Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Paris. Avril 2014. Une série de vols d'objets d'art a lieu dans les cimetières parisiens. La police est sur le coup mais, lors d'une nuit de planque, un policier se fait assassiner. Pas de témoins. Peu d'indices. Ses collègues présents sur place n'ont rien vu. Boris Le Guenn, chef de groupe de la B.A.C. au 36 quai des Orfèvres, est saisi de l'affaire. Malgré son manque d'effectifs et plusieurs enquêtes à gérer, il devra en plus faire face à la descente aux enfers d´un de ses hommes... Le temps passe. Les vols se multiplient, les crimes aussi et les pistes sont dérisoires. Boris Le Guenn et son équipe doivent mener à bien ces affaires, non sans danger pour eux, tant sur le plan professionnel que personnel. C´est un monde désenchanté, un monde dans lequel l'histoire ne se termine ni bien ni mal, elle se termine c'est tout. Certains flics boivent pour oublier, d'autres ont une démarche plus radicale, violente, imprévisible.
Burnout, nuits de planques et de filoches. Ça pue la clope, le sang et la sueur de ceux qui veillent sur la population. Ces flics, obsédés par leur boulot, à qui on demande de laisser au vestiaire leurs problèmes personnels, sont vite rattrapés par leurs démons et leur paquetage s'alourdit de quelques cauchemars...
Le mot de l'éditeur : Bienvenue au 36 quai des Orfèvres. Ambiance, jargon, procédures... tout y est parfaitement décrit, au point que vous aurez l´impression de faire partie de cette équipe de la B.A.C. dès les premières pages. L´auteur, Didier Fossey, a fait toute sa carrière dans la Police Nationale. Il mêle fiction et réalité avec talent. Burn-out met en lumière les nombreux problèmes du métier de policier. Ces hommes, ces maris, ces pères, sont souvent mal perçus par la population, incompris de leur hiérarchie. Quand leur métier prend toute la place, devient insupportable au quotidien et leur fait tout perdre, ils trouvent parfois en leur arme de service l´ultime solution... Un polar qui s'inscrit dans l'actualité.
Didier Fossey - auteur que je lis pour la première fois et que j'ai eu le plaisir de rencontrer sur un salon -, nous invite à passer un peu de temps avec une équipe de la crim' du 36 dirigée par le commandant Boris le Guenn. On découvre un groupe en sous-effectif, en surchauffe en raison du nombre d'enquêtes à mener de front et de la défection d'un de ses membres qui s'est mis de façon incompréhensible aux abonnés absents. Parmi les affaires en cours, l'une d'entre elles prend une importante particulière, un policier de la BAC de nuit ayant été tué lors d'une mission de surveillance en lien avec des cambriolages d'oeuvres d'art ornant les tombes du Père-Lachaise.
L'auteur ayant passé de nombreuses années au sein de la police nationale, le récit est particulièrement détaillé en ce qui concerne les procédures d'investigations et les relations inter-services. Il met surtout l'accent sur les problèmes qu'engendrent pour les policiers ce métier envahissant, sans horaires, et la dégradation de leur vie familiale qui en résulte. Lorsque l'un des leurs disparaît, en faisant son métier ou par suicide, c'est un cauchemar qui s'ajoute pour eux à une liste déjà bien fournie.
Le roman porte bien son titre, tant la tension est palpable tout au long d'une histoire dans laquelle l'humain prend le pas sur l'histoire policière. Il n'en reste pas moins une intrigue bien construite, admirablement servie par une écriture dynamique qui a maintenu mon intérêt jusqu'aux dernières pages.
c'est un polar d'une particulière intensité que l'auteur nous livre là... Fort de son expérience professionnelle dans la police, ce dernier nous entraîne à la fois au coeur d'une enquête particulièrement prenante, tout en braquant sa plume éclairante et clairvoyante sur la réalité du quotidien des forces de l'ordre, pour nous les montrer telles qu'elles sont... Et sans doute telles qu'on ne veut pas les voir... Mais je vais trop vite en besogne : Reprenons...
Ce polar, c'est tout d'abord une enquête bigrement réaliste, menée de main de maître par un auteur qui s'y connaît pour avoir lui-même consacré quelques années de sa vie à la BAC. D'une crédibilité à toute épreuve, le lecteur intègre ainsi volontiers le groupe pour mener l'enquête à ses côtés, comme s'il y était. Se laissant prendre et surprendre au fil des évènements qui le tiennent en haleine d'un bout à l'autre du roman, celui-ci ne voit pas le temps passer et arrive au dénouement en un rien de temps, tant ce bouquin se lit vite et bien.
Mais surtout ce polar nous révèle qu'un policier ne se résume pas à une arme ou un uniforme, c'est bien plus que cela. C'est un homme ou une femme, comme vous et moi... Un être humain fait de chair et de sang, doté d'un coeur avec des sentiments, avec ses forces et ses faiblesses, ses espoirs et ses désillusions... Une brigade de gens ordinaires, exerçant un métier rude et chronophage qui, le plus souvent, empiète sur leur vie personnelle au point parfois de l'envahir pour en faire un champ de ruines qu'il faut sans cesse reconstruire tant qu'on en a la force et le courage, la volonté aussi... Une profession qui s'exerce sous la pression et les contraintes venant de toutes parts et rendant la tâche toujours plus éprouvante... Voire même insurmontable... Difficile alors de ne pas voir son arme comme une échappatoire...
Et c'est sans doute là tout le talent de l'auteur : Bien loin d'accuser ou juger qui que ce soit, l'auteur n'est pas là pour désigner les responsables de cette bérézina mais se contente de nous la montrer, la constater pour prendre conscience d'une triste réalité : Nos forces de l'ordre sont en train de s'user à vouloir exercer correctement leur métier auquel ils sont le plus souvent dévoués corps et âmes au détriment de la famille ou de la santé. Alors on s'y attache, à nos personnages, on les voit avancer pour mieux reculer, on les voit évoluer bon gré mal gré, on les voit chuter puis se relever, souffrir puis serrer les dents pour se forcer à sourire... Alors on comprend, et on voudrait les aider pour rendre leur quotidien moins difficile et plus équilibré... Vaine utopie, seulement la vie est un challenge qu'il faut réaliser chaque jour...
Et parce qu'il sert son récit d'une plume fluide et sobre, d'un style efficace et adapté, d'un vocabulaire de circonstance, la lecture n'en est que plus crédible, plaisante, prenante et touchante.
[Lu en mars 2018 - Chronique complète sur mon blog]
En dehors de l'histoire principale, une intrigue policière bien menée mais qui ne vous tient pas en haleine non plus, il y a surtout l'histoire de ces hommes et femmes qui jour après jour font leur travail au détriment de leurs vies. Petit à petit, ce boulot empiète sur un quotidien, sur une vie familiale, sur la vie en dehors du commissariat. Sournoisement, il isole ces policiers tout en leurs mettant une grande pression. Pression pour accomplir une tache difficile, pression d'un entourage en manque de la personne aimée et pression par une hiérarchie de plus en plus exigeante. Comment ne pas craquer ! Ce roman, est un cri du cœur. Je ne pourrais dire si c'est réaliste ou pas, mais lorsque l'on regarde le nombre de suicide (55 pour l'année 2014 d'après le gouvernement) j'aurais tendance à y croire.
http://lesciblesdunelectriceavisee.blogspot.com/2015/08/burn-out-didier-fossey.html
Un polar hyper réaliste écrit par un ancien flic de la B.A.C parisienne, c'est dire si on est en compagnie d'un auteur bien renseigné. La police française, c'est beaucoup de sigles (expliqués en bas de pages), beaucoup de services aux diverses prérogatives, beaucoup d'hommes et de femmes même si le sous-effectif se fait cruellement sentir. Hormis l'enquête, fort intéressante au demeurant, Didier Fossey écrit la réalité des flics français : les heures infinies, les ouiquendes et vacances difficiles à prendre, les vies de familles qui partent en vrille parce que le travail empiète sur la vie privée, les conjoint(e)s et les enfants qui n'en peuvent plus de vivre seuls et les policiers qui ne s'en rendent pas forcément compte puisqu'ils ont toujours le nez dans le guidon. Lorsqu'ils prennent conscience que ce boulot leur a pris une partie de leur vie, il est souvent trop tard. Guillaume s'est fait largué, Boris Le Guenn est en difficulté avec Soizic son épouse, d'autres sont célibataires parce qu'ils n'ont pas voulu ou su s'engager dans une relation. La fiction de Didier Fossey l'est dans son intrigue mais les conditions de vie sont assez proches de celles qu'on peut nous décrire dans tels ou tels livre ou émission sérieux (une mention spéciale, hors concours, pour la personne d'Hélène Guillemin, commandant de gendarmerie, sans doute la plus fictive -voire rêvée- des intervenants du roman qui marquera durablement tout mâle lecteur, à moins que Didier Fossey n'ait rencontré dans sa vie une gendarme aussi... atypique et sexy).
L'écriture est directe, simple, rapide, la construction du roman itou : petits chapitres alternant les narrateurs, les points de vue, le lecteur avance plus vite que les enquêteurs puisqu'il sait quasiment tout des activités des gangsters et des flics. C'est un roman pas très long (290 pages) et très dense, rien n'est superflu, Didier Fossey va à l'essentiel, il détaille les procédures, cause hiérarchie et carrière sans que cela ne nuise au rythme ou à l'intérêt ; aucun passage n'est plus -ni moins- marquant qu'un autre d'où mon manque de citation (j'aurais pu citer la description de la commandant Guillemin, mais si j'insiste je vais passer pour un obsédé, alors je donne les pages, mais c'est tout : 229/230), l'écriture et la lecture sont égales de bout en bout donc, point de temps mort, un peu d'adrénaline sur la fin, comme tout polar qui se respecte et surtout, une envie folle de savoir ce que deviennent tous les protagonistes, voire de les retrouver pour d'autres enquêtes.
Un roman policier atypique parce que très proche de la réalité, très loin donc des polars "fantasmés". J'aime les deux genres, surtout lorsqu'ils sont servis par une belle maison d'édition indépendante comme celle qui édite Didier Fossey, Flamant noir.
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