80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
L'objet du colloque organisé début 2002 par le Groupe de recherche sur la péninsule ibérique du Centre d'histoire de l'Europe du XXe siècle (Fondation nationale des sciences politiques) - la révolution des oeillets portugaise et la transition espagnole - a certes déjà donné matière à nombre de travaux. Mais il s'agit soit de réflexions globales sur le passage à la démocratie, historiques ou politologiques, soit de recherches spécifiques sur chacun de ces processus de démocratisation. C'est donc son caractère comparatiste qui fait l'originalité de cette approche, qui se veut résolument historique mais revendique l'enrichissement d'échanges pluridisciplinaires. Phénomènes de démocratisations tardives après que les systèmes parlementaires institutionnalisés au XIXe siècle eurent débouché sur la même caricature de parlementarisme, après que des coups de force eurent balayé les régimes républicains, ouvrant la voie à une longue dictature, ces deux évolutions ont en fait différé profondément. Au Portugal, l'Etat nouveau a cédé d'un coup à la rébellion d'officiers progressistes las d'une guerre coloniale sans issue, et la révolution pacifique a permis de bâtir la démocratie sur des fondations nouvelles. En Espagne, le glissement du pouvoir autoritaire à l'Etat de droit a été conduit par des hommes issus de l'ancien appareil dirigeant et, même si en 1977 le changement a donné lieu à une concertation avec l'opposition, le mécanisme de démocratisation a bien pris la forme pendant deux ans d'une transition octroyée. La comparaison porte d'abord sur l'exercice politique même de passage à la démocratie, posant la problématique de la légitimation de ce nouveau régime, avant de déboucher sur la confrontation des deux modèles de transition péninsulaires et sur leur écho extérieur.
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