Toujours plus de découvertes et d’horizons littéraires différents !
Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones, libérés des pensionnats, essaient de survivre dans le quartier d'East Vancouver, entre prostitution, drogue et petits boulots.
Il y a Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l'American Indian Movement ; Kenny, qui ne sait plus comment s'arrêter de fuir, et, enfin, Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.
D'une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant.
Toujours plus de découvertes et d’horizons littéraires différents !
Cela faisait quelques mois que j’avais envie de lire ce roman (je m’étais inscrite pour assister à une présentation/rencontre avec l’auteure en février dernier, mais les grèves de transport m’en avaient empêchée). Je connaissais déjà l’histoire des pensionnats canadiens d’une part par l’actualité, et d’autre part par la série 1923, dont une de protagonistes fait partie des enfants autochtones victimes de ces écoles résidentielles.
J’ai beaucoup apprécié ce roman « choral », particulièrement bien construit (alternance de points de vue, temporalité) dont la lecture m’a parue très fluide (malgré ces 350 pages, je l’ai terminé en quelques jours seulement) points de vue L’alternance des points de vue des différents personnages fonctionne bien, et j’ai trouvé judicieux d’alterner également entre première et troisième personne du singulier selon les personnages et même les chapitres. Au fil des chapitres, le lecteur fait la connaissance de 5 jeunes adultes, 3 filles et 2 garçons, qui se retrouvent tous à Vancouver, les filles devenant femmes de ménage dans un motel miteux, les garçons ramasseur de fruits dans les vergers l’été et bûcherons l’hiver. L’auteur excelle à retranscrire certaines ambiances et les descriptions des différents lieux sont dotées d’une puissance évocatrice assez remarquable. Il est vrai que, comme le soulignent certains lecteurs, certains dialogues peuvent sonner creux, notamment les échanges entre Mariah et Clara.
L’auteure met en lumière non seulement les viols, violences physiques et verbales commis par les religieux dans les pensionnats mais aussi l’éloignement des familles, dont les visites et les tentatives de communication sont sans cesse rejetées et contrées. Une des grandes forces du roman est de parvenir à montrer toutes les conséquences des pensionnats : à travers le personnage de Kenny, le lecteur se rend compte des séquelles dramatiques chez les proches des enfants enlevés de force à leur famille. Kenny rentre chez lui mais ne reconnait pas sa mère, devenue alcoolique, brisée elle aussi par l’absence de son enfant pendant dix ans. Incapable de retrouver le lien qui les unissait, Kenny s’aperçoit qu’il n’a d’autre choix que de partir. A travers le personnage de Maisie, il nous est donné à voir les traumatismes des viols systématiques et l’impossibilité de trouver une échappatoire : hantée par son expérience dans le pensionnat et incapable de maintenir une relation amoureuse avec son petit ami car ce dernier a eu la chance d’échapper aux pensionnats, Maisie sombre rapidement dans la drogue et la prostitution. La violence crue des chapitres de son point de vue est choquante. Lucy, qui semble plus frêle et fragile, parvient à survivre et entreprend des études pour devenir infirmière, mais doit élever seule sa fille Kendra malgré les promesses de son mari de cesser de fuir et de rester à s’occuper de leur enfant. Si le lecteur peut dans un premier temps en vouloir à Kenny pour ses absences répétées, on prend conscience rapidement que sa fuite éternelle est due à son enfance vécue en pensionnat. Clara est sans doute le personnage le plus attachant car c’est celle qui décide de se battre, de devenir militante et auxiliaire de justice pour aider son peuple.
J’ai aimé les ellipses temporelles, qui permettent de découvrir l’évolution des personnages, depuis leur sortie de l’adolescence jusqu’à leurs 40 ans environ. J’ai regretté cependant qu’il n’y ait pas plus de passages traitant la perte de la langue. Au fur et à mesure des années qui passent, on voit que certaines structures se mettent en place, que les Native s’organisent et parviennent à tirer quelque chose du gouvernement américain, en tout cas au niveau carcéral et du droit à la défense. En parallèle de ces timides avancées juridiques, le gouvernement continue à enlever à travers l’aide sociale les bébés autochtones à leurs familles, jugées inaptes à les élever (heureusement dans le roman Lucy parvient à éviter que l’histoire se répète et à sauver sa fille de ce triste sort grâce à l’aide de Clara).
Il y a une sorte de douceur et de délicatesse chez l’auteure, qui aurait pu livrer au lecteur des scènes terriblement graphiques des horreurs perpétrées par frère John et sœur Mary, mais qui choisit plutôt d’évoquer ces violences à différents passages, sans entrer dans trop de détails.
Le livre contient certes des passages difficiles, mais l’auteur n’est pas pessimiste quant à l’avenir : à travers le personnage de Kendra, la fille de Lucy, qui est en médecine, l’auteure semble nous dire que malgré le trauma inscrit dans la mémoire collective, les générations futures peuvent s’en sortir, réussir et créer un monde meilleur.
J’ai hâte de poursuivre ma découverte de cette nouvelle collection Seuil, « voix autochtones » avec "Celle qui parle aux corbeaux" de Melissa Lucashenko.
Ils s’appellent Lucy, Kenny, Clara m, Howie et Maisie, et ils ont pour point commun d’avoir été enfermés pendant de longues années. Emprisonnés? D’une certaine façon, et même pire. Arrachés à leur famille, affamés, brimés et abusés dans un pensionnat catholique dès leur plus jeune âge, pour la seule faute d’être nés indiens au Canada. Adolescents, ils sont mis à la porte, livrés à eux mêmes dans un pays où ils sont discriminés. Mais cette liberté nouvelle ne suffit pas à les libérer de ces années de malheur. Pour tous commence la rude épreuve de réapprendre à vivre.
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1996. Cela paraît fou mais ce n’est qu’à cette date que le Canada cessera d’appliquer la politique d’assimilation sur les populations autochtones, pour faire de ces enfants « des petits blancs à la peau brune ». Ce sont des générations entières qui ont été sacrifiées, dont « l’enfance a été marquée par le malheur, la destruction et la mort », des générations qui « n’arrivent pas à supporter leurs propres souvenirs »
Car c’est bien là le pire. Comment vivre une vie d’adulte sereinement quand on a vécu l’enfer au moment où l’on est le plus fragile, désespérément seul quand on est encore qu’un tout jeune enfant. A l’image de ces cinq petits indiens, certains dériveront, se détruiront, d’autres toute leur vie fuiront, incapable d’accepter le bonheur. D’autres encore chercheront à se venger ou aideront leurs congénères, mais rares seront ceux qui trouveront l’apaisement.
Dans ce très beau roman, l’auteur livre un vibrant hommage à tout un peuple bafoué. Dans ces cinq destinées elle met du désespoir, de la colère et du renoncement, mais ce qui touche en plein cœur c’est la grande tristesse qu’ils ont tous en point commun. Car chez ces adultes on sent que souffre toujours l’enfant inconsolable, l’enfant dont la blessure causée par la séparation originelle ne s’est jamais refermée.
Un roman fort et bouleversant mais qui jamais ne tombe dans l’apitoiement, un plume digne et émouvante. A lire!
A découvrir l enfer de ses jeunes, leurs calvaires , très touchant ,pourront ils s es sortir un très bon livre bravo à l auteur
Dans les années 1960, au canada, de jeunes enfants indiens (entre 6 et 16 ans) sont soustraits autoritairement à leur familles pour être enfermés et rééduqués pour tenter d’effacer leur culture d’origine dans des conditions épouvantables. L’autrice suit le destin de cinq d’entre eux, chacun ayant vécu des traumatismes violents qui vont bouleverser leur vie. Une fiction bien menée avec des personnages crédibles qui ont pour point commun un marquage indélébile de cette expérience douloureuse.
Roman choral qui nous fait faire des sauts dans le temps en nous racontant l'histoire dramatique de cinq enfants amérindiens, parmi des milliers, qu'on enleva à leur famille pour les "désindianiser" dans des instituts religieux tenus par des sadiques pervers de la pire espèce.
Les Blancs voulaient tuer l'indien en eux, ils ont tué bien plus que ça… Ils leur ont mis la peur au ventre pour toujours et une colère inextinguible.
Kenny, Lucy, Maisie, Clara, Howie.
J'ai eu l'impression de lire ces vies comme en apnée, tant j'ai passé mon temps à avoir peur pour ces enfants, tant j'ai souffert de la terrible injustice qui leur a été faite. Enfermés, battus, humiliés, violés dès l'enfance, jetés dehors à 16 ans sans que rien ne les ait préparés à la vie à l'extérieur. Tout en ayant vécus à peu près les mêmes sévices, ils auront des vies différentes les uns des autres, avec leurs séquelles propres et leurs capacités à les surmonter ou pas.
J'ai tremblé pour eux devenus adultes, à me demander s'ils allaient parvenir à terrasser leurs démons et accepter la vie.
Mais pourquoi ceux à qui on a fait énormément de mal persistent-ils à s'en faire eux-mêmes ? Pourquoi deviennent-ils leur pire ennemi ?
Il y a cependant une infinie beauté au milieu de toute cette crasse. De la sororité, de la fraternité, de l'amour, un attachement indestructible à leurs origines, et surtout un lien indéfectible entre ceux qui sont passés par là, entre les mains sales des institutions religieuses. Ils sont une famille à tout jamais, pour le meilleur et pour le pire
Ce roman poignant m'a rappelé Jeu blanc de Richard Wagamese amérindien lui aussi, qui traite de ce qu'on a fait subir aux enfants des premières nations au Canada.
C'est une page d'histoire du peuple indien d'Amérique du nord qui nous est racontée là, qui parle du mal qu'on leur a fait, de leurs croyances qui les englobent dans un grand tout, qui les enracine dans cette terre qu'on leur a volée.
C'est un livre qui se dévore, entre colère, révolte et espoir, comme un cri qui nous dit "regardez ce qu'on nous a fait !" Et qui nous montre que beaucoup sont toujours debout. Sous cette magnifique couverture se trouve le récit de l'enfer vécu par des enfants mais aussi parfois de la résilience. Énormément d'émotions dans cette lecture, et un énorme coup de cœur !
Pendant des décennies les enfants autochtones du Canada ont été enlevés à leur famille et envoyés dans des écoles résidentielles gérées par l'Eglise catholique à la demande du gouvernement. le but? Y être "assimilés" et "civilisés".
J'avais déjà entendu parler de cela, cet été, en visitant le Musée huron-wendat au Québec, et j'avais été extrêmement choquée, d'autant plus quand j'ai su que le dernier pensionnat n'avait été fermé que récemment (en 1996).
Aussi, quand j'ai lu le résumé de ce roman, j'ai eu naturellement envie d'en savoir plus.
Kenny, Lucy, Maisie, Clara, Howie sont nos cinq petits indiens, ils ont tous été arrachés à leur famille et envoyés dans ces pensionnats ou ils ont subis les coups, les viols et toutes sortes d'autres maltraitances.
Je préfère vous avertir tout de suite, c'est une lecture qui n'est pas simple. Ce qu'ont vécu ces jeunes autochtones est une horreur absolue. Certains auront réussi à fuir, les autres auront été renvoyé dans le monde à leur 16 ans, avec à peine quelques billets en poche et l'espoir de retrouver leur famille.
Mais comment vivre après cela? Les cicatrices sont bien présentes elles font mal. Au bout du chemin, la plupart d'entre eux trouveront la prostitution, la drogue, l'alcool... Malgré tout, certains trouveront la force de parler afin de dénoncer ces pratiques criminelles.
Cette histoire est celle de dizaines de milliers d'enfants qui n'avaient pas d'autres torts que d'être ce qu'ils sont et qu'on a jugé bon de couper de leur culture pour les "normaliser". C'est l'histoire de milliers de famille brisées. C'est l'histoire d'un génocide culturel.
C'est un roman très fort et extrêmement bien écrit qui m'a bouleversée. L'auteure a travaillé comme avocate auprès des survivants de ces pensionnats dont sa mère a elle-même fait partie... Vous imaginez donc bien à quel point les histoires de nos cinq petits indiens doivent faire écho à une bien triste et honteuse réalité.
A LIRE ABSOLUMENT.
La jolie couverture très “doodles” et le synopsis m'ont tourné vers ce livre sur netgalley. J'ai donc fait chauffer ma liseuse, ayant lu cette histoire presque sans pause (sauf pour mon sacro-saint thé et de quoi manger, tout de même !), car j'ai été immergée dans ce Vancouver des années 70 et d'après, ses quartiers craignos, mais surtout les destins croisés d'attachants protagonistes ayant connu abus, violence, et viol alors qu'ils n'étaient que des gamins après avoir été enlevés à leurs familles sans plus d'explication.
Une histoire bouleversante, long chemin de résilience et de lente reconstruction surtout, même si tous n'y parviendront pas, ou de manière bancale. le parcours de Clara m'a notamment beaucoup touché, de la colère à l'apaisement en s'autorisant enfin à vivre pour et par elle-même après la révolte, le don de soi qui aide à panser ses blessures, et le fait de renouer avec ses racines.
Je me suis demandée si ce personnage reflétait la mère de l'autrice ayant connu ces horreurs, ou l'autrice elle-même du fait de son diplôme de droit.
J'ai néanmoins cru déceler quelques incohérences dans les âges et les dates, rien de bien méchant toutefois, pour Lucy. Entre ce qui nous est dit au début du livre, et le moment de la “retraite”- simple calcul basique.
Une bonne lecture, touchante, bouleversante et instructive que je recommande sur un sujet grave et méconnu.
Merci à #netgalley et aux éditions du seuil pour m'avoir permise de le lire si rapidement, malgré que le livre soit visiblement déjà sorti depuis un mois.
Un livre touchant et qui nous entraîne dans les traumas de cinq jeunes indiens, à la sortie de leurs années vécues dans les orphelinats, mis en place pour "civiliser" les autochtones canadiens.
Une prise de conscience des abus subis par les petits indiens est en cours au Canada et le prologue de l'éditeur pose bien le thème :
"Le 28 mai 2021, les tombes de 215 enfants sont retrouvées près
de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie Britannique. Quelques semaines plus tard, ce sont 751 sépultures
anonymes qui sont découvertes près de celui de Marieval, en Saskatchewan. De la fin du e siècle à 1996 (!), date de la fermeture du dernier pensionnat, les enfants autochtones au Canada ont été arrachés à leurs familles et envoyés dans ces écoles résidentielles pour y être « assimilés » et « civilisés ». L’objectif fièrement proclamé
était de « tuer l’Indien dans l’enfant ».
On considère que plus de 150 000 enfants sont passés par ces
139 pensionnats, gérés en grande majorité, à la demande du gouvernement canadien, par l’Église catholique. Séparés de leur famille, coupés de leur langue et de leur culture, ils y ont été maltraités et abusés. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation canadienne a estimé qu’au moins 4 000 enfants y étaient morts. Ce sont les tombes de ces enfants que l’on retrouve aujourd’hui. Quant à ceux qui ont pu grandir et en sortir, ils sont devenus des « survivants »."
Des chiffres qui impressionnent et scandalisent.
Michelle Good nous raconte la vie d'après de cinq enfants, qui ont pu sortir de cet enfer. Mais le retour a la vie normale n'est pas simple.
Il y a Maisie, qui essaie de s'en sortir mais des vieux démons la hante. ; la discrète Lucy, qui va devenir mère et va reprendre des études d'infirmière ; Clara, la rebelle, engagée dans l'American Indian Movement et qui va décider de lutter pour les droits mais aussi apprendre sa culture ; Kenny, qui ne sait plus comment s'arrêter de fuir et qui combat aussi des démons, et Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire et qui à sa sortie de prison va essayer de se réinsérer.
Les destins de cinq personnages sont tragiques mais la plume de l'auteure nous permet de suivre ces vies brisées mais aussi cette résilience et la force d'essayer d'avancer dans la vie.
Ce texte est un bel hommage à ce peuple qui a été maltraité, anéanti par un gouvernement et des institutions qui pensaient faire le bien.
Ne pas être rebuté par le thème et charmée par la belle couverture et des portraits si touchants, une description très belle de moments de partage, (la rencontre de Clara avec une medecine woman, qui va l'initier à la culture indienne, des balades dans un parc de Vancouver de Lucy et Kenny).
Hasard des lectures : je viens de commencer "l'Amérique n'est blanche qu'en hiver" de Bianca Joubert et certains thèmes communs en jalonnent le texte.
Des textes romanesques, historiques qui permettent de dénoncer des méfaits, des dénis de l'histoire.
J'avais apprécié les textes de Richard Wagamese ("jeu blanc"), de Joseph Boyden ( "le chemin des âmes" m'avait beaucoup émue et j'avais aimé être dans la pirogue d'un petit fils du retour de la guerre avec sa grand mère), de Louise Erdrich et récemment le touchant texte de Michel Jean "Kukum"
Pour tenter de ne pas oublier et que cela ne puisse pas se reproduire, mais sûrement un vœu pieux.
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