"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Thomas Boral était l'homme de main de Franck Miller, un individu véreux en cavale suite à de nombreuses malversations. Il est aussi le témoin capital à son procès qui doit avoir lieu prochainement. Ayant fait main basse sur l'argent amassé par Miller, Boral est devenu un repenti pour sauver sa peau et échapper à une vengeance inéluctable. En attendant le procès, il est protégé par les autorités, mis à l'abri, reclus, au pied de la montagne Noire. Mais pour combien de temps ? Dans cette région on dit que le vent rend fou et que les gouffres attirent et ne rendent jamais les imprudents tombés dans leurs entrailles. Et plus dangereuses que le tueur lancé à ses trousses, il y a là des rancoeurs accumulées... D'ailleurs on dit aussi de Delphine qu'elle est si belle que les hommes pourraient tuer pour elle...
On entre dans ce roman à tâtons, en ne comprenant pas qui est vraiment Thomas Boral, pourquoi il vit reclus, pourquoi il a peur. Suite à sa libération, ce dernier a trouvé refuge près de la Montagne Noire, à Mazamet. Un vaste décor qui constitue un véritable personnage de ce récit. L’auteur nous plonge réellement dans la tête du personnage en utilisant la première personne. Ainsi, au début, on se sent un peu perdu dans les pensées du personnage puis, petit à petit, l’auteur nous livre des éléments au compte-gouttes qui nous explique la situation du personnage à travers ses sentiments, ses doutes et ses peurs. Ses peurs car il est poursuivi par Frank Miller et ses hommes de main contre lequel il va bientôt témoigner lors du procès. Le caractère anxiogène du récit se renforce au fur et à mesure que l’étau se resserre autour du personnage. Ce roman est très noir tant par l’écriture, assez froide et directe, que par l’histoire empreinte de violence physique mais aussi morale. La seule bouffée d’air frais dans l’écriture est une certaine poésie présente dans les descriptions de la nature et de la montagne omniprésente.
Le roman monte en puissance et devient difficile à lâcher vers la fin alors qu’au début, je l’avoue l’avoir lâché quelques fois car je n’arrivais pas à m’y plonger. L’atmosphère particulière dans laquelle je l’ai commencé n’a certainement pas aidé à m’y immerger… Un autre personnage très intéressant et surtout intriguant dans le roman c’est Delphine qui transforme Thomas et a une place prépondérante. Il y a enfin une myriade d’autres personnages entre flics et voyous, parmi lesquels j’avais un peu de mal à m’y retrouver au début.
Bref, Ce qui reste de candeur est un roman court de 192 pages, violent, très noir qui m’a fait découvrir un bon auteur que je ne connaissais pas. Malgré un début difficile, j’ai dévoré les 50 dernières pages du roman, plutôt bien construit et aux personnages charismatiques. À découvrir pour les curieux parmi vous amateurs de romans noirs !
Chronique à lire aussi sur https://thetwinbooks.wordpress.com/2020/03/20/ce-qui-reste-de-candeur-thierry-brun/
Un personnage central autour duquel tout semble tourner. Thomas Boral est un sale type, qui aimerait bien laisser son passé d’homme de main derrière lui. C’est sans compter la haine que son ex-employeur et toute son organisation lui porte alors qu’il les a trahis pour sauver sa peau. Il est sous protection policière car il doit témoigner dans le procès à venir. Cette période d’attente qui voit monter en lui toutes les névroses imaginables n’est pas de tout repos. Une écriture acérée pour nous faire plonger dans le destin de cet homme, sans sa solitude, voulue et subie. On pourrait presque parler d’un polar rural puisque toute l’intrigue se passe dans un lieu isolé, une planque non loin de Mazamet. Mais il y a malgré tout des voisins et quels voisins ou plutôt quelle voisine ! J’ai adoré suivre les mésaventures de Boral, un peu comme si toutes les malédictions s’abattaient sur lui. Pour un homme qui veut se fondre dans le paysage, côté discrétion, on repassera. La région de la Montagne Noire prend une belle place dans ce roman. L’auteur n’est pas avare de descriptions autant de la météo et des déluges qui s’abattent sur le pauvre monde que de la géographie qui offre de belles lignes quasi poétiques. Un livre court qui se lit d’une seule traite tant on a envie de savoir ce qui va arriver à notre personnage principal. Un récit où se mêle les désordres de mère nature et la vie des hommes, leurs souffrances et leurs violences. Et puis il y a Delphine qui dès le départ apparaît comme le grain de sable qui empêchera la machine de tourner et on n’est qu’au début de nos surprises avec elle. Un roman fort qui pourrait bien vous plaire autant qu’à moi. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2020/03/09/37997733.html
Qu'est-ce qui a amené Thomas Boral aux alentours de Mazamet, dans la Montagne Noire ? Pourquoi se retrouve-t-il à loger dans une maison très isolée avec pas mal de travaux à y effectuer pour passer l'hiver particulièrement rigoureux dans la région ? Se met-il au vert après son incarcération ? Se cache-t-il ? Il vit en reclus, en solitaire, ne descendant au village que pour y acheter des provisions, pour y descendre une bière de temps en temps, ses rapports avec la population locale se limitent au strict minimum.
Mon résumé est très volontairement interrogatif, car toutes ces questions je me les suis posées dans les premières pages, puisque comme à mon habitude, je n'ai pas lu la 4ème de couverture -ce n'est pas utile avec un livre signé Jigal, ils sont toujours bons. Thierry Brun construit son roman noir très habilement, parlant de faits ou de conséquences de faits dont le lecteur n'a aucune idée, créant ainsi une envie d'en savoir plus. Puis, par petites touches, il expose les événements et les raisons de l'isolement de Thomas s'expliquent. J'aime bien le procédé pourvu qu'il ne soit point trop tortueux, car il oblige à une certaine attention pour ne pas dire une attention certaine, empêchant totalement le lâchage du bouquin. La tension monte doucement mais sûrement, les incident s'enchaînent sans lien apparent entre eux, mais on n'est pas à l'abri d'être surpris.
La nature et les éléments forts : tempête, orages, pluies, ... les reliefs abîmés par les intempéries précédentes concourent à rendre le récit encore plus angoissant. La région paraît belle mais exigeante et semble être l'écrin idéal pour une histoire noire. Thierry Brun en fait un élément fort de son roman, les descriptions sont nombreuses. Et puis, il y a la femme, la fatale, celle qui va tout faire exploser, parce que l'homme est faible dès qu'une courte robe s'agite dans son environnement, c'est l'un des ingrédients inévitables du roman noir : "A près de 38 ans, dont trois passés derrière les barreaux, je ne voulais plus entendre parler de certaines choses. J'aspirais à la tranquillité. Je réclamais du silence, de la solitude et tout ce qui va avec : lire de bons bouquins, écouter un peu de musique classique, me lancer dans de raisonnables runs dans la montagne, couper du bois pour l'hiver, et celui-ci venu, profiter d'un feu, écrire quelques lignes, tenter de raconter mon histoire. M'occuper d'une dingue blessée ne rentrait pas dans mes plans. Les femmes ne m'intéressaient que dans un cadre purement sexuel. Socialement, pratiquement plus du tout. Il me semblait avoir épuisé toute la gamme des expériences possibles dans ce domaine. J'estimais que mon temps était précieux, même si je n'en faisais pas grand-chose." (p. 37)
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