«Des questions ?» dit le maître, satisfait de sa leçon. Une question alors se fait entendre. Elle est dite d'une toute petite voix fluette et innocente. Elle est parfaitement audible malgré le léger brouhaha, les chuchotements, les bruits de chaises...
Adressée par une petite fille du CE1 au jeune maître remplaçant nouvellement nommé, la question vaut à elle seule une leçon de pédagogie.
Elle est naïve, sans ambages et sans ambiguïté ; prononcée sur un ton confiant, elle ne demande qu'à être éclairée. Elle éclate comme une petite bulle de savon colorée dans une matinée de grisaille : «Maître, pourquoi tu parles tout fort ?» Des mômes, des mots, des mômes encore. Mots mis sur les maux des mômes, mots ornant leurs sourires, mots explorant leurs découvertes. Au centre de chacune de ces cinquante-six histoires, il y a l'enfant, l'écolier, héros singulier qui emprunte tour à tour au poète et au brigand, au comédien, au prince ou à son bouffon pour appliquer une touche de féerie sur les murs de l'école. Élémentaire ? Pas si sûr...
Martine Boncourt fut institutrice, directrice d'école et maître formateur. Elle est aujourd'hui chargée de cours en sciences de l'éducation. S'il arrive à cette femme passionnée par son métier de déserter les sentiers, toujours riches en tours et détours, de la pédagogie Freinet-Institutionnelle, c'est pour arpenter ceux des montagnes vosgiennes, du même pas alerte et décidé, avec la même envie de goûter le sel de «ces petits riens qui sont l'essence même de la vie».
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