"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tristan Rivière, fils d'un ouvrier communiste, héros de guerre obsédé par les grands boxeurs, hérite d'une mission dans la vie : être un héros. Malheureusement, à l'âge de seize ans, alors qu'il est confronté à son premier choix héroïque, il abandonne dans le métro son entraîneur de boxe, attaqué par trois voyous. Attitude bien peu héroïque, qui lui vaut le mépris de son père et une honte qui dure des années. Dix ans plus tard, dans un train de banlieue, un même choix lui est proposé puisqu'une jeune femme est agressée par une bande. A ce choix correspondent trois vies différentes, suivant qu'il agit, n'agit pas ou que les choses tournent mal. Et le basculement de ces trois possibles racontés par le roman tient uniquement au choix opéré bien malgré lui par Tristan. Entre ces trois vies possibles, Tristan a finalement la chance (le courage, l'habileté, l'inconscience ?) de faire le meilleur choix, celui qui lui assure à la fois la position héroïque, la vie sauve et l'amour de la jeune femme, Marie, fille d'un député socialiste et d'une avocate d'affaires. Les deux jeunes gens se marient et Tristan, sous l'influence de son beau-père, se lance en politique. Il devient maire adjoint, puis maire. Tout semble donc se « synchroniser » dans sa vie, sauf que le virus de l'héroïsme a été transmis à ses enfants, Julie et Alexandre. Tous deux, par des voies différentes, aspirent à l'exception : Alexandre s'est donné pour but d'être une forme de justicier, tandis que Julie désire surtout devenir la meilleure ennemie de son père. Ces ennuis seraient anodins si Tristan avait su être fidèle à Marie. Mais il trompe son épouse avec un amour d'autrefois, une de ces femmes qui lui auraient permis de connaître un autre destin. Quand il est surpris par Marie, la vie de Tristan s'effondre...C'est un roman ancré dans une époque en proie au doute et à la difficulté de prendre la bonne décision quand des choix importants engagent notre vie future. L'auteur introduit dans l'intrigue le principe de hasard en imaginant plusieurs possibilités au destin du héros. Mais comment croire à l'héroïsme dans un monde où la déchéance pourrait s'imposer comme une valeur héroïque ? Fabrice Humbert plonge ses personnages au coeur de cette question ardente dont il fait un récit plein de vie et d'ironie.
Un roman dont le titre est une question, ce n’est pas courant. Soit la réponse est dans le texte, soit, c’est au lecteur de la trouver. Fabrice Humbert a gagné le pari de nous faire réfléchir sur le mythe du héros à travers un héros – en fait, plutôt le personnage principal, ne mélangeons pas tout !- peu héroïque en fin de compte ! Professeur, mais pas ce professeur passionnant, en quête de projets ambitieux, non, un professeur médiocre, à la scolarité médiocre, qui, malgré un prénom qui le prédestinait à l’héroïsme, malgré une enfance baignée dans cette notion éprouvée par un père héros de la résistance, ne sera jamais ce héros qu’il rêve d’incarner ! En effet, à la suite d’un acte de totale lâcheté selon lui et son père en tout cas, il va, toute sa vie, essayer de dépasser ce jugement et va même, en 38 secondes, changer de vie, en sauvant la princesse en danger, qu’il épousera dans la foulée. Rédemption ? Non, même pas, car il ne sera jamais satisfait de sa vie et le cercle vicieux de ce besoin tout-puissant et maladif d’héroïsme, d’abord ressenti par son père, qui par un acte manqué, ne s’acceptera jamais, puis lui-même et finalement son fils, qui ne supportera même pas sa vie… Ce qui semble véritablement être au cœur de Comment vivre en héros ? est bien plus profond que le simple mythe du héros, mais touche plus que tout aux mythes de l’éternel retour et de Sisyphe ainsi qu’à l’absurde tel que Camus l’a analysé et décrit : ce livre est en fait très proche, à certains niveaux, de L’étranger, de Hamlet aussi, dans sa révolte, dans son analyse de ce qui fait de nous des héros ou pas. Il n’y a qu’à penser à Jean Moulin, à Alexandre, à Gengis khan, et à tant d’autres ! En fin de compte le véritable héros c’est Bouli qui jusqu’à la mort va, malgré le danger, se poser en héros qui se défend : sa mort même correspond à sa façon de vivre et souligne l’importance pour lui de ne pas être simplement ordinaire…
C’est l’un des romans que j’ai repéré lors de la rentrée littéraire de septembre, je voulais absolument le lire. Parce que le thème m’attirait énormément et le sujet prometteur et intriguant !
Quand j’ai lu ce passage de la 4ème couverture : « Après dix années de remords et d'humiliation, Tristan se retrouve dans un train au moment où une jeune femme est agressée par une bande. Et la peur d’autrefois l'envahit. Va-t-il enfin se montrer à la hauteur? Suivant sa réaction, sa vie prendra des directions entièrement différentes… »
J’ai tout de suite eu envie d’en savoir plus, impatiente de commencer ma lecture.
Ce roman raconte la vie de Tristan Rivière, une vie en soi assez banale mais attachante et où l’on peut se retrouver, avec ses problématiques lambda que chacun peut rencontrer. Mais attention, sous ce sujet presque insignifiant, nous découvrons, lecteurs, un tout autre sujet, et Oh combien, passionnant !
La NOTION de Comment devenir un héros de nos jours ? Un héros du 21ème siècle !
C’est le poids que les hommes ont sur leurs épaules car, aujourd’hui, ne faut-il pas être un chevalier des temps modernes. C’est-à-dire, quelqu’un de fort, ayant un statut qui en impose ! Un beau métier et qui rapporte ! Une femme épanouie, une belle famille, de beaux enfants, une belle maison. L’homme doit avoir de l’ambition mais pas trop à la fois, être présent dans le foyer, rendre heureux sa femme et ses enfants…c’est aussi toute la notion d’être à la HAUTEUR de nos jours, dans un monde difficile, et intransigeant.
Souvent dans les romans, c’est plutôt la femme qui porte tout ce poids, c’est pourquoi j’ai trouvé cette histoire émouvante et très intéressante.
C’est donner la PAROLE aux hommes, à travers le personnage de Tristan, il nous parle de sentiments, de ses doutes, de ses peurs et il se livre entièrement. Cet homme qui a tant envie d’être un Héros pour sa femme, pour ses enfants, pour son collègue, pour son club et pour sa ville…Un poids ENORME !
Tellement de facteurs peuvent faire dévier une vie, le destin mais aussi les choix bons ou mauvais, nous amènent sur des chemins qui parfois sont chaotiques, douloureux ou au contraire merveilleux.
C’est très bien écrit, comme tous les romans de cet auteur. Une très belle lecture.
http://leslecturesdeclaudia.blogspot.fr/2017/11/comment-vivre-en-heros.html
La question que pose l’auteur n’est pas primordiale pour moi (Daniel Balavoine « Je n’suis pas un héros, un héros-os »). J’ai pourtant lu ce roman avec plaisir, m’attachant aux personnages. Et en plus, je n’aime pas la boxe !
Mais l’auteur a su tirer le meilleur de ce sport et me faire commencer à l’apprécier dans son aspect technique.
J’ai aimé le personnage de Tristan, qui se débat avec son père et sa volonté de faire de lui un héros.
J’ai aimé Juliette, en rébellion contre son père Tristan ; Alexandre dont le bégaiement l’empêche de créer des liens avec son père.
En refermant ce roman, je me suis demandé si l’auteur, plutôt que d’interroger le concept de héros, n’avait pas plutôt interroger la figure du père. De là à lier les deux….
J’ai aimé Marie qui tente de maintenir la cohésion de sa famille, sans succès.
J’ai aimé les personnages secondaires : Sen, les beaux-parents de Tristan, et bien sûr Bouli.
J’ai aimé que l’auteur me parle de la violence dans l’antiquité, et l’amène sur le terrain moderne. Son personnage principal est plutôt pacifiste et croit à la victoire des purs. Malheureusement, la société ne fonctionne pas comme cela. L’amour, peut-être…..
Ou le vieux rêve de la littérature : la restauration de la pureté (p.239).
Il y a quantité d’autres sujets dans ce roman (beau-papa député socialiste qui devient ultra-libéral une foi la droite revenu au pouvoir, l’amitié plus forte que les imbéciles…), je ne pourrais les écrire tous et vous laisse découvrir ce roman riche et passionnant.
L’image que je retiendrai :
Celle du chalet des parents de Marie où elle emmène Tristan qui n’avait jamais vu la montagne.
http://alexmotamots.fr/comment-vivre-en-heros-fabrice-humbert/
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