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«Ce Nord maudit... Sous ce nom noir, Ies récits de Kazakov rassemblent des images éparse dans l'extrême septentrion d'Europe. Marins, pêcheurs, sur les chalutiers des mers glacées, étranges paysages où s'enfoncent fleuves et bras de mers, lacs... villes, ports, localités perdues... Ce livre est celui d'un envoûtement, l'envoûtement d'un Nord à la fois terrible, obsédant, et dont on ne peut se détacher. Où règne encore la hantise des dieux et de la légende ancienne, comme dans Le Kalevala, simple promenade avec de vieilles bonnes femmes qui font métier de maintenir la tradition du chant finnois, dans cette région où l'épopée de ce nom naquit et fut chantée. Ou bien ce sont les solitudes où l'on rencontrera des hommes comme ce père et ce fils, Nestor et Kir, l'ancien koulak et le jeune demeuré, et le vieil homme amer dira : La vie ? Elle est triste, il n'y a que nos noms pour nous faire rire... Car l'auteur de La Petite Gare poursuit cette entreprise de désacralisation, en un temps d'optimisme de commande. Il faudrait Ie montrer aussi bien dans Ies quelques histoires (Les Souliers roses, La Corde, En route) qui n'ont point part à la grande description entreprise d'une région des vents et des glaces. Elles semblent n'être là que pour donner sa mesure au paysage. Mais pour la bien comprendre, cette entreprise, c'est dans la nouvelle appelée proprement Ce Nord maudit, qu'il faut aller en ressentir le caractère profond. Nous sommes à Yalta, sur la Mer Noire, un pays de soleil et de fleurs, de villégiature et d'oisivité. Et voici que ceux-là qui maudissaient le Nord étouffent ici, et tournent leur âme vers ce pays maudit qu'ils ne songent plus qu'à rejoindre. Lisez bien ce qui a trait à la maison de Tchékhov, au souvenir de Tchékhov, et comprenez quelle convention refusée à chaque pas, perpétuellement, fait la dimension de l'oeuvre chez Kazakov. Avant de vous en retourner avec lui, dans la dernière partie du livre, le Journal du Nord, où sous la forme de Choses vues, l'écrivain s'arrache aux histoires contées pour n'être plus que celui qui laisse entrer en lui l'air des glaces, et qui nous transporte dans le domaine des oiseaux et des poissons, nous entraîne au pays des rennes et des Nénets, jusqu'en vue de cette presqu'île de Kola où il n'abordera point. Car Kazakov, c'est avant tout celui-là qui se promène à la limite de l'illimité.» Aragon.
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