Philippe Jaccottet et Gustave Roud sont liés par certaines circonstances de leur vie et un projet poétique où s'imbriquent étroitement éthique et esthétique. Des moments d'extase sensorielle et spirituelle vécus au sein du monde sensible, l'interrogation sur la présence et l'horizon de la perception, mènent à une interrogation sur l'invisible, sur une possible transcendance qui, lorsque les formes traditionnelles du divin ont perdu leur force, n'est peut-être que la transcendance du monde. L'étude examine les convergences et les divergences d'un rapport au monde, à l'héritage protestant, aux poètes, aux penseurs ou mystiques qui ont nourri leur réflexion : les romantiques allemands, Rimbaud, Mallarmé, Claudel. Tandis que Roud lit volontiers les mystiques chrétiens, comme François d'Assise, Jaccottet s'intéresse à Plotin, à Simone Weil, aux théologies négatives. Ils font l'épreuve du manque, de la finitude, des limites du langage. Mais la quête reste profane, et fait toujours retour au monde. Dans le monde contemporain, la poésie serait-elle un moyen de recentrer le sujet et de lui permettre d'être au monde lorsque les certitudes s'effondrent?
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