"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En allant à la découverte du petit village limousin où son père ne donne plus signe de vie, Fanny va tenter d'éclaircir le mystère de sa disparition. Contre toute attente, sa quête va insuffler un sens nouveau à son existence.
Que s'est-il passé à Manilhac-le-Haut en cette nuit de novembre ? On n'a plus jamais revu Laurent Lerault. Dévastée par une rupture amoureuse et inquiète pour ce père dont elle sait les fragilités, mais pas les secrets, Fanny fuit la capitale pour aller à sa recherche. Laurent, peintre de talent, s'est réfugié des années plus tôt dans ce hameau du Limousin sur lequel veillent les ruines d'un château fort.
Loin de tout, les gens de Manilhac ont leur part d'ombre. Leur mutisme ou leurs aveux à mots couverts font douter la jeune femme. Seul Mathieu, pisciculteur divorcé, lui apporte un certain réconfort.
Contre toute attente, Fanny va se reconstruire au contact de ces hautes terres et de ceux qui en sont l'âme. Et percer enfin le mystère de la disparition de son père ?
Un roman d'une belle humanité, du nécessaire retour au lien et à la vie.
Ça et là piquée des épaves éventrées de vieilles maisons naufragées, une marée de sapins sombres menace d’étrangler la longue route sinueuse qui monte au hameau de Manilhac-le-Haut, sur le plateau désertique des Millevaches. Là, sous la garde austère d’un château fort en ruines peuplé des seuls fantasmes d’un trésor oublié, une poignée d’habitants subsistent, serrés dans leur promiscuité mutique, impénétrable à l’étranger.
C’est en ces lieux d’un autre temps que Laurent Lerault, peintre déserté par le succès, est venu enterrer ses tourments. Jusqu’à ce qu’une nuit d’hiver, il disparaisse mystérieusement, évaporé sur les quelques centaines de mètres séparant le bistrot de son domicile. Peu rassurée par la molle enquête des gendarmes, sa fille Fanny, par ailleurs encore sous le coup d’une rupture sentimentale, quitte la capitale pour venir se faire elle-même une idée de la situation. La voilà très vite aux prises avec les non-dits et les sous-entendus dans lesquels se claquemure le village.
Gilbert Bordes pimente d’une pincée de suspense et d’un soupçon de romance cette histoire du terroir où se retrouve, comme toujours, beaucoup de lui-même. Lui dont le coeur bat au rythme de ses souvenirs d’enfance limousine et qui n’est jamais plus heureux qu’au contact de ses essentiels : la simplicité et l’authenticité d’une vie au naturel, loin des mirages et des affèteries de la ville, nous propose de passer outre l’âpreté d’un pan de ruralité subsistant à l’écart du monde et de nous plonger, le temps d’une aventure agréablement intrigante, dans l’intimité, pleine de jalousies et de médisances, mais aussi de solidarité et de chaleur humaine, d’une toute petite bourgade attachée à sa tranquillité.
A son habitude, l’écrivain se montre peu enclin à céder longtemps à la noirceur. Et si les loups – bêtes et humains – viennent ici inquiéter le lecteur au diapason des personnages, ce n’est que pour mieux l’attendrir au contact du désarroi de parents démunis, de la timidité d’un pisciculteur passionné, ou encore de la soif d’amour et de reconnaissance d’un simplet pas si bête.
Tendre et bienveillant comme les précédents, ce dernier roman rural de l’auteur s’agrémente toutefois de davantage de suspense et se laisse dévorer sans déplaisir.
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