Une plongée dans la vie rurale d'hier et d'aujourd'hui, par des auteurs français et étrangers
Une histoire concernant les animaux, qui n'est pas pour moi.... Trop de sopalins consommés...
« Quand on prend leur veau, les vaches chargent. Même si elles n'ont plus de cornes. Elles courent comme des génisses, sans la joie. Leur plainte envahit l'air froid. Traverse les prés. Frappe les carreaux de la ferme. S'insinue dans les oreilles. Elle devient un bourdonnement qui empêche de penser à autre chose. Qu'à cette mère qui appelle son veau. »
Tandis qu'ils oeuvrent à leur survie, rien n'échappe aux animaux de la ferme. L'inquiétude de l'éleveur acculé par les échéanciers, les batailles des fils à mesure qu'ils grandissent, les pas de la femme, plus lourds que d'ordinaire. La vache, la chienne, le chat sont les vigies d'un monde rythmé par la vie et la mort. Leur ronde silencieuse ne connaît pas le contretemps. Mais dans cette ferme une tragédie a cours et personne n'en devine rien. Parce que les hommes sont aveugles, les bêtes vont témoigner.
Avec ce huis clos à ciel ouvert, où les cris des bêtes se mêlent aux secrets des hommes, Agnès de Clairville s'attache à renverser le regard. Qu'ont à nous dire les animaux sur notre rapport à la naissance et à la filiation ? Ici, l'animalité commande tout et les mots bousculent, jusqu'à l'inattendu.
Sélectionné pour le Grand Prix des lectrices ELLE.
Première sélection du Prix Cazes Brasserie Lipp 2024.
Sélectionné pour le Prix Jésus Paradis 2024.
« Corps de ferme nous parle avec une force rare de naissance, de filiation et d'héritage, de déni et de non- dits, d'un drame qui se joue dans les coulisses d'un « huis clos à ciel ouvert » où la mort et la vie s'entrecroisent sans cesse, jusqu'à se confondre. » Minh Tran Huy, Madame Figaro
"Une histoire physique, charnelle, au suspense diablement orchestré... Stupéfiant !" Martine Laval, Le Matricule des anges
« Un livre délicat, sensible, intelligent. » « Une réflexion absolument poignante sur la condition agricole contemporaine. » Anne-Marie Revol, France Info TV
« Terriblement d'actualité. » « C'est brut, c'est direct, avec ce qu'il faut de distance poétique. » Nicolas Carreau, Europe 1
À propos de l'autrice
Agnès de Clairville est née en Normandie et vit aujourd'hui à Marseille. Scientifique de formation, elle a d'abord travaillé la photographie avant de se dédier à l'écriture. Corps de ferme est son deuxième roman.
Une plongée dans la vie rurale d'hier et d'aujourd'hui, par des auteurs français et étrangers
Ce roman , c’est le quotidien d’une exploitation agricole , de ses habitants, de ses difficultés financières , de ses animaux qui naissent et qui meurent ( rarement de vieillesse) Le tout vu de l’intérieur de l’exploitation, par des animaux
- ceux qu’on élève pour participer au résultat de l’exploitation : (veaux) vaches et cochons et
- ceux qui sont là tout simplement :chat, chien et pie .
Ce roman est un huis clos dans lequel le quotidien de l’homme , de la femme et de leurs 2 enfants durant plusieurs années nous est raconté à tour de rôle par les animaux
- L’homme, assommé par la charge de travail et la problématique de survie de son exploitation dans un monde agricole qui souffre , est un taiseux
- La femme , résignée et fatiguée,
- L’ainé , pas le choix , qui met sa jeunesse au placard avec ses crampons Son avenir est tracé.
- Le cadet ; le gringalet , pas taillé pour le travail à la ferme ; les animaux , il préféré les dessiner plutôt que les traire. Pas vraiment à sa place.
La ferme est exigeante et tous participent, matin et soir , à la maintenir à flot.
Mais la ferme est cruelle, elle a des secrets et les animaux sont des témoins privilégiés
J’ai aimé ce roman original , sa justesse , ses descriptions , sa tension , sa triste actualité
C’est une nouvelle et riche expérience de lecture.
Je croyais, j’espérais presque retrouver la ferme du Manoir et les animaux de Georges Orwell. Bien que la domination et la place des animaux soient au cœur du sujet, les créatures de Agnès De Clairville n’ont pas la prétention d’imposer un régime autoritaire. Personnages à part entière, la vache Pie noire, le chat tigré, la chienne épagneule, la pie, entourés de leur ascendance ou descendance observent, participent ou subissent le dur quotidien de l’éleveur et de sa famille. Les animaux du corps de ferme, acteurs de leur condition animale, jouissent ou subissent les lois de leur milieu, les émotions des grands moments : joie des naissances, quota de reproduction géré par l’homme, confrontation à la maladie, aux épidémies, sentiments humains contre services rendus, témoins de scènes familiales, outils de bien-être un instant comme cause de colère l’instant suivant…
Et finalement, ce sont quatre familles animales qui témoignent des dures conditions d’une famille d’éleveurs.
Singulier, surprenant tant dans la construction que dans le contenu, j’étais loin de penser à la lecture des premières pages que je me laisserais emporter par cette narration, phrases courtes, chapitres brefs conduisant avec fermeté, douceur ou violence au drame sordide. Un détour très inattendu en empruntant la voix animale pour décrire les difficultés du secteur agricole.
Je remercie la Fondation Orange et Lecteurs .com pour ce cadeau qui m’a véritablement déviée de mes choix habituels. Je ne comprends d’ailleurs pas la timidité de la critique au sujet de ce roman.
Les conditions de vie à la ferme vues par les animaux ... Tantôt par une vache, tantôt par le chien, le chat et aussi une pie. Idée originale à la base mais en rendu, j'ai trouvé ça grotesque ! Les animaux parlent et ressentent tout comme s'ils étaient des humains ... Je n'y ai pas cru deux secondes ... Je me suis franchement ennuyée ! L'idée de départ était bonne mais au final c'est un grand n'importe quoi ! Dommage ...
"La porte s'écarte imperceptiblement, j'avance et viens me coucher au pied du lit, dans la tiédeur de la voix de la fermière, qui ruisselle doucement dans la nuit. Je pourrais mourir là, allongé dans la paix qui embaume la chambre comme l'odeur fluide qui émane des corps repus."
Une piscine chaude, un goût sucré, des pas lents et lourds, des tons différents, des tiges dures, un seau à l'odeur blanche, des naseaux, une fumée piquante, la lumière rose du dehors, la folie de la danse, le crâne en feu, les herbes écrasées, le maître et la maîtresse, un bond en arrière, en quête d'une caresse, une forêt pleine d'odeurs, un bâton de métal, la salle de traite, le chat perché sur l'armoire, une petite tête, un rayon de poussière, une sarabande, des barrières blanches, de la tendresse, un carrelage multicolore, un calendrier, le gâteau au yaourt, l'oeil rond de la lune, un pré empli de pâquerettes, un fumet délicat, la routine, un sac de billes, des pleurs, des analyses, une stagiaire, une voiture bleu foncé, les yeux vitreux, des banderoles, un vétérinaire, le visage fermé, un carnet de croquis, une force brutale, un peuplier nu, de l'incongruité...
De l'originalité et de l'animalité pour ce roman.
C'est vraiment comme si on y était... Le début, la fin de tout, puis la suite...
Les regards portés par la vache pie noir, la chienne épagneule, le chat tigré sur la situation inhabituelle à la ferme et son évolution sont très attentifs et intenses.
C'est une bonne et surprenante fiction !
Corps de ferme d'Agnès de Clairville est un récit en huis clos original dont les animaux deviennent les narrateurs sur celles et ceux qui sont censés s'occuper de leur bien être. Condition de travail, isolement, difficulté financière et tragédie. Rapport à la vie et à la mort, univers rude et cruelle dans les campagnes et la vie secrète de certains de ses hommes et femmes. Sujet difficile et complexe, regard pudique et sensible, relation familial, couple, maltraitance, les invisibles de la vie.
"Nous sommes seules dans les bourrasques, contre la haie qui ne nous abrite pas, éloignées du troupeau blotti au creux du pré. La blanche ne peut plus marcher, elle s’est affaissée sur le flanc et tremble maintenant. Je mugis avec elle, pour que les vieilles nous entendent, pour que sa mère s’extraie du rang et vienne la lécher avec moi, la remette debout. Qu’elle bouge qu’elle beugle qu’elle lutte encore. "
" La fermière n'est pas en vue, peut-être sarcle-t-elle les haricots verts. Les menottes du bébé papillonnent dans le cosy, au pied de l'escalier. Chacune de mes pattes se détend, puis mon dos et enfin ma queue, comme un s parfait au-dessus de moi. Je suis à ma longueur maximale, toutes griffes sorties afin de débarrasser mes muscles du moindre engourdissement. Je les bande, atterris sans bruit sur la table, me glisse voluptueusement sur son parfum de cire, plonge mes griffes dans la rainure tendre, à la jointure des deux planches coupées par le père du fermier bien avant que je sois né. Mon flanc épouse le bois, révélant les poils fins de mon ventre. Ils prennent le soleil dans le ronronnement que je viens de déclencher, mes paupières alourdies de volupté."
Qui de mieux que les animaux de la ferme pour nous parler de leur éleveur ? Ici, les bestioles ont la parole. De la vache pie noire à la chienne épagneule en passant par le chat tigré, chacun à son point de vue sur cette exploitation agricole qui les entoure, gérée par un homme croulant sous les dettes avec femme et enfants.
Quel pari fou d’écrire un roman social et choral avec des animaux. Je reste encore scotchée de l’immersion que nous propose Agnès de Clairville. Il fallait oser et c’est admirablement réussi.
En donnant voix aux animaux, l’autrice dépeint la dureté de la vie rurale, les difficultés économiques et la mise à l’épreuve quotidienne d’une fragile famille. Il y a ce que l’on voit, ce que l’on entend. Et puis, ce que l’on veut nous montrer, nous faire croire. Et enfin, ce qui est tu, invisible. En inversant les porteurs de voix, d’un monde agricole que l’on sait en souffrance, Agnès de Clairville appuie là où ça fait mal. Un roman qui bouscule et prend aux tripes.
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/05/corps-de-ferme-agnes-de-clairville.html
Les factures, les maladies, les naissances… C’est beaucoup de tracas, une ferme. Même les bêtes en ont conscience. Et puisque les humains sont si taiseux - “chez nous, on cause pas, c’est comme ça” -, Agnès de Clairville laisse les animaux écouter, voir et raconter.
Chacun leur tour, chacun à leur façon, ils rendent compte des événements de ce corps de ferme. D’abord les porcs, tous en chœur, impossibles à rassasier, toujours affamés. Et puis la vache, qui connaît si peu de choses des humains - “des cris, des avance, des doucement, des voilà.” La chienne, généreuse, loyale quoi qu’il arrive, sensible aux odeurs, attentives à celles, acides, du sang et de la transpiration. Le chat, si peu sentimental, presque indifférent - “nous avons nos aventures, les humains ont leurs histoires” -, le seul pourtant à avoir accès à l’intimité humide des chambres à l’étage. Et enfin la pie, elle qui voit plus loin du haut de son peuplier, jusqu’au cimetière.
L’histoire avance grâce à une accumulation de détails, perçus à hauteur de bêtes, sur près de vingt ans. Des détails, anodins ou cauchemardesques, qui méritent toute notre attention. Les gestes brusques du fermier, l’abattage de la moitié du troupeau, la voix douce et épuisée de la fermière, la mort d’un chiot, quelques mots prononcés par un gendarme, le silence besogneux de l’aîné, les sanglots du cadet à peine couverts par le ronron du chat.
Dans ce huis-clos paysan, ce livre-enclos, le lecteur est comme une bête. Domestiqué par la construction du récit, apprivoisé par l’alternance des points de vue, il flaire le drame avant de le comprendre. Pour la chienne qui prend de l’âge, pour les oiseaux à portée de griffes, pour les couvées trop nombreuses.
Nous suivons, dans ce roman, la vie d'une famille d'agriculteurs pendant une quinzaine d'années : le père, la mère et les deux fils. Mais les narrateurs sont les animaux qui les côtoient : une vache, une chienne de chasse, un chat et une pie. Toute la vie de la ferme est racontée du seul point de vue des animaux, sans rien cacher de la violence, de l'âpreté du métier, de l'épuisement des parents, de l'endettement, de la transmission de l'exploitation. le thème central, commun aux femelles et à la femme est la maternité, souvent imposée par le mâle (agriculteur, chat) ou par le besoin de rentabilité (chienne épagneule, vache), qui épuise les corps.
L'auteure connaît bien le monde agricole ayant fait plusieurs stages dans des exploitations, ayant fait des études d'agronomie et ayant un frère éleveur de chèvres dans le Gers. Il fallait oser faire parler des animaux pendant tout un roman; le procédé est original mais difficile à mettre en application. Par exemple, le style devait être le plus simple possible pour traduire la parole des animaux et le résultat est qu'il assez pauvre, les phrases se réduisant à un sujet, verbe , complément. On se heurte aussi assez vite au caractère artificiel du procédé qui peut finir par lasser.
Néanmoins, je salue l'audace d'Agnès de Clairville, qui s'est complètement démarquée de son précédent roman, qui était aussi son premier, "La poupée qui fait oui". L'auteure sait se remettre en question, se renouveler totalement ce que je considère comme une qualité.
J'ai dû me faire violence pour aller au-delà du premier tiers du roman (la description de la naissance du veau par lui-même a failli être rédhibitoire) mais j'ai fini par me laisser embarquer dans cette improbable aventure, j'ai même été secouée par certaines scènes (la néosporose qui contraint l'éleveur à abattre la moitié de son troupeau de vaches, les veaux arrachés à leur mère,...).
Une histoire concernant les animaux, qui n'est pas pour moi.... Trop de sopalins consommés...
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