"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dix ans, ou peut-être onze. Enaiat ne connaît pas son âge, mais il sait déjà qu'il est condamné à mort. Etre hazara, une ethnie haïe en Afghanistan par les Pachtounes et les talibans, est son seul crime. Pour le protéger, sa mère l'abandonne de l'autre côté de la frontière, au Pakistan. Commence alors pour ce bonhomme " pas plus haut qu'une chèvre " un périple de cinq ans pour rejoindre l'Italie en passant par l'Iran, la Turquie et la Grèce. Louer ses services contre un bol de soupe, passer les frontières dissimulé dans le double-fond d'un camion, braver la mer en canot pneumatique, voilà son quotidien. Un quotidien où la débrouille le dispute à la peur, l'entraide à la brutalité. Mais comme tous ceux qui témoignent de l'insoutenable, c'est sans amertume, avec une tranquille objectivité et pas mal d'ironie, qu'il raconte les étapes de ce voyage insensé.
J'ai choisi ce livre pour le club de lecture sur Goodreads thème de l'été : la mer. Il m'a été envoyé par Marjorie d'Exploratology.
J'ai été vraiment très touchée par ce récit poignant sur l'aventure de ce petit Afghan qui est hazara, une minorité persécutée. Sa mère l'abandonne à l'âge de 10 ans et il prend sa vie en main tout seul. Ce livre est écrit par un italien, pays où le jeune garçon finira son parcours.
Je suis toujours impressionnée par des personnalités comme ce garçon qui arrive à tout faire pour s'en sortir alors qu'il se trouve dans des situations extrêmement compliquées. Quand je vois les gens qui se plaignent dans nos pays occidentaux pour "rien" à côté de ça, ça me désole.
Je vous conseille cette lecture très riche.
Dans la mer il y a des crocodiles
Il a 10 ans, peut être 11 ans il ne le sait pas vraiment. Il ne s'attendait pas à ce qu'un soir après lui avoir souhaité bonne nuit, comme tous les soirs, après avoir regardé le ciel et les étoiles, se soit laissé bercer par la voix du muezim et se soit endormi à ses côtés avec ses pensées d'enfant sa mère s'en aille sans rien dire.
Mais ce qu'il ne sait pas c'est que sa mère a du prendre cette terrible décision pour le sauver car Enaiat est est issu de l’ethnie hazara, et que cette ethnie est persécutée dans son pays, l'Afghanistan et qu'il risque d'être tué. Aussi pour lui donner une chance d’échapper à ce destin elle prend la décision de l'abandonner de l'autre côté de la frontière, au Pakistan. Va alors commencer pour ce petit garçon un périple de plusieurs milliers de kilomètres et de 5 ans qui va le conduire à pieds vers l'Italie en passant par l'Iran, la Turquie la Grèce. Armé de sa volonté et courageux le jeune garçon avance déterminé.
Arrivé à Turin il obtient le statut de réfugié et vit dans une famille d’accueil. De sa rencontre avec Fabio Geda, éducateur naîtra ce livre écrit à 4 mains à travers lequel Enaiat raconte son histoire et nous donne à comprendre le long chemin des migrants, les dangers auxquels ils ont confrontés quotidiennement, la peur, le désespoir la tragédie mais aussi les moments d'émerveillement et toujours cette quête du bonheur.
Enaiat a fait tout au long de ce chemin de nombreux et divers petits boulots pour parvenir à survivre, il est toujours optimiste et curieux, cherche à comprendre le monde qui l'entoure.
Il dépeint de nombreuses scènes avec beaucoup de naïveté et d'humour qui tout en traitant d'un sujet grave et douloureux reste sensible et emprunt d'espoir.
Un témoignage touchant sur un phénomène contemporain et mal compris
Etonnant road-movie que celui qui attend Enaiat, 10 ans, une fois qu’il se retrouve tout seul au Pakistan, de l’autre coté de la frontière afghane. Sa mère l’y a conduit pour le sauver des menaces de morts des tribus Pachtounes et Talibans sur leur ethnie Hazara et l’a abandonné pendant la nuit.
Remettant son chagrin à plus tard, Enaiat n’a d’autre choix que de survivre, manger, dormir, se laver, et à 10 ans, c’est pas gagné ! Il apprend, au contact d’autres enfants qui, comme lui, sont livrés à eux-mêmes. La vie est dure mais il y a des moments de solidarité, des moments de bonheur, des mains tendues… Il est même parfois stupéfait de trouver sur son chemin tant de bienveillance, des gestes qui changent le cours de sa vie.
Un parcours d’une force incroyable et un récit d’une grande valeur littéraire : l’histoire d’Enaiat a été écrite par le journaliste italien Fabio Geda, qui laisse transparaitre sous sa plume l’intelligence percutante d’Enaiat, son humour et sa courtoisie dans un texte poétique et totalement dénué de larmoiements et de sensiblerie. Au contraire, s’il est souvent émouvant, le récit reste sobre, comme Enaiat qui dit ses peurs et ses angoisses mais aussi raisonne avec logique et s’extasie sur la bienveillance qu’il rencontre. Il mettra finalement 5 ans pour arriver au terme de son périple après avoir travaillé dans un nombre incalculable de chantiers, traversé les montagnes iraniennes à pied, fait 3 jours de voyage agenouillé entre les essieux d’un camion et traversé la mer Egée en canot pneumatique pour arriver trempé en Grèce, vêtu de son seul slip.
A découvrir l’histoire d’Enaiat, on comprend la tragédie collective d’un pays où des enfants, des jeunes gens, des adultes terrorisés n’ont d’autre choix que d’entreprendre ce voyage périlleux à travers deux continents pour venir s’échouer sur les rives européennes.
Un livre que j’ai lu d’une traite, et où l’émotion se manifeste à chaque page.
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