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Ah, quelle joie de revoir toute l'équipe du laboratoire, Victor Kolvair et le professeur Salacan en tête ! Sans publier bien un autre personnage important, Bianca Serraggio qui entame une liaison pas toujours facile avec le commissaire. La première enquête intitulée Le sang des bistanclaques m'avait plu et avait fait parlé notamment le très connu libraire de La griffe noire Gérard Collard qui avait aimé lui aussi. Cette seconde intrigue est encore mieux selon moi. Les personnages sont bien installés, Odile Bouhier sait leur donner vie en dehors de leur travail ; il s'affirment, tissent des liens entre eux, d'amitié, d'amour, de respect, de pouvoir mais aussi de défiance, notamment Kolvair/Legone. L'intrigue est prenante jusqu'au bout et les à-côtés, la vie des différents protagonistes donne de l'humanité au roman.
Ce qui est très bien également dans ce roman, c'est tout le travail qu'a dû faire Odile Bouhier pour se -et nous- plonger dans le Lyon de 1920. La ville, certes, mais aussi bien sûr les débuts de la police scientifique et encore les colonies pénitentiaires pour mineurs délinquants. Car, comme il est envisageable qu'un enfant ait commis le meurtre, l'auteure nous emmène visiter un centre de détention pour mineurs et franchement, ça fait peur. Au départ, les raisons pour lesquelles les enfants sont envoyés dans ces centres ne sont pas toujours justifiées :
"- Savez-vous que pour le même larcin, alors qu'un voleur adulte est condamné à quelques semaines d'emprisonnement, le jeune voleur, sous prétexte d'éducation, s'en va pour trois, quatre voire dix ans en internat ?" (p.132)
Ensuite, les conditions d'accueil, si je puis utiliser ce vocable, sont plus que déplorables, elles sont absolument lamentables. Les enfants sont battus, certains isolés, au mitard et d'autres abusés par des plus grands ou victimes de réseaux de pédophilie. Le constat est terrible. Un juge, le juge Puzin se bat -dans ce roman- pour tenter de créer le premier tribunal pour enfants de Lyon contre sa hiérarchie et contre une partie de l'opinion publique qui raffole encore et assiste aux exécutions publiques. Alors, certes, les conditions actuelles de Protection de l'enfance ne sont pas au top -essentiellement pour cause de manque de fonds : il vaut mieux sauver les banques que les enfants en danger (raccourci facile sûrement)-mais, je le sais pour travailler dans ce domaine depuis 5 ans, énormément d'efforts, de travail et de professionnalisation ont été fort heureusement effectués depuis ces années terribles et même depuis une vingtaine d'années.
Voilà, c'est tout cela ce roman d'Odile Bouhier. On peut le lire sans avoir lu le premier mais si vous avez l'occasion, lisez les deux, je vous promets que vous ne le regretterez pas ! Vous ai-je déjà menti ? Bien sûr que non, donc faites-moi confiance et allez-y les yeux fermés (et rouvrez les pour lire, ce sera plus facile.)
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