgré la récente Revolución de 1910, les grands propriétaires terriens d’origine espagnole font encore la loi. Dépeints ici comme d’odieux personnages (ce serait compliqué de faire autrement), ces derniers ont ici à faire avec une nouvelle armée révolutionnaire constituée principalement des paysans révolutionnaires ayant perdu la vie dans le récent conflit intérieur.
Alors, certes, on assiste à de joyeux massacres de nauséabonds colons blancs racistes ou l’humour permet de dédramatiser un peu la chose, mais je reste tout de même perplexe devant le dessin de Frantz Duchazeau. En effet, autant je trouve qu’il peut nous pondre des cases vraiment superbes, tout en nuances et avec un trait parfaitement assuré, autant certaines cases, voire certaines pages, me donnent une impression de fouillis un peu brouillon. C’est notamment le cas justement pour les scènes de massacres collectifs, avec des proportions totalement décalées chez les personnages (hypertrophie de la tête bien souvent, rappelant les gravures caricaturales des XVIIIe et XIXe siècles). Alors, c’est peut-être fait exprès, mais ajouté à cela un trait beaucoup plus approximatif, le ressenti est plutôt brouillon et je trouve cela dommage.
Pour le reste, le scénario est intéressant et met le doigt sur les ignobles relations de dominations qui se sont installées dans le « Nouveau Monde » pendant les siècles qui ont suivi l’arrivée de Christophe Colomb ou même Hernán Cortés, et c’est tout à son honneur.
Bref, une lecture assez sympathique mais qui aurait peut-être mérité un traitement graphique parfois plus abouti.
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