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« Rêver, ça ne coûte rien », ils disent, et moi ça me fait de la peine, parce qu'en fait, ce qu'ils voudraient dire, c'est « fantasmer ça ne coûte rien », sauf qu'ils tournent la phrase autrement, et s'ils font ça, c'est parce qu'ils ne savent pas distinguer le rêve du fantasme.
Quel point commun peut-il bien y avoir entre une armée de cafards, deux danseurs de disco junkies, un couple adepte de la double morale, les habitants du canton de Fribourg, une loge maçonnique, Martina Navratilova, Emily Dickinson, Mozart, Bach, Catwoman, un clown en deuil, un sage (ou un fou) coiffé d'une casquette imitation Adidas, un palace saccagé par deux clients adeptes de la cuisine au camping-gaz, une maison vidée de ses rêves, un paysage réfractaire à toute forme de poésie ? La petite chienne Daisy, qui donne son titre à la pièce, est là pour faire le lien. À peine nommée dans le texte, elle est omniprésente dans la mise en scène qu'en propose l'auteur, trônant au centre du plateau, tout à la fois observatrice et interlocutrice muette des comédiens présents sur scène. Passé maître dans le maniement de l'absurde, Rodrigo García procède dans Daisy au dépeçage systématique des rituels que la collectivité a mis en place, pour mieux dévoiler le désarroi des individus qui la composent.
Christilla Vasserot
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