Je m'appelle Julie Timmers. Autrefois, on m'appelait « Dr Timmers ». Autrefois, on m'appelait aussi « Timmy ». Ça fait cinq ans que je n'ai plus mis un pied dehors. Je ne me risque plus à sortir dans la rue, c'est trop effrayant. Et ça fait parler les gens. Je n'aime pas leur faire ce plaisir. L'intérieur de ma maison est négligé. À vrai dire, c'est un dépotoir. J'en suis consciente. Mais ça reste chez moi. Ça reste chez nous. Alors je m'y sens quand même bien. Je prendrai le temps de ranger et de manger quand je l'aurai retrouvé. La journée, je lis les journaux. Entièrement. Je dissèque le tout avec précision. Je coupe et je colle, dans des cahiers, ce qui retient mon attention. Puis je relis les cahiers. Tous les cahiers. Pour être sûre de ne rien avoir laissé passer. De ne pas avoir manqué un seul élément.
Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Aujourd'hui, j'ai vu quelque chose. Quelque chose que je n'aurais pas dû voir. Pas si la police a raison. Pas s'il est parti de son plein gré...
Dans Ce qu'il reste de nous, le lecteur plonge directement dans la détresse de la narratrice, Julie, qui reste enfermée chez elle depuis 5 ans, depuis que son mari a disparu subitement. Elle écume les journaux à longueur de journée dans l'espoir de trouver un infime indice sur cette mystérieuse disparition, convaincue qu'il ne n'est pas volatilisé avec une femme et qu'il est retenu quelque part, s'accrochant à l'espoir qu'il soit encore vivant… Grâce à la narration à la première personne, le lecteur s'immisce dans l'esprit perturbé de Julie, comprend rapidement que sa capacité de raisonnement est inhibé par ses obsessions et s'attache ainsi très facilement à elle, en lui pardonnant ses accès de délire. le personnage peut paraître énervant au début mais je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir de la pitié pour cette femme, ancienne médecin, détruite par l'incertitude.
L'autrice construit son roman de manière très intéressante en parachutant le lecteur à un instant t de la vie de la narratrice puis en égrenant les informations clés sur son passé tout en continuant à développer l'intrigue. Les flashbacks sur sa rencontre puis sa vie commune avec son mari sont bien amenés et servent le récit. le suspense est de plus en plus présent tout au long du livre, si bien que ce dernier est difficile à lâcher sur la fin. Je m'attendais à une fin assez classique mais l'autrice a réussi à me surprendre avec un habile retournement de situation. On oubliera vite les quelques facilités narratives, défauts de jeunesse du roman, tant on prend du plaisir à le lire !
Une très belle découverte que je vous recommande, son deuxième roman, Comme des arbres en novembre, sort ce mois-ci et je vais me le procurer avec plaisir ! À tous les passionnés de thriller psychologique, ne passez pas à côté de celui-ci et découvrez ainsi une autrice prometteuse
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