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J’ai toujours beaucoup aimé les romans de Paul Auster, mais il est vrai que j’ai tardé à lire celui-ci. Habituellement, lorsque le nouveau livre d’un auteur que j’apprécie grandement sort en librairie, je me précipite pour l’acheter.
Alors pourquoi ai-je attendu pour Dans le scriptorium ? Peut-être parce que certaines personnes autour de moi en ont parlé sans enthousiasme, d’autres en restaient déroutées… J’ai laissé un peu de temps s’écouler et puis je me suis lancée.
Après coup, je peux comprendre la perplexité qu’il est possible de ressentir. Ce livre est assez déroutant car dès le début, il nous intrigue, nous nous demandons où Paul Auster veut en venir. Le roman n’étant pas long (environ 150 pages), nous attendons avec impatience l’événement déclencheur de l’histoire qui nous permettrait de comprendre le clef de l’histoire.
En réalité, seuls les lecteurs fidèles de Paul Auster peuvent très vite avoir une ébauche de réponse. D’ailleurs, ce livre ne semble adressé qu’aux connaisseurs de son œuvre. Lorsque Mr Blank apprend petit à petit les noms des personnes qui le visitent ou qui sont sur les photographies, nous ressentons le même sentiment que lui : ces noms nous disent quelques choses, nous sommes certains de les avoir déjà rencontrés. Mais comment est-ce possible ?!
Et puis, tout d’un coup, comme pour Mr Blank, la lumière jaillit. Pour lui, ces personnes ont croisé son chemin (de quelle façon, nous ne le savons pas encore) et pour nous… ce sont des personnages d’autres romans de Paul Auster !!
A partir de ce moment là, l’histoire prend une autre dimension. Et nous nous demandons, si par hasard, ce Mr Blank ne serait pas … Paul Auster qui ferait, en quelque sorte, son propre procès et reprendrait un thème souvent utilisé en littérature ou au cinéma de la confrontation de l’écrivain et de ses personnages qui échappent à son emprise.
En effet, l’œuvre de Luigi Pirandello, par exemple, tourne toute entière autour de l’improbable relation entre les écrivains et les protagonistes de leurs œuvres qui cherchent à s’émanciper ou à comprendre leur sort. Dans « Harry dans tous ses états » de Woody Allen, celui-ci joue le rôle d’un écrivain, Harry. La scène finale relate la reconnaissance professionnelle de ce fameux Harry, invité à une cérémonie en hommage à son œuvre, où tous les personnages de ses romans font partie de la fête.
Cette confusion entre réalité et fiction est une mine d’intrigues pour les auteurs et une source de réflexion profonde pour les lecteurs. Paul Auster, dans ce dernier livre, nous entraîne dans la remise en question de cet homme et nous invite à partager son cheminement intérieur, sans pour autant nous donner la clef du mystère, laissant à chacun le loisir d’y déceler ce qu’il veut bien y voir.
Un réel plaisir de lecture. Bien joué Mr Paul Auster !
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