Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Collette Magny était une chanteuse engagée et féministe, elle a côtoyé ou influencé tant d'artistes, de Mouloudji à Orelsan en passant par Olivia Ruiz, pourtant beaucoup semblent l'avoir oublié. Voilà pourquoi, sur les pas de Pierrot qui est un de ses plus grands fans, j'ai décidé de vous raconter qui elle était...
Colette Magny, Les petites chansons communistes, est une bande dessinée que Yann Madé prédit qu'elle ne devrait pas lui rapporter un euro ! Pourtant, il fallait bien réhabiliter une voix, qu'on disait chantante comme une noire dans le corps d'une blanche, pour ceux qui ne connaissent pas sa voix, étrange, chaude et pourtant complètement intransigeante et engagée !
Seulement, le parcours de cette femme engagée nécessitait une mise en lumière pour dépasser l'impression de sa chanson phare, Melicoton, qui cacha, pendant toute sa carrière, ses véritables engagements et ses convictions profondes.
À la lecture de ses textes de chansons, que Yann Madé présente avec une graphie différente et des illustrations particulières inspirées d'autres auteurs, leur profondeur et leur modernité éclatent.
Avec sa voix, Colette Magny a tenté d'alerter, de défendre ceux qu'elle choisissait de rencontrer et d'accompagner sur le chemin de leurs luttes. Parole vibrante de ceux qu'on n'écoute pas, Colette Magny a payé de sa renommée, son sens des priorités. Elle fut souvent mise à l'index pour des engagements qui dérangeaient !
La bande dessinée de Yann Madé est précieuse. Elle donne une identité à une femme oubliée, et même effacée par une radio et une télévision étatisées qu'était l'ORTF, à l'époque.
Yann Madé révèle aussi la filiation dont se réclament Orelsam, Ernest Pignon Ernest et même Olivia Riuz.
Colette Magny ne lutte plus depuis plus de vingt-cinq ans et pourtant sa poésie, mise en musique, percute toujours autant fortement nos oreilles, tant il n'y a aucune concession au niveau du style qu'au niveau de la musique et de l'interprétation. Une voix forte, jamais remplacée !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/05/27/colette-magny-les-petites-chansons-communistes/
Par l’intermédiaire de Pierrot passionné et spécialiste de Colette Magny, Yann Madé se lance sur les traces de cette chanteuse, auteure-compositrice et interprète française née en 1926 et morte en 1997.
Encore aujourd’hui bien que considérée comme incontournable par des musiciens et des militants, beaucoup semblent pourtant l’avoir oubliée et Yann Madé raconte dans cette BD en bichromie qui elle était.
Colette Magny – Les petites chansons communistes, n’est pas vraiment une biographie, encore moins une hagiographie, ce qu’elle aurait détesté mais un hommage à cette artiste engagée et féministe se déroulant comme une enquête sur les engagements et les combats qu’elle a menés. C’est une BD richissime d’informations sur cette chanteuse jugée trop politisée et quasiment bannie des ondes.
Au sein de L’OCDE où elle est employée comme secrétaire bilingue, ils sont quelques-uns à partager la passion du Jazz et Colette y sera initiée par Claude Luter. À 36 ans, elle laisse tout tomber pour chanter, et comme beaucoup de jeunes se politise lors de la guerre en Algérie.
Après un passage au « petit conservatoire de la chanson » de Mireille, où sa voix est remarquée, elle sort Mélocoton, en 1963, une chanson qui lui vaudra un contrat avec CBS, le géant du microsillon. Cette chronique familiale parlant de ses neveux Mélocoton et Boule d’Or, ce grand tube, s’il lui permet de passer à l’Olympia, en première partie de Sylvie Vartan, masquera pour toujours l’ensemble de son œuvre.
Dès les premières pages, j’ai donc été happée par la mémoire de cette voix tellement grave et prenante, une véritable invitation à swinguer...
Pour aller où ?
J’en sais rien…
Viens donne-moi la main…
Quel plaisir de retrouver cette sublime chanson dès les premières pages et ce de manière très originale puisque Yann Madé s’est inspiré des planches de « Keep on Truckin » de Robert Crumb pour la présenter : magnifique !
Il adopte également une police de caractère différente du reste du récit, incluant la chanson dans des pages spécifiques au fond légèrement ocré.
Il renouvelle l’opération pour d’autres chansons « J’ai suivi beaucoup de chemins », « Vietnam 67 », « Babylone USA », « Répression », « Camarade curé », « Exil, Salem » …, et pour les dessins, réitère le processus « à la manière de » : Michael Golden, Reed Waller, Félix Vallotton, Manuel Vasquez, Moebius, ou Joe Sacco pour les titres cités.
Dans ses chansons, Colette Magny donne toujours la parole aux petites gens et aux opprimés de tout genre. Pour elle, il ne s’agit pas de « chanter pour » les ouvriers, mais bien de leur donner la parole … On entend dans ses textes l’histoire des luttes des années 1960 aux années 1990.
C’est donc avec grand plaisir que j’ai recherché à chaque fois la chanson sur la toile pour l’écouter, et du même coup, non sans un brin de nostalgie, j’ai ressorti mes vinyles, avec le souvenir encore intense et bien ancré d’avoir pu assister à un de ces concerts en 1979 …
Il est très intéressant de voir comment Colette Magny a influencé nombre d’artistes et j’ai été surprise de découvrir les noms d’Orelsan ou Olivia Ruiz parmi eux. Moins surprenant de constater que la revue musicale Paroles et musique, que José Arthur, Jean-Louis Foulquier, Ernest Pignon Ernest ou Augustin Trapenard l’ont aidée, lui ont permis de s’exprimer ou ont parlé d’elle, tout comme Télérama qui l’a soutenue en lançant une souscription lors de la sortie de son album Kevork, album inspiré par les pintades de son ami Jean-Marie Lamblard !
Leur soutien a été et est le bienvenu car les médias n’apprécient pas alors cette œuvre politique et ont choisi et continuent de l’ignorer.
Un grand plaisir pour moi également de retrouver dans ces pages de grands artistes comme Catherine Ribeiro, Francesca Solleville, Allain Leprest, Julos Beaucarne, Mouloudji, Cora Veaucaire, Axelle Red… sous le trait noir énergique, nerveux et très efficace de l’auteur.
Un seul regret que je partage entièrement avec lui « qu’on ne l’entende jamais assez », je dirais même jamais…
Un immense merci à notre fils Vincent pour nous avoir offert cette Magny.fique BD de Yann Madé superbement dédicacée par l’auteur.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/05/yann-made-colette-magny-bd-les-petites-chansons-communistes.html
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