Prix Orange du Livre 2009 pour L'origine de la violence (ed. Le Passage)
Lauréat du Prix Renaudot et du Prix Orange du livre pour L'origine de la violence, Fabrice Humbert se prête à notre interview exclusive "Autour d'un verre", tournée au café Les Editieurs pour la sortie de son dernier roman, Avant la chute. Une fresque...
Prix Orange du Livre 2009 pour L'origine de la violence (ed. Le Passage)
Fabrice Humbert est professeur agrégé et écrivain. Il a remporté le Prix Orange du livre 2009 pour L’Origine de la Violence. Son dernier, Avant la chute (éd. Le Passage) est sorti en août 2012.
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Roman adapté en mini-série sur Arte dès le 26 septembre 2024 !!
Une oeuvre entre le thriller et l'essai sociologique, une intrigue d'inspiration baroque, Rêve, Mensonge, Paranoïa et Vérité, l'auteur mêle aussi le fantastique et le romanesque. Fabrice Humbert joue avec le réel et le fictif. Une histoire interroge et qui nous laisse encore des questionnement en refermant celui-ci.
Quelle sera votre perception du monde face au pouvoir de l'image et de la mise en scène après avoir lu ce livre ?
"Il arrive un moment, dans une existence, où l'on comprend qu'on n'est que soi-même mais qu'il y a peut-être une force suffisante dans ce seul moi, dans ce petit moi pétri de doutes, de failles et d'insuffisances. Et c'est à soi qu'il faut poser les questions."
La mini-série en 4 épisodes est a découvrir dans quelques jours adapté du roman Prix Lucien Barrière en 2020.
Avec Niels Schneider, Maud Wyler, Julien Gaspar-Oliveri, Anne Rotger, Saadia Bentaïeb et Margot Alexandre.
Lors d'un voyage scolaire, un professeur dans un lycée franco-allemand visite le camp de concentration de Buchenwald. Il tombe sur une photo où figure un prisonnier ressemblant étrangement à son propre père.
Cette ressemblance le trouble tant qu'il commence une enquête pour identifier cet homme.
Sa patience est récompensée, il découvre que le détenu sur le cliché est un jeune juif : David Wagner, rencontre un membre subsistant de sa famille qui lui apprend que cet homme n'est autre que son grand-père ....De quoi chambouler l'arbre généalogique.
Fabrice Humbert nous livre un beau roman, une partie historique très bien documentée sur la vie au camp de Buchenwald. Mais aussi, une partie romancée qui dévoile les secrets de cette famille bourgeoise dont est issu notre héros.
Il s'interroge, également, sur l'origine de la violence, du Mal, peuvent ils se transmettre de génération en génération ?
avait publié ce livre, "La fortune de Sila", où il est question de violence, en décrivant plusieurs personnages particuliers.
Le livre débute dans le restaurant d'un grand hôtel parisien, en juin 1995, où un client frappe violemment un serveur. Sila intervient parce que celui-ci a voulu réprimander un petit garçon turbulent.
Les autres clients de ce restaurant ne bronchent pas devant cette scène.
A partir de là, l'auteur décrit chacun de ces personnages, où l'un est brutal, l'autre lâche. Seules les femmes se montrent sensibles.
Avec ce roman, Fabrice Humbert ne parle pas seulement de la violence qui s'est produite dans ce lieu, mais il nous mène dans le monde de la finance aussi bien anglaise qu'américaine ou soviétique
En fait, si l'histoire commence avec le personnage de Sila, jeune serveur noir, ce n'est pas tellement de lui dont il est question. Il est surtout question du parcours de chacun, ce qui est intéressant et largement décrit.
La lecture de ce livre m'a donné une bonne impression pour l'auteur et pour son écriture captivante
Dans ce “Tract” d’à peine 45 pages, Fabrice Humbert pose un constat décourageant : “Nous sommes pris en étau entre une parole politique dévitalisée, perdue dans les habiletés rhétoriques et les ruses, et un hurlement systématique, dénué de raison, sinon d’habileté démagogique, d’une partie de la société civile. Le piège de cette double parole, c’est qu’elle est intéressée mais sans vraie signification pour une démocratie. Or une société ne peut subsister si elle n’a pas de sens“.
A partir de là, il formule dix “propositions” dans lesquelles il tente d’expliquer les origines du malaise actuel du débat démocratique, avant de montrer que le dialogue est précisément la condition sine qua non d’une société démocratique.
Pourquoi une partie de la société civile s’acharne-t-elle à déverser haine et insultes sur tout qui ne partage pas son avis? Pour Fabrice Humbert, cela s’explique, d’une part, par la dévitalisation du langage politique : fondé sur “le rêve d’une parole en acte”, c’est-à-dire sur l’idée que parler suffirait pour régler les problèmes, le langage politique déçoit (ne peut que décevoir), puisque ses mots ne sont/font pas la réalité. Ils sont impuissants, tournent autour du pot (la langue de bois), ne rendent pas compte de la complexité du réel, simplifient, et dans le pire des cas, sont mensongers. Utilisés à tort et à travers, leur sens est galvaudé, dilué, perdu. L’abstraction et la technicité du discours (parler de chiffres et statistiques plutôt que des individus) n’aident pas vraiment. C’est dans cette faille que s’engouffrent les populismes, qui ont beau jeu de dénoncer les manquements du système et de compenser cette dévitalisation en sortant (hurlant) d’autres grands mots, les majuscules, l’emphase et les superlatifs.
D’autre part, il y a, dans une démocratie, la puissance de l’opinion publique, qui de nos jours s’exprime largement par le biais des réseaux sociaux. Souvent bruyamment, à l’emporte-pièce, dans une cacophonie assourdissante. Il ne suffit pas de parler fort pour être entendu, il faut parler plus fort que le voisin sous peine de ne pas l’être. “Les réseaux révèlent le besoin de chacun d’exprimer son individualité […]. La quête d’égalité qu’on lit partout, égalité sociale, sexuelle, raciale, est une lutte pour la reconnaissance de chacun à exister en lui-même“. Or le rôle de la démocratie et du politique “consiste à harmoniser […] l’affirmation des désirs individuels”. Mais comment harmoniser lorsque l’Autre, forcément différent puisque chacun est unique, est considéré d’emblée comme un ennemi et à ce titre, systématiquement disqualifié, éliminé symboliquement (cf la cancel culture), dans l’outrance et l’hystérie ? Ajoutons à cela que le débat public est un théâtre, avec ce que cela suppose de spectacle, de posture, de rôle à jouer et donc d’illusion. Ajoutons-y aussi que tout discours nuancé devient inaudible dans cette surenchère de violence verbale, et on ne sait plus trop comment s’y prendre pour résoudre cette quadrature du cercle.
Face à ce déferlement polémique, la clé serait de (ré)admettre le doute. Sauf que personne n’aime l’incertitude, guère rassurante. Mais les affirmations assenées avec aplomb nuisent au dialogue, à force de rhétorique puissante mais creuse, et versent rapidement dans l’arrogance et le dogmatisme. Le doute au contraire est la condition de la liberté de penser, et la bride à l’agressivité verbale. Avec une cerise sur le gâteau : le rétablissement de l’écoute de l’autre.
Le dialogue et le compromis comme solution/résolution de la haine et de l’insulte dans le débat démocratique, c’est un idéal difficile à atteindre, et l’auteur en est bien conscient : le compromis exige temps, patience, gestion d’intérêts contradictoires, bonne volonté générale et une forme d’empathie. Alors, vœu pieux ? Quoi qu’il en soit, Fabrice Humbert, lucide, termine sur une boutade désabusée : “Ce texte sera annulé. Ce texte n’insulte pas. Ce texte ne hurle pas. Ce texte ne crie pas au scandale. A ce titre, il ne sera ni lu ni pris en compte. C’est sa limite et son éthique“.
Bon en fait, il y a quand même quelqu’un qui l’aura lu, et pris en compte, moi; mais qui suis-je… Toujours est-il que “Les mots pour le dire…” est un texte dense, riche, intelligent, étourdissant de finesse et de subtilité. Peut-être vain (comme le sous-entend l’auteur) mais indispensable pour qui voudrait prendre un peu de hauteur pour réfléchir posément au monde comme il va (mal).
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