"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comment devenir écrivain quand on habite Montfort-sur-Meu et qu'on excelle exclusivement dans les batailles de crachats ? Depuis les après-midi avec mémé Marthe qui lui racontait des histoires, jusqu'à Gallimard, il y aura quelques marches à gravir, des déboires et des détours, il y aura les petits boulots, les voyages au bout du monde, le RMI, les potes, les éditeurs qui promettent et ne tiennent pas, et puis la bonne étoile. La bonne étoile d'un écrivain hors normes, doté d'une détermination et d'un humour à toute épreuve.Né en 1967, Caryl Férey est un romancier français. Ses polars connaissent un immense succès. De multiples fois récompensé, il est notamment l'auteur de Utu, Zulu et Mapuche.« Caryl Férey a l'imagination baladeuse, l'humour vinaigrette, le goût des voyages et un sacré talent de conteur. »TéléramaINÉDIT
Loin d’être représentatif de ce que j’ai aimé lire de cet auteur (Haka, Utu, Zulu et Mapuche), cette autobiographie écrite à 45 ans est un livre touchant et surtout une belle leçon de vie forte du conseil de persévérance et de foi en soi malgré tous les obstacles rencontrés.
« J’ai fait le tour des forces en présence :
Un pouvoir de concentration presqu’inhumain grâce à mon frère.
Une imagination débridée grâce à Mémé Marthe.
Une foi en moi inébranlable, à la Jimmy Connors.
Les mots de Joe Strummer en lettres de sang : ‘N’abandonne jamais.’
J’étais paré.
A m’en prendre plein la gueule. »
Le livre est fait de deux parties dont la première est consacrée à son enfance de garçonnet et pré-adolescent au physique de petite taille et au caractère plutôt rêveur, souffre-douleur d’un frère tout en muscles, petit dur écervelé, chamailleur, instable, plein de tics, énervé, mauvais perdant, qui malmène son cadet, voire le terrorise, le rudoie, le provoque, le soumet à ses goûts et volonté, le brime, le traite constamment de pédé, de lopette, le menace d’en faire de la chair à pâté pour un oui ou un non le tenant responsable de ses insuccès et fondant sur lui selon ses humeurs. D’ailleurs, aimer les animaux et David Bowie, voilà bien des trucs de gonzesses.
Caryl Férey apprendra à ruser face à ce frère insupportable pour échapper au mieux à cette situation oppressive et oppressante et s’imaginera être un renard, animal qu’il tiendra toute sa vie en haute estime. Par contre, il découvrira que les jolies filles apprécient beaucoup son côté petit chat et sa ressemblance avec l’idole des jeunes, « l’autre pédé » de Bowie… Succès inattendu mais qui lui rendra l’assurance siphonnée par son ainé au quotidien.
Je me suis dit que le romancier portait au fond de lui l’empreinte d’un sacré fardeau, une colère sourde, la rancœur d’avoir été interdit de tranquillité durant toutes ses jeunes années et d’ailleurs, il décrit ce frère insupportable, crétin, loser et violent en une première phrase faite d’un jet de 11 pages comme un crachat de compétition, régurgitant cette douleur tenue tenace en lui.
Il intitule le 1er paragraphe « L’ennemi » et l’écrit en 2 phrases :
La première longue de onze pages commence par « Il me faisait peur ce con-là avec ses grands bras musclés… »
Et, la deuxième phrase clôturant le paragraphe : « J’étais l’ennemi. »
Cette confession intime et psy de son enfance court sur une cinquantaine de pages intitulées « L’âge de pierre ».
« Mon frère m’a aiguisé comme un silex ; depuis entre la combustion et l’étincelle, je consume les fées dégringolées et le vent comme autant de miracles improvisés. »
La deuxième partie, « L’âge de fer », je l’ai lue d’une traite en deux heures au soleil. C’est toute son histoire du lycée à Gallimard. Ça ne se lâche pas.
On voyage, on vit d’expédients, de petits boulots, de RMI, de galères diverses et variées, de bons moments aussi, d’écrits refusés à foison et tutti quanti et après une première édition rocambolesque de « Avec un ange sur les yeux », Caryl Férey a une idée de génie, celle d’écrire un polar en mettant à profit son voyage en Nouvelle Calédonie… Et c’est parti…
Fini d’être hébergé, fini les nouilles bouillies, c’est lui qui invite ses potes (et ils sont nombreux).
Voyages, colonisation, apartheid, dictature seront les toiles de fond de ses nombreux romans noirs à succès.
Ce texte au franc parler, rythmé et zébré d’humour, est un hymne à la vocation, la volonté, l’obstination, la persévérance et la connaissance de soi avec la certitude d’être habité par un don de conteur, la certitude de n’être rien d’autre qu’un écrivain. A bon entendeur…
Un livre touchant signé par la plume talentueuse de Monsieur Férey, qui, de champion en batailles de crachats à Montfort-sur-Meu est devenu Chevalier des Arts et des Lettres !
Un témoignage intéressant et non dénué d'humour sur le parcours d'un jeune homme parti de rien (la province profonde, pas d'études, pas de relations) qui finit, après tout de même 20 ans de galères diverses et quelques coups de chance, par être publié dans la Série noire chez Gallimard.
Une illustration de la résistance digne d'une balle de tennis dans un grand tournoi qu'il faut pour persévérer et réussir en tant qu'écrivain.
J’ai choisi ce livre à cause de son titre humoristique à rallonge sans me rendre compte que j’avais déjà lu un livre de Caryl Férey. J’ai adoré la première partie (l’âge de pierre) dans laquelle l’auteur raconte son enfance avec un frère tout en muscles et en nerfs . J’ai savouré cette écriture qui fait POP comme une bulle de chewing-gum du blond musclé-peroxydé que je mâchais quand gamine j’en avais marre.
La seconde partie (l’âge de fer) ou la genèse d’un auteur-voyageur-guide du routard version polar nous montre sans clichés, qu’au-delà du talent, écrire c’est aussi beaucoup de travail. Il nous restitue aussi la genèse de chacun de ces livres, notamment Zulu que j’ai lu et aimé. J’avais été étonnée par le fait qu’un écrivain français situe son polar en Afrique du Sud et soit convaincant. Grâce à ce livre, j’ai compris pourquoi. Pas de doute, j’en « reprendrai » bien de cet auteur.
S'il s'agit là d'une autobiographie, n'y voyez là rien de prétentieux, bien au contraire ! Se livrant ici avec beaucoup d'autodérision, l'auteur nous dévoile sa vie comme un véritable parcours du combattant pour réaliser son rêve ultime : Ecrire un roman et se faire publier, et pourquoi pas chez Gallimard, dans la Série Noire s'il vous plaît ? Un rêve bien difficile d'accès quand on voit le jour dans un environnement qui n'est pas propice à la création littéraire, sous le joug d'un frère un peu brute de décoffrage qui a tout dans le biceps et... Non, rien... Les déconvenues et autres galères sont nombreuses, pourtant l'auteur n'a jamais cessé d'y croire, et c'est poussé par une poignée de copains qu'il s'obstine et s'acharne, nous offrant par là même un vrai message d'espoir, une belle leçon de vie.
Dans un tout autre genre bien sûr, on reconnaît pourtant la patte qui a signé "Zulu", pour un parcours semé d'embûches bien plus personnel qu'à l'accoutumée. Il y a des larmes, de la sueur et du sang (Bon... J'exagère un peu !) mais c'est savoureux et percutant, promesse d'une lecture délicieuse et truculente que cette autobiographie qui se dévore en un rien de temps.
Lu en juillet 2018 - Chronique complète : http://deslivresetmoi7.blogspot.com/2018/07/chroniques-2018-comment-devenir.html
j'ai surtout apprécié la seconde partie de cette autobiographie
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