Entretien avec Laurence Faron, directrice de Talents hauts : « La littérature s’est toujours conjuguée au féminin »
Lyon, novembre 1914. Les hommes étant mobilisés sur le front, Agnès est embauchée comme conductrice de tramway. Lorsque son mari, Célestin, rentre blessé du front, il exige qu'elle quitte son poste. Agnès refuse et tient bon malgré les reproches. La guerre terminée, Agnès est renvoyée : les hommes doivent retrouver leur place. Blessée par cette injustice, elle s'engage dans le mouvement des suffragettes. Célestin ne le supporte pas, il la menace, l'accuse de fréquenter des « inverties » et va jusqu'à la frapper...
Entretien avec Laurence Faron, directrice de Talents hauts : « La littérature s’est toujours conjuguée au féminin »
Belle histoire mais bien triste qui montre la Première Guerre Mondiale sous l'angle des femmes.
Agnès aime son homme, Célestin, parti au Front dès 1914. Elle l’aime de tout son être et l’attend, à chaque minute qui passe. Mais la vie continue d’être là, devant ceux –et surtout celles- qui sont « derrière » ; il faut bien faire face aussi, il faut bien « faire tourner » le pays. C’est ainsi qu’avec une pointe d’audace et un pragmatisme à toute épreuve, Agnès va devenir wattwoman (conductrice de tramway) au moment où elle se rend compte que ce métier paie autrement mieux qu’ouvrière en usine et parce que les hommes sont au front. Mais deux événements vont bouleverser la nouvelle vie d’Agnès : Son Célestin revient, abîmé. Oui, il est blessé mais il est surtout abîmé à l’intérieur et ne supporte pas que sa moitié puisse gagner plus d’argent que lui et qu’elle ne soit pas là pour s’occuper de leur maison, du ménage, des courses, des repas… Quel soulagement pour cet homme quand un autre homme –celui qu’Agnès remplaçait aux tramways- revient lui aussi du front. Nous sommes au tout début du vingtième siècle et comment tenir tête ? Comment faire front ? Agnès redeviendra ouvrière, retrouvera sa place à la maison mais quelque chose a germé en elle… et cette petite graine grandit doucement tout au long du roman jusqu’à devenir une belle pouce : elle franchit la porte d’une réunion de sufragettes (grâce à son amie Renée), souffre de plus en plus de la violence et de l’alcoolisme de son Célestin qu’elle ne reconnaît plus, et change, elle aussi : elle s’émancipe ! Le poids des conventions sociales est extrêmement présent et Agnès ne va pas se transformer du jour au lendemain, elle se posera énormément de questions, prendra peur, doutera mais exactement comme une plante, elle sortira grandie de toutes ces épreuves.
Par un jeu subtil de retours en arrière, on découvre avec grand plaisir cette combattante féministe et anonyme des premières heures. En effet, le roman débute en mille neuf cent quarante-cinq, avec un autre personnage féminin qui se prénomme Luce et c’est par son biais à elle que l’on découvre Agnès, sa tante disparue vingt ans auparavant et que l’on remonte le temps. C’est avec beaucoup d’émotion que l’on découvre ce personnage évoluer, prendre conscience du monde qui l’entoure, se découvrir heureuse dans le collectif, heureuse et épanouie !
Lu et découvert grâce à Lecteurs.com, je trouve ce roman en particulier et cette collection « Les Héroïques » en général très intéressants pour la jeune génération (et pour la moins jeune !). Avec des mots simples mais une écriture très juste, ce roman permet d’aller droit au but et ne peut pas –à mon sens- laisser indifférent un.e adolescent.e. Jolie découverte que je ne peux que conseiller aux jeunes lecteur.ices !
« Voter, c’est exister ! Scande-t-elle, aussitôt imitée par Renée. Voter, c’est exister ! (p.113)
8 mars -29 avril 1945 : Luce emménage dans la maison de sa tante Agnès et au moment des élections, un fait divers bouscule la vie locale.
Enchâssé dans ce récit, l’histoire d’Agnès du 31 janvier 1916 au 09 janvier 1920.
Agnès-Célestin, janvier 1916 : Un jeune couple séparé par la guerre. Lui au front, elle qui tente d’entretenir la maison. Agnès travaille à l’usine, à l’atelier de tissage et son maigre salaire lui permet difficilement de nouer les deux bouts.
Un jour, sur le tramway, c’est une contrôleuse qui sollicite son billet. Ce geste, d’apparence anodine va bousculer la vie d’Agnès.
Un récit de guerre, un récit de vie, on ne parle pas souvent de la vie de ceux qui restent au pays quand les hommes sont au front.
Les deux récits parlent d’émancipation, des luttes qu’il faut mener pour faire face aux démons qui peuvent nous hanter, aux préjugés, aux carcans qui trop souvent limitent nos horizons.
Il est question de famille, de transmission intergénérationnelle.
Enfin, ces histoires témoignent de la lutte des femmes pour plus de justice, d’égalité, de considération.
Nous sommes souvent loin d’imaginer combien ce combat fut âpre et lourd le prix à payer pour celles qui le menèrent.
C’est l’histoire d’un lent affranchissement qui nous invite à ne jamais accepter l’injustice.
Merci à madame Cuenca pour cet écrit qui allie sensibilité, rigueur historique et militance.
Espérons qu’il suscitera l’intérêt des jeunes auxquels il est destiné et auxquels il faut faire découvrir ces facettes de l’Histoire.
Merci à lecteurs.com et aux Editions Talents hauts.
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